Tendances paiement 2024 : vers la simplification des parcours !

2023 a démontré la capacité des acteurs du paiement à se diversifier face aux évolutions des modes de consommation. 2024 viendra sans aucun doute confirmer la dynamique de l'écosystème du paiement.

L’année qui se termine a démontré la capacité des acteurs du paiement à se diversifier face aux évolutions des modes de consommation.

L’émergence du QR code, l’avènement des leviers d’attractivité autour du « Buy Now, Pay Later (BNPL) et l’importance de la stratégie de rentabilité des entreprises grâce aux paiements récurrents en sont de bons exemples.

2024 viendra sans aucun doute confirmer les efforts de l’écosystème du paiement pour rendre toujours plus performants, voire instantanés, les parcours de paiement. Ces efforts portent un double objectif côté marchand : une amélioration de la conversion avec une vision globale.

Dans cette dynamique, nous mettrons en lumière ici trois axes principaux qui, à notre sens, vont marquer l’année à venir : l’innovation, les changements côté réseaux cartes et les évolutions réglementaires.

Encore et toujours plus d’innovation

Au cœur de l’innovation en 2024, le paiement en mobilité. Beaucoup de solutions TaptoPhone permettant de s’affranchir d’un terminal de paiement ont vu le jour en 2023 pour répondre à des besoins de plus en plus pressants d’encaissement en mobilité. L’année prochaine, ces solutions devront passer par la certification MPoC pour sécuriser le « PIN on Glass » (i.e. le code PIN saisi à l’écran) et offrir une solution pérenne en remplacement ou en complément du TPE. En parallèle, le « PIN on Glass » devra gagner la confiance des acheteurs qui, pour payer, auront à saisir leur code PIN sur un smartphone et une application méconnue.

Côté moyens de paiement, la généralisation du QR code lié à une application mobile est en marche. En 2024, les moyens de paiement nationaux auront clairement pour objectif d’ouvrir l’acceptation au-delà de leurs frontières, s’affranchissant de la dépendance aux réseaux cartes pour leurs citoyens dans le cadre d’achats à l’étranger, à l’instar de Payconiq, BHIM-UPI, Alipay+, WechatPay, Twint, iDeal, MBWay… les plus avancés dans ce domaine. On le constate déjà, ces moyens de paiement alternatifs à la carte rencontrent un succès grandissant car ils proposent un autre choix possible que l’authentification 3D Secure, connue pour sa complexité et ses dysfonctionnements, tout en apportant un cadre sécurisé aux marchands avec des commissions moins élevées, un taux de conversion maximisé et un parcours simplifié pour l’acheteur. Ils ont donc de beaux jours devant eux !

Enfin, très attendu en Europe et plus particulièrement en France, le portefeuille électronique d’EPI (European Payments Initiative), récemment baptisé Wero, sera sans aucun doute scruté par tout l’écosystème, même si, pour sa 1ère sortie 2024, le périmètre de l’application sera uniquement du transfert d’argent entre particuliers.

Les évolutions des réseaux cartes à suivre

Cette année, Visa, Mastercard, Amex et CB ont imposé de grands changements dans la gestion des données cartes : leur mise à jour automatique. Ce changement s’appuie sur la tokenisation des données bancaires du titulaire de carte, en transformant la carte en un jeton numérique.  Ce jeton (network token) remplace la carte dans les autorisations et, en cas de mise à jour du support physique, seuls les 4 derniers chiffres de la nouvelle carte et sa date d’expiration sont mis à jour. Le paiement récurrent, le paiement one-clic s’en trouvent simplifiés.

Ces transactions « tokenisées » sont promises à un bel avenir selon une étude du cabinet Juniper Research réalisée en avril dernier, qui leur prévoit une croissance de 58% sur les 4 prochaines années au niveau mondial, dépassant la barre des 1000 milliards de transactions en 2026. Une tendance bien identifiée par Visa qui impose ses changements au pas de course : 90% des cartes en circulation se doivent d’être tokenisables en janvier prochain et les émetteurs français ont jusqu’en octobre 2024 pour générer 100% des tokens.

Ces modifications par Visa et Mastercard ne sont pas forcément au goût de tous, notamment pour la gestion du paiement récurrent, car elles impliquent tacitement un surcoût pour les émetteurs et les acquéreurs. Est-ce pour les réseaux cartes le signe d’une évolution stratégique autour des paiements récurrents pour palier à une perte de ressources financières due à la montée en puissance des moyens de paiements alternatifs ? Peut-être. D’ailleurs, en réponse au « request to pay », Visa a développé la « Demande d’autorisation en acceptation différée » pour permettre à l’acheteur de valider son paiement dans sa banque en ligne pour des règlements réguliers. Une nouveauté qui risque d’être rapidement imposée aux PSP (Payment Service Providers).

Sécuritaire et réglementaire, des avancées mais pas de révolution

Même si en 2024, il ne faut pas s’attendre à de grands bouleversements sur les plans sécuritaire et réglementaire, des avancées sont toutefois à prévoir.

Les certifications PCI DSS s’appuieront sur la version 4.0 de la norme qui prend désormais en compte les menaces telles que l’évolution des méthodes de phishing. Elle garantira la mise en œuvre de bonnes pratiques autour de la sécurité liée à ces nouvelles formes de cyberattaques.

La version 2.3 du 3D Secure devrait faciliter le parcours client sur une application mobile et ainsi limiter les abandons de paiement toujours importants sur mobile. Une évolution très attendue pour offrir une expérience d’authentification viable via l'application bancaire mais qui dépendra de la volonté des banques d’en faire une priorité.

Enfin, la DSP3 devrait de son côté porter l’espoir d’une API universelle pour l’initiation de paiement et ainsi corriger certaines difficultés (réconciliation bancaire, capacité d’annulation d’une session de paiement, IBAN payeur non obligatoire, meilleure intégration avec les applications bancaires …).

Même si un Wero à succès devrait phagocyter à terme cette solution de paiement !