Traite d'êtres humains : quand les banques peuvent briser les chaînes

Les banques jouent un rôle clé contre la traite des êtres humains en stoppant les flux illicites et en détectant les schémas suspects. Leur vigilance est cruciale pour éviter les victimes.

La traite des êtres humains touche environ 50 millions de personnes dans le monde, selon les derniers chiffres de l'Organisation internationale du travail (OIT). En 2023, 2 100 victimes de traite ou d’exploitation d’êtres humains ont été enregistrées par les services de police en France, soit une hausse de 6 % par rapport à 2022. Parmi les victimes, une sur cinq est mineure, et deux victimes sur trois sont des femmes. Dans ce contexte, et à l’occasion Journée de sensibilisation à la traite des êtres humains aux Etats-Unis, le 11 janvier, il est essentiel de comprendre comment les escroqueries liées à la traite des êtres humains prospèrent, ainsi que le rôle et la responsabilité des banques pour aider les victimes et identifier les trafiquants.

Les banques jouent un rôle clé contre la traite des êtres humains en stoppant les flux illicites et en détectant les schémas suspects. Leur vigilance peut transformer la lutte contre ce crime en justice pour les victimes.

La traite des êtres humains : une crise silencieuse

En entendant l'expression « traite des êtres humains », on pense à des adultes ou même à des enfants contraints à l'industrie du sexe ou à la servitude domestique. Mais la traite des êtres humains est plus large : des personnes ordinaires peuvent se retrouver piégées par des escroqueries, la coercition ou même la force brute. 

Face à l'incertitude financière, à la perte d'un emploi ou à aux dettes, certaines personnes sont suffisamment désespérées pour répondre à de fausses annonces ou offres d'emploi douteuses sur les réseaux sociaux. Ces scénarios ont un point commun : les victimes sont désireuses d'échapper à leur situation. Les personnes désespérées sont des proies faciles pour les escroqueries liées à la traite des êtres humains. 

L'essor du “dépeçage de porcs”

Les criminels exploitent toujours l'incertitude économique et le désir des gens d'avoir une vie meilleure à leur avantage. Les progrès technologiques n'ont fait que faciliter la tâche des criminels qui veulent tirer profit de l'achat et de la vente d'êtres humains. 

Le « dépeçage de porcs » (référence à l'engraissement d'un cochon avant de le tuer pour le manger) est le type d'escroquerie à la traite d’êtres humains le plus récent, utilisé pour recruter des victimes. Les escrocs établissent une relation de confiance avec leurs victimes avant de les encourager à télécharger une application d'investissement qui leur vole toutes leurs économies. Les autorités cambodgiennes ont récemment sauvé un groupe de personnes qui avaient été attirées dans ces opérations par des promesses d'emploi. Les victimes étaient forcées de travailler dans des centres d'escroquerie où elles incitaient d'autres personnes à participer à des escroqueries en matière d'investissement ou d'amour.

Un cri de ralliement pour les banques

Les banques et les institutions financières peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre la traite des êtres humains et le sauvetage des victimes en adoptant des pratiques rigoureuses de lutte contre le blanchiment d'argent. En agissant comme des gardiens financiers, les institutions financières peuvent arrêter le flux d'argent illégal dans le système financier, alerter les autorités pour qu'elles enquêtent sur des crimes potentiels de traite des êtres humains et avoir un impact positif sur la vie de personnes réelles.

La bonne nouvelle, c'est que de nombreuses banques assument déjà cette responsabilité éthique et morale. Des organisations telles que l'American Bankers Association ont lancé des ressources de formation destinées à apprendre au personnel des banques à identifier les signaux d'alerte et à prendre des mesures. Plusieurs approches peuvent être adoptées par les banques pour être proactives dans la lutte contre la traite d’êtres humains : 

Utiliser l'analyse visuelle des liens : Les banques peuvent utiliser la technologie pour découvrir des schémas liés au blanchiment d'argent et perturber les réseaux de trafiquants. 

Former les guichetiers à la lutte contre la traite d’êtres humains : Les banques doivent former leurs caissiers à comprendre et réagir aux signes indiquant qu'une personne pourrait être en danger ou victime de la traite des êtres humains, par exemple grâce à un service d'assistance téléphonique pour signaler les cas suspects.

Travailler avec les services de police : Les banques devraient avoir des lignes de communication ouvertes avec les forces de l'ordre. En cas de suspicion de traite d’êtres humains, la banque doit consulter ses contacts au sein de la police, qui travaille souvent avec des groupes de défense qui soutiennent les victimes et leur fournissent les ressources nécessaires pour sortir de leur situation.

Surveiller la géographie transactionnelle des clients : Les banques peuvent utiliser la technologie pour visualiser la chronologie et le lieu des transactions de leurs clients. En les analysant, elles peuvent déterminer si le comportement d'un client est habituel ou s'il constitue un signal d'alarme pour la traite d’êtres humains.

Utilisez les références croisées pour connaître vos clients : Les institutions financières peuvent comparer le comportement de leurs clients à celui qu'elles attendent d'eux. Par exemple, si le client est propriétaire d'une boulangerie locale et effectue plusieurs voyages à travers le pays, cela devrait éveiller les soupçons.

Mise à niveau de l'intégration et de la surveillance continus : Les criminels ont besoin d'un système bancaire légitime pour leur argent illégal. Les banques doivent être vigilantes pour les empêcher de s'installer et pour les expulser si leur niveau de risque change. Elles doivent collecter autant de données que possible à partir d'un ensemble de données internes et externes, afin de détecter les éventuelles activités aberrantes. 

En conclusion, le suivi de l'évolution du comportement du client d’une institution financière est essentiel pour lutter contre le blanchiment d'argent pour mettre fin à la traite des êtres humains. Il est essentiel que les banques associent leurs efforts pour lutter contre ces fléaux : en mettant en place les différents outils et datas dont elles disposent, elles peuvent faire une réelle différence dans la prévention de ce phénomène dangereux et global.