Surcharge numérique : le revers de la digitalisation financière
La digitalisation de la fonction finance a été perçue comme une réponse aux défis d'efficacité et de performance.
Pourtant, elle révèle aujourd’hui une limite : la multiplication des outils mal intégrés qui freinent l’agilité et la productivité des organisations. Ce constat, partagé par une majorité de décideurs financiers, appelle une réflexion stratégique sur l’écosystème technologique des directions financières.
Des outils multiples qui fragmentent les processus
Selon une étude récente[1], les équipes financières françaises utilisent en moyenne six solutions différentes pour piloter leur activité quotidienne. Près de 40 % de ces outils sont mal, voire pas du tout, intégrés entre eux. Cette fragmentation technologique oblige les collaborateurs à jongler en permanence entre différentes interfaces, générant des pertes de temps et une complexité superflue. Chaque année, cela représente 135 heures consacrées à gérer des systèmes qui ne communiquent pas.
Au-delà du simple temps perdu, cette multiplication des outils crée un risque réel de désalignement entre les équipes. Différents services de l’entreprise peuvent finir par s’appuyer sur des sources de données antinomiques, entraînant des mauvaises prises de décisions et un manque de cohérence dans la planification financière. L’accès tardif ou parcellaire à des informations critiques freine la capacité d’une organisation à anticiper, à s’adapter et à prendre des décisions éclairées pour se développer et à rester compétitive.
L’intégration, clé de voûte pour exploiter le potentiel de l’IA
De nombreuses entreprises pensent pouvoir pallier cette fragmentation par l’utilisation de nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle (IA). Pourtant, sans une intégration fluide, ces solutions peuvent aggraver la surcharge numérique et pousser les équipes à se replier sur des outils manuels au lieu de libérer leur potentiel stratégique.
Quatre-vingt pour cent des équipes financières qui utilisent l’IA de manière intensive considèrent d’ailleurs qu’une intégration fluide est un critère déterminant dans le choix d’un outil. Ce chiffre chute à 62 % pour les utilisateurs occasionnels et à 47 % pour ceux qui n’y ont pas recours. Ces données illustrent à quel point un environnement technologique fragmenté peut limiter la capacité des entreprises à tirer pleinement parti des innovations comme l’IA.
Pour éviter cela et profiter pleinement des avantages de l’IA, de l’automatisation et de l’analyse en temps réel, les responsables financiers doivent s’assurer que leur écosystème numérique est connecté, transparent et conçu pour encourager la prise de décision rapide et basée sur des données fiables et justes.
Rationaliser l’écosystème technologique pour gagner en efficacité
La solution ne réside pas dans l’accumulation d’outils supplémentaires, mais dans une rationalisation réfléchie. Il s’agit d’évaluer le stack technologique existant, d’éliminer les redondances et de privilégier des solutions capables de s’intégrer nativement. Cette approche permet non seulement de fluidifier les processus, mais aussi de recentrer les équipes finance sur des missions à forte valeur ajoutée, loin des contraintes techniques.
Dans un environnement économique où la capacité à décider vite et juste est vitale, l’intégration des outils financiers devient un levier majeur de compétitivité. Les entreprises qui réussiront à construire un écosystème technologique cohérent ne gagneront pas seulement en efficacité opérationnelle : elles seront en capacité d’exploiter tout le potentiel des technologies émergentes, et de faire de leur équipe financière un moteur d’innovation
[1] Pleo, DAF & DG : réussir son année 2025