Les 3 clés pour bien débuter son projet d'autoconsommation individuelle

Les 3 clés pour bien débuter son projet d'autoconsommation individuelle Depuis l'hiver dernier, de plus en plus de particuliers s'intéressent aux solutions d'autoconsommation pour réduire leur facture énergétique. Mais attention avant d'acheter une solution.

Réduire sa facture d'électricité et s'affranchir du réseau en installant des panneaux solaires est une idée qui séduit. Plus de 325 000 installations ont été recensées par Xerfi en juin 2023, contre moins de 40 000 cinq ans auparavant. "60% des Français aimeraient produire leur propre énergie, selon une étude que nous avons menée avec OpinionWay en octobre", indique Pierre-Emmanuel Roger, cofondateur et CTO chez Beem Energy, qui commercialise des kits de panneaux solaires plug&play connectés et équipe plus de 10 000 foyers. Les particuliers s'intéressent d'autant plus à l'autoconsommation, qui consiste à produire soi-même de l'énergie pour la consommer sur place, que des subventions de l'Etat sont proposées à cette fin.

Mais pour être sûr d'obtenir un retour d'investissement, il est nécessaire de bien préparer son projet. "Particulier ou professionnel doivent tout deux s'assurer de la rentabilité de ce qui est entrepris et, dans le solaire, la difficulté est le bon paramétrage des travaux", souligne Mickaël Pinto, DGA énergie et villes durables au sein du groupe international de conseil et d'ingénierie Egis. Pour y parvenir, il est nécessaire de prendre en compte trois critères.

Déterminer sa consommation

De nombreux particuliers ignorent combien ils consomment d'énergie et se contentent de payer leur facture. Mais pour savoir la taille des panneaux solaires à installer sur son toit, il faut connaître la puissance qu'elles vont devoir recouvrir. "Il faut une bonne vision des consommations pour déterminer à quel usage sera allouée l'énergie renouvelable", confirme Bastien Vaillant, consultant chez le cabinet Magellan Consulting.

"Pour comprendre les consommations, on ne peut pas se contenter de déclaratif"

Pour établir son profil de consommations, cela passe par la désagrégation de factures au fil des mois couplée aux relevés énergétiques par les objets connectés ou à l'utilisation de services dédiés, tel que l'outil de simulation de Beem Energy. "Pour comprendre les consommations, on ne peut pas se contenter de déclaratif. L'IoT est essentiel pour avoir des données réelles, en fonction de l'occupation et des habitudes dans le logement ou au bureau", estime Jean-Marc Vauguier, président de Z#bre, entreprise française de digitalisation des espaces de travail. Ce sont ces données qui vont dimensionner le projet.

Déterminer le potentiel solaire de son toit

Si tous les foyers peuvent s'équiper d'un panneau de 300 watts pour débuter, la taille exacte de l'équipement à acquérir doit correspondre au lieu et se projeter dans son évolution. "Il faut mettre en regard son exposition solaire, et donc sa capacité de production, avec sa volonté de s'équiper en véhicule électrique, d'avoir des enfants, ou son ambition de revendre de l'électricité sur le réseau d'EDF", prévient Pierre-Emmanuel Roger, chez Beem Energy.

La géo data-science permet de déterminer le potentiel solaire d'un toit. © NamR

La deep-tech française NamR mise sur les jumeaux numériques pour récupérer les informations d'exposition nécessaires pour un projet. "Nous avons réalisé le jumeau numérique de tous les bâtiments de France. Notre algorithme de computer vision permet de détecter, à partir d'une adresse fournie, la forme du toit, son azimut (c'est-à-dire son inclinaison) et si une cheminée ou un velux y est présent. C'est par la géo data-science que l'on peut indiquer où mettre des panneaux solaires et dans quel cas en obtenir le meilleur potentiel en fonction de l'ensoleillement", explique Chloé Clair, directrice générale de NamR. L'entreprise fait partie du réseau Datalliance lancé par l'IGN pour mettre les données au service de la transition énergétique.

Piloter ses équipements par IoT pour assurer la flexibilité du réseau

"Pour maximiser l'autoconsommation, il faut déclencher les appareils qui consomment beaucoup d'électricité, comme un ballon d'eau chaude ou une machine-à-laver, au moment où on la produit", met en avant Pierre-Emmanuel Roger. C'est dans cet usage que l'IoT a une carte à jouer. Un avis partagé au sein du syndicat de l'Industrie du génie numérique énergétique et sécuritaire, IGNES : "Il n'y a que l'IoT pour s'assurer que toute l'énergie produite sert à la consommation", assure Anne-Sophie Perrissin-Fabert, déléguée générale. L'entreprise Beem Energy mène des travaux de R&D pour favoriser ce pilotage intelligent des équipements de la maison. Et elle n'est pas la seule. Benjamin Colboc, CEO de l'éditeur Green Systèmes, plébiscite l'utilisation de "l'IoT et des algorithmes pour comprendre ce qui se passe sur le réseau en temps réel, et aligner la production en fonction de la météo et des besoins". De son côté, la start-up Mylight150, spécialisée dans l'autoconsommation solaire pour le résidentiel, a levé 100 millions d'euros en novembre dernier pour intégrer davantage les pompes à chaleur et les bornes de charge à sa solution de gestion de l'énergie.

L'autoconsommation ouvre ainsi de nouveaux champs de développement à l'IoT. "L'autoconsommation va changer le rapport que chacun entretient à son habitation", assure Thibault Le Treut, fondateur de la proptech française Check and Visit, qui, à partir du jumeau numérique des habitations destinés à la réalisation de l'état des lieux, construit un écosystème de données pour fournir une réponse personnalisée aux questions immobilières de ses clients. Un avis partagé par Jean-Marc Vauguier : "Cette pratique à laquelle est associée l'IoT n'est pas juste une réaction à une crise conjoncturelle, il s'agit d'une vraie rupture de modèle."