Paiement européen : banques et fintech, l'alliance stratégique pour la sécurité et l'innovation
Banques et fintechs construisent des paiements européens sûrs, inclusifs et responsables. Souveraineté, confiance et durabilité dessinent l'avenir.
L’Europe est au cœur d’une transformation profonde de ses moyens de paiement. Du paiement instantané au portefeuille digital européen, en passant par l’essor des paiements fractionnés ou en stablecoins, les initiatives publiques et privées se multiplient. L’objectif est clair : faire de l’innovation un levier de souveraineté en matière de paiements, tout en apportant des solutions concrètes aux besoins grandissants des consommateurs.
Cette diversité d’offres doit répondre à des standards de sécurité et de conformité toujours plus stricts. La rapidité est attendue, mais la sécurité est reine. C’est elle qui forge la confiance des consommateurs, clé de voûte de leur fidélisation. Une récente étude de Lyra le confirme : 71 % des Français placent la sécurité en tête de leurs critères de choix lors d’un paiement. Dans ce contexte, les acteurs traditionnels et les nouveaux entrants doivent travailler main dans la main. Banques et fintechs ont un défi partagé : créer un cadre où l’innovation peut émerger, tout en garantissant la conformité et la fiabilité.
La conformité : un défi partagé grâce à des partenariats complémentaires
L’enjeu de la conformité est souvent perçu comme une contrainte. Il est préférable d’y voir une formidable opportunité de collaboration. Les fintechs, avec leur agilité et leur esprit novateur, sont devenues de véritables accélérateurs de digitalisation pour leurs partenaires bancaires. Elles apportent rapidité d'exécution et fluidité des processus.
De leur côté, les banques traditionnelles incarnent l’expérience et la solidité en matière de régulation. Leurs systèmes éprouvés sont un gage de confiance pour les nouveaux acteurs. C’est une synergie essentielle, souvent facilitée par des plateformes BaaS (Banking-as-a-Service) ou des établissements de paiement ou de monnaie électronique, qui fournissent l'infrastructure technique à ces partenariats nécessaire pour intégrer des moyens de paiement nativement dans les parcours clients.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le coût de la conformité pour les institutions financières est estimé entre 5 et 10 % de leurs revenus, soit plus de 85 milliards de dollars par an dans la zone EMEA (LexisNexis, 2024).
Les directives européennes tracent le chemin. La DSP2 a déjà ouvert la voie à l’Open Banking et au paiement instantané, stimulant l’émergence de nouveaux services sécurisés. Avec la DSP3, la perspective est d’aller encore plus loin en faveur de l’interopérabilité, d’une expérience client améliorée et d’une sécurité renforcée. Parallèlement, la directive NIS 2 impose des exigences de cybersécurité fortes, soulignant l’importance cruciale du chiffrement des données et des plans de continuité d’activité. Ces évolutions réglementaires sont le socle sur lequel se construit un écosystème de paiement plus sûr et plus résilient pour l’Europe.
Innover pour une finance plus inclusive et responsable
Au-delà de la conformité et de la fluidité des parcours clients, ces collaborations entre fintechs et banques ouvrent la voie à des solutions financières véritablement innovantes, plus accessibles et socialement responsables.
Prenons l’exemple de Anytime, qui simplifie la gestion financière des professionnels et propose des solutions adaptées aux besoins des associations et fondations. En s’appuyant sur les API fournies par Treezor, Anytime réduit la friction et permet un accès plus facile à des services adaptés aux besoins spécifiques de ces acteurs sociaux. De telles approches permettent d’offrir la capacité de lancer des produits sur mesure, avec un time-to-market optimisé et une flexibilité maximale grâce à l’adoption des dernières technologies.
L’innovation ne s’arrête pas à l’efficacité. Elle embrasse aussi l’inclusion. Plus d’un million de personnes financièrement fragiles bénéficient de l’Offre spécifique Clientèle Fragile (OCF), selon les derniers chiffres publiés par l’Observatoire de l’inclusion bancaire auprès de la Banque de France. Certaines fintechs se sont associées aux banques pour émettre des cartes de paiement responsables ou des cartes favorisant la mobilité durable. Skipr et Betterway proposent par exemple des cartes qui permettent aux utilisateurs de payer directement pour des solutions de mobilité douce et une consommation responsable. Dans le même esprit, Lumo propose des financements participatifs pour investir dans les énergies renouvelables et la transition écologique.
L’accès aux services financiers pour les jeunes est un autre champ d’action prometteur. Des solutions comme Money Walkie ou Banxup en France et Bling en Allemagne permettent aux adolescents de gérer leur argent de poche de manière autonome et sécurisée, avec des outils de contrôle parental rassurants. C’est une façon de les initier à l’éducation financière tout en rendant les moyens de paiement plus inclusifs.
Face à ces tendances, l'enjeu pour tous les acteurs du secteur est d’accélérer cette synergie vertueuse entre banques et fintechs. C’est en cultivant cette complémentarité - l’agilité des uns, la solidité des autres - que pourront émerger des solutions sécurisées, accessibles et en phase avec les besoins de demain.
La diversité des talents, des perspectives et des approches est la plus grande force pour créer un écosystème de paiement à la fois robuste et agile en Europe. Un cadre réglementaire favorable mais exigeant pousse le secteur à l’excellence. C’est ainsi que l’Europe pourra non seulement renforcer sa souveraineté en matière de paiements, mais aussi promouvoir une finance plus responsable, tournée vers l’humain et la durabilité. C’est un chemin que de nombreux acteurs empruntent avec conviction.