Aurélien Roussel (Bricks) "Bricks espère lever entre 5 et 20 millions d'euros auprès de sa communauté"

La proptech française, qui propose d'investir dans l'immobilier locatif à partir de 10 euros, a besoin de renforcer ses fonds propres pour continuer à se développer.

Aurélien Roussel, head of operations de Bricks. © Bricks/WtJ

JDN. Depuis avril 2021, Bricks permet aux particulier d'investir de manière fractionnée dans l'immobilier. Comment vous êtes-vous financé jusque-là ?

Aurélien Roussel. On a réalisé une première levée de fonds de 700 000 euros en 2021 auprès de plusieurs business angels de prestige avec des profils comme Thibaud Elzière (eFounders) ou Jonathan Benhamou (PeopleDoc). Le modèle de Bricks nous a permis d'être rentable, voire extrêmement rentable dès le premier jour, ce qui fait qu'on n'a pas eu besoin de nouveaux apports jusque-là. On a un modèle qui se base sur l'innovation juridique et financière qui nous offre des marges suffisamment importantes pour se passer de fonds propres. Sans avoir levé plus d'un million d'euros, on fonctionne aujourd'hui avec une équipe de 35 personnes.

Pourquoi passer par une levée de fonds participative (lancée le 15 avril) et quel est votre objectif en termes de fonds levés ?

L'objectif premier est de valoriser notre communauté de 150 000 personnes, qui peuvent investir directement dans l'entreprise sous une forme novatrice. Pour cette levée on part sur un objectif de 5 millions d'euros, mais étant donné l'attractivité – 13 000 pré-inscriptions, on pense arriver facilement aux 20 millions d'euros.

Quelle est cette forme novatrice ?

Quand un investisseur place 100 euros dans Bricks, cela lui donne accès à un contrat de revenus futurs, dit de royalties. Par la suite, ce contrat va prendre de la valeur, de la même manière que l'entreprise, via l'augmentation de son parc locatif. L'ensemble des investisseurs à moins de 100 000 euros seront logés dans une holding (Communauté Bricks 2022, ndlr), qui elle-même possède des parts d'equity de Bricks.

Le contrat de royalties permet à chacun des investisseurs de sortir de son investissement en royalties equity sur la plateforme, ce qui offre une forme de liquidité à notre investisseur. Mais pour que ça marche, il faut bien entendu qu'il y ait un acheteur.

Quand un investisseur place 100 euros dans Bricks, cela lui donne accès à un contrat de revenus futurs, dit de royalties

A quoi serviront ces financements ?

Il y a une dimension RH. L'idée étant de recruter des profils seniors avec 10-15 ans d'expérience dans l'immobilier et l'investissement. Pour une jeune boîte comme Bricks, ça nécessite davantage d'argent qu'à l'accoutumé.

L'autre enjeu de cette levée de fonds, c'est le développement à l'international, avec trois cibles prioritaires. Il y a le Portugal, où Bricks est déjà implanté, et où on a des personnes sur place qui nous font remonter des immeubles qu'on mettra sur la plateforme en post levée de fonds. Aujourd'hui on est en plein process d'acquisition de deux biens à Porto. De la même manière, on a aussi des ambitions pour l'Espagne et la Belgique.

A côté de ça, on essaie aussi de se diversifier avec des investissements dans des retail parks et des immeubles AirBnb.  On compte également miser sur le développement de la partie tech en faisant entrer Bricks dans une blockchain d'ici 2023, avec l'idée d'attirer des profils d'investisseurs du Web 3.0 et favoriser la traçabilité et la sécurité des transactions de la plateforme. On a un objectif de 500 000 clients fin 2022, 1,5 M pour 2023 et on est assez sereins.

Vous voulez introduire Bricks en bourse d'ici sept ans, pourquoi un tel délai ?

Il faut se donner le temps de fournir un maximum de valeur à l'entreprise et que la capitalisation soit assez importante pour garantir le succès de notre entrée en bourse. Pour une boite dans l'immobilier comme nous, la valorisation dépend notamment des actifs qu'elle acquiert. Sept ans, ça nous donne une marge idéale de ce point de vue.  

Quelles sont les perspectives financières sur cette période ?

On vise une valorisation en dizaines de milliards, et dans notre secteur ça va très vite. Quand on sait qu'un immeuble à Paris, c'est de 100 à 500 millions d'euros, on aura vite fait d'atteindre notre objectif. On prévoit notre entrée en bourse sur ces montants là, tout en misant sur l'épargnant français à qui on propose des rendements attractifs. On a tendance à y croire quand on voit qu'on a vendu un immeuble de 1,6 million d'euros en 16 secondes. En espérant qu'on batte ce record très bientôt.

Quel est votre modèle de rémunération ?

On a 10% de commission sur le prix du bien mis en ligne, s'ajoute à cela 1% de frais de gestion (annualisé) sur chaque biens acquis. Le reste provient des frais d'achat des Bricks, à savoir que lorsqu'un acheteur acquiert une Brick auprès d'un revendeur, il va payer 3% de frais.