Le paiement, moteur de compétitivité du marché français de l'énergie

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En 2025, les ménages français continuent de faire face à des coûts énergétiques élevés, tandis que les fournisseurs évoluent dans un environnement de plus en plus concurrentiel.

Les tarifs demeurent supérieurs à leur niveau d’avant crise, les changements de fournisseurs s’accélèrent et les impayés pèsent sur la trésorerie. Dans ce contexte, les paiements, souvent négligés, pourraient devenir un levier décisif pour réduire les coûts, limiter les impayés et renforcer la fidélité, transformant ainsi les paiements d’une tâche de back-office en un véritable moteur de compétitivité.

Des ménages sous pression

Selon une enquête récente (1), plus de 80 % des ménages français déclarent avoir vu leurs factures énergétiques augmenter, tandis que 68 % affirment avoir réduit d'autres dépenses comme leur budget vacances afin d'absorber ce surcoût. Le tarif réglementé de l'électricité a baissé de 15 % en début d'année, mais il reste 25 % plus élevé qu'en 2021 en raison de la hausse des coûts de production, de l'augmentation des taxes et de la fin du mécanisme ARENH (Accès Régulé à l'Électricité Nucléaire Historique), qui permet à tous les fournisseurs alternatifs de s'approvisionner en électricité auprès d’EDF dans des conditions fixées par les pouvoirs publics (2). De plus, 28 % des ménages ont des difficultés à payer leurs factures (3) et les interventions pour arriérés ont atteint 1,2 million € en 2024, marquant une augmentation de 23 % en un an, dont 937 000 réductions ou coupures d'électricité et 270 000 coupures de gaz (4). Dans ce contexte, les fournisseurs subissent une pression accrue. La fraude, en hausse, vient encore compliquer la situation : certains clients souscrivent des contrats avec de fausses coordonnées bancaires pour bénéficier d’électricité gratuite pendant la trêve hivernale. Cette pratique alourdit la charge administrative - manuelle et chronophage - liée au recouvrement des paiements et à la gestion des clients indélicats.

Un marché volatil et complexe

L'énergie est un secteur de matières premières des plus volatils. Les prix réagissent aux chocs mondiaux : conflits géopolitiques, perturbations des chaînes d'approvisionnement, ou encore conditions météorologiques extrêmes. Le prix du kilowattheure a plus que doublé en France depuis la libéralisation du marché en juillet 2007, passant de 0,1061 € en 2007 à 0,2516 € (TTC) en août 2024, soit une augmentation de 137,17 % (5). Les hausses de prix se sont accélérées depuis la crise du Covid et la guerre en Ukraine. Cette volatilité est aggravée par la complexité des structures de facturation, les fournisseurs gérant mensuellement des millions de transactions récurrentes, des ajustements fréquents de taxes et des variations saisonnières.

Les consommateurs, quant à eux, sont très sensibles aux prix. Une différence de quelques euros peut les inciter à changer de fournisseur et la concurrence renforce encore cet état de fait. Depuis la libéralisation de 2007, une trentaine d’acteurs ont fait leur apparition sur le marché aux côtés du trio historique EDF, Engie et TotalEnergies. Le Médiateur national de l'énergie note que plus de 70 % des consommateurs apprécient la simplicité et la gratuité de la procédure qui leur permet de changer de fournisseur et qu'en 2024, près d'un quart des clients contactés par un concurrent ont choisi de changer de prestataire (6). Soutenue par des offres sans engagement, cette dynamique entraîne du côté des fournisseurs des pertes de revenus ainsi qu’une augmentation du taux d’attrition et des coûts d’acquisition client.

Modernisation des paiements : simplifier et sécuriser l’expérience client

Face à ces enjeux, les acteurs peuvent se différencier grâce à l'expérience client, et les paiements représentent un point de contact stratégique. Le comportement des consommateurs français plaide également en faveur de la modernisation. Si dans l’hexagone les fournisseurs d'énergie sont légalement tenus de proposer des paiements par chèque et en espèces à leurs clients, des enquêtes confirment que nombre de consommateurs préfèrent les méthodes de paiement bancaires - comme le prélèvement automatique - pour les services récurrents, en raison de leur simplicité et de leur prévisibilité (7). Ces solutions ne nécessitent aucune intervention du payeur en dehors de la signature d'un mandat, et offrent une visibilité optimale sur les paiements, leur montant et les échéances. Associées à des fonctionnalités d’automatisation, elles préservent par ailleurs l’expérience client, même en cas d’échecs, grâce à un recouvrement automatique.

Données et paiements : un atout sous-exploité pour les fournisseurs d’énergie

Une enquête révèle que 68 % des grandes entreprises et 49 % des entreprises de taille moyenne prévoient d'investir dans leurs systèmes de paiement au cours des deux prochaines années (8). Pour les fournisseurs d'énergie, cet investissement est crucial compte tenu du volume élevé des paiements récurrents, de la complexité des structures de facturation et de l'importance de la prévention de la fraude. Les systèmes évolutifs et intégrés permettent non seulement de réduire les coûts, mais aussi d'offrir une visibilité en temps réel sur l'état des paiements, alliant ainsi efficacité opérationnelle et confiance des clients. Les données de paiement représentent également une source d'information sous-exploitée. En analysant les paiements échoués, les fournisseurs peuvent identifier les ménages présentant un risque de défaut de paiement plus élevé et adapter leurs stratégies d'accompagnement de manière proactive. Anticiper les impayés permet non seulement de protéger la trésorerie, mais également de réduire les procédures coûteuses liées aux coupures et aux reconnexions, qui constituent également des perturbations importantes pour le client. Dans un secteur où la continuité du service est à la fois une obligation légale et sociale, cette capacité de prédiction constitue un avantage opérationnel et réputationnel.

Ensemble, ces éléments soulignent l'importance stratégique des paiements dans le secteur énergétique français. Ils stabilisent les flux de trésorerie dans un marché volatil, réduisent les coûts cachés liés aux impayés et à la fraude, et améliorent la fidélité client dans un environnement hautement concurrentiel. En passant de processus fragmentés à des systèmes plus intégrés, fiables et transparents, la filière pourrait transformer la dimension paiement d'une source de risque en une source de résilience. Les paiements ont une incidence directe sur la satisfaction des clients, affectent leur taux de désabonnement et déterminent si les fournisseurs peuvent préserver leurs marges. Garantir la certitude et la prévisibilité n'est donc pas seulement une protection financière : c'est aussi une occasion de renforcer la confiance et de soutenir une croissance durable.

(1)Sondage sur le rapport des Français à leur facture énergétique – Volet 2 : Inflation et facture énergétique des Français, IFOP 2025 (Lien)

(2)Ministère de la Transition énergétique, 2025

(3)18ème édition du baromètre énergie-info, Le médiateur National de l'Énergie, 2024 (Lien)

(4)MNE - Hausse des interventions pour impayés de factures d’énergie en 2024, ONPE, 2024 (Lien)

(5)Connaissance des énergies (Lien)

(6)18ème édition du baromètre énergie-info, Le médiateur National de l'Énergie, 2024 (Lien)

(7)Selon le GoCardless Payer Report 2023, 46 % des clients préfèrent une forme de paiement bancaire comme le prélèvement automatique pour payer des produits et services récurrents

(8)GoCardless Payer Experience Report 2023