Firmin Zocchetto "PayFit n'envisage pas d'IPO pour les trois prochaines années"

A l'occasion des dix ans de PayFit, Firmin Zocchetto, CEO et cofondateur, revient sur le chemin parcouru par la licorne de la gestion de la paie et précise ses axes de développement.

JDN. PayFit a fêté ses dix ans en 2025. Quel est le principal accomplissement de l'entreprise ?

Firmin Zocchetto est cofondateur et CEO de PayFit. © Claire Jaillard

Firmin Zocchetto. Notre plus grande réussite est d'avoir réussi à construire un service qui change la vie de milliers de personnes au quotidien. Que ce soit dans une agence de communication parisienne ou dans un restaurant dans le fin fond de la Mayenne, je croise régulièrement des gens qui me remercient car PayFit leur simplifie leur travail au quotidien. En tant qu'entrepreneur, c'est quelque chose de génial à entendre.

Avec un peu de recul, qu'auriez-vous fait différemment ?

Quand j'ai fondé PayFit avec deux amis, j'avais 22 ans. C'est très jeune. Forcément, on a beaucoup appris et on aurait pu faire beaucoup de choses différemment. Si je dois retenir un élément, ce serait la gestion de l'expansion. On s'est lancé à l'international dès 2018 et assez vite on était présent dans cinq pays. Avec du recul, on aurait peut-être dû davantage séquencer l'ouverture des pays ou alors mieux les cibler. Aujourd'hui, on est dans trois pays (La France, l'Espagne et le Royaume-Uni, ndlr). C'est largement suffisant pour créer une belle boîte européenne. En France, on a 2% de parts de marché sur les TPE/PME, il reste des progrès à faire. On se développe vite mais on peut encore grandir sur nos trois marchés sans nous éparpiller.

PayFit avait annoncé viser la rentabilité pour 2026. A court-terme, c'est votre objectif principal ?

La rentabilité n'est pas notre objectif principal. C'est juste un point de passage. Le véritable objectif est de construire une entreprise à dimension européenne qui symbolise le succès de la tech française.

Dans la fintech, de nombreux acteurs construisent une super-app de services comptables et financiers. Est-ce que PayFit pourrait être tentée de rejoindre ce mouvement ?

Dans notre écosystème, il existe deux mondes : la finance et les ressources humaines. Au sein de la finance, c'est vrai qu'on observe des acteurs qui convergent les uns vers les autres et qui développent des logiciels tout en un. De notre côté, on évolue dans le monde des ressources humaines. On veut toucher à tout ce qui relève de la relation employeur/salarié mais on n'est pas tenté d'aller dans le monde de la finance. Créer une super-app dans les RH c'est déjà un sacré projet ! Il nous reste beaucoup à faire dans notre secteur. Rien qu'en France, on peut couvrir de nouvelles industries comme le monde agricole ou le BTP. Il existe encore des entreprises qui ne connaissent pas PayFit, même si elles sont de moins en moins nombreuses.

Début 2024, des rumeurs annonçaient que PayFit était à vendre. Vous aviez alors démenti ces rumeurs. Qu'en est-il aujourd'hui ?

Il n'y a aucun projet de revente à l'heure actuelle. Notre ambition est de continuer à développer la société en améliorant le produit et en profitant de la révolution technologique amenée par l'intelligence artificielle. Actuellement, une revente ne rentre pas dans nos plans.

Est-ce qu'une introduction en bourse pourrait, elle, rentrer dans vos plans à moyen terme ?

L'introduction en bourse constitue une option pour n'importe quelle entreprise tech qui grandit rapidement mais ce n'est pas quelque chose qu'on regarde. Nous n’envisageons pas d’IPO dans les trois prochaines années. Je pense qu'il existe de nombreuses boîtes tech françaises qui ont été créées avant PayFit, qui sont plus grosses que nous et qui se lanceront avant nous. Ces entreprises ouvriront la voie. Pour l'instant, l'écosystème manque d'exemple en termes d'introduction en bourse réussie.

Vous avez fondé PayFit il y a dix ans. Comment imaginez-vous l'entreprise dans dix ans ?

J'imagine une entreprise innovante, toujours aux côtés des entrepreneurs et des salariés. Tout le monde connaitra PayFit en France, on se sera développé à l'international et on servira des millions d'utilisateurs. La paie constituera toujours notre produit phare et PayFit sera un hub qui permettra de gérer tous les sujets RH au même endroit. Pour faire simple, j'imagine la même boîte qu'aujourd'hui mais en plus grande et avec plus d'impact.

En dix ans, quels sont les principaux changements que vous avez observés dans l'ensemble de la French tech ?

L'écosystème a changé, que ce soit en termes de levées de fonds, de talents, de nombre de boîtes matures. Il y a dix ans, peu d'entreprises avaient le potentiel de devenir une réussite française en peu de temps. Aujourd'hui, des entreprises de la French tech sont dans les 100 ou 200 meilleures de France et ça c'était impossible avant pour une start-up tech. Bien sûr, on n'est pas encore au niveau des Etats-Unis mais désormais, on arrive à créer des champions en peu de temps qui valent 10 ou 15 milliards d'euros.