Les fintechs sont de retour en bourse : au tour des françaises ?

Les fintechs sont de retour en bourse : au tour des françaises ? Les succès en bourse récents de Circle, Chime et eToro pourraient donner des idées aux fintech tricolores. Mais il manque encore des exemples européens et français pour les inciter à rejoindre la cotation.

A peine arrivée et déjà une star de Wall Street. L'émetteur de stablecoins Circle visait une cotation de 7,2 milliards de dollars lors de son introduction en bourse le 5 juin ? Près d'un mois plus tard, l'entreprise américaine affiche une valorisation de 41 milliards de dollars (1er juillet). C'est peu dire qu'elle a réussi son IPO (pour l'instant). Outre Circle, d'autres fintechs ont également passé le cap de la bourse. La plateforme de trading israélienne eToro a fait son entrée au Nasdaq le 14 mai, la néobanque américaine Chime l'a rejointe le 12 juin. De son côté, le géant suédois du paiement fractionné Klarna avait déposé une demande d'IPO en mars avant de renoncer avec la hausse des tarifs douaniers.

Des signaux positifs

Bref, les fintechs semblent retrouver de l'intérêt pour la bourse et inversement. Existe-il une raison particulière à cela ? "Je me garde bien de toute généralisation. Il faut regarder les histoires de chacun", répond François Assada, associé KPMG et responsable du marché fintech. "On voit beaucoup d'IPO car il y en a eu peu ces dernières années. C'est tout simplement le cycle de la bourse", note Christophe Dolique, CEO de la fintech Lyf. "Le marché américain est vraiment chaud. Souvent, le mouvement commence aux Etats-Unis et se propage ensuite en Europe et en France", indique de son côté Bernard-Louis Roques, cofondateur de Truffle Capital.

Force est de constater que le mouvement ne s'est pas encore propagé en France. Younited, le spécialiste du crédit express, a réalisé son IPO en octobre. Mais depuis, les candidats ne se bousculent pas au portillon. Les entrées en bourse réussies de Circle, Chime et eToro (qui possèdent tous les trois une valorisation actuelle supérieure à leur objectif annoncé) pourraient elles donner des idées aux fintechs françaises ? "Ce sont des signaux très positifs", assure Christophe Dolique. "La fintech est en train de gagner ses lettres de noblesse. Ceux qui choisissent le chemin de la cotation sont récompensés", ajoute Bernard-Louis Roques.

Qonto et Swile candidats ?

Mais selon nos experts, les exemples de Circle, eToro et Chime sont des signaux positifs un peu lointains pour les fintechs tricolores. Le déclic pourrait en revanche arriver si des entreprises européennes sautaient le pas. Deux IPO sont particulièrement attendues : celle de Klarna (qui avait clairement annoncé son attention de rejoindre la cotation en mars) et celle de Revolut (dont les rumeurs d'introduction en bourse sont de plus en plus fréquentes). "Ces deux IPO seront scrutées de près en Europe. Elles pourraient donner le ton", prédit Bernard-Louis Roques. "Cela permettrait de connaître l'engouement des investisseurs et donner une idée sur les valorisations. Ce serait un vrai test pour la fintech en Europe car d'autres secteurs comme l'IA ou la greentech semblent plus à la mode", indique François Assada.

Au niveau français, quelles fintechs pourraient prétendre à un IPO dans un futur proche ? "Il faut construire un historique de rentabilité avant de se lancer. Swile (qui a annoncé être rentable en septembre 2024, ndlr) serait un bon candidat", selon François Assada. "Qonto peut également postuler", avance Bernard-Louis Roques. Preuve de la sensibilité du sujet, ces deux entreprises n'ont pas souhaité s'exprimer sur le sujet.

"Il faut construire un historique de rentabilité avant de se lancer. Swile serait un bon candidat"

En revanche, Spendesk a répondu à nos sollicitations. La licorne, qui a annoncé sa rentabilité ce 26 juin, a confié à travers son CEO Axel Demazy qu'une introduction en bourse ne rentrait pas dans ses plans "dans l'immédiat". Mais le dirigeant reconnaît que les dernières actualités sont encourageantes : "Les IPO de Chime et Circle ont connu un accueil remarquable. Le message aux autres acteurs du secteur est sans équivoque : la fenêtre d'opportunité pour la cotation s'est rouverte, et les fintech de qualité peuvent désormais prétendre à des valorisations attractives. Nous assistons à un véritable tournant pour l'ensemble du secteur".

Malgré tout, un frein persiste selon Axel Demazy : "La France souffre d'un déficit de success stories emblématiques en matière d'IPO fintech. Pour franchir un cap décisif, nous avons besoin de succès visibles. Des introductions réussies créeront un cercle vertueux et donneront de l'élan à l'ensemble de l'écosystème". Reste à savoir qui osera ouvrir la voie pour déclencher ce cercle vertueux.