2024 : 5 tendances fortes en faveur du développement durable dans l'industrie

En 2024, plusieurs facteurs convergents vont inciter les industriels à être plus engagés dans une démarche de développement durable.

Le paysage économique mondial est marqué par un changement fondamental : la transition vers la durabilité. Les industriels n’ont d’autre choix que de repenser leur modèle économique et leurs pratiques. En 2024, plusieurs facteurs convergents vont inciter les industriels à être plus engagés dans cette démarche :

  • Les réglementations gouvernementales, telles que la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), qui imposent aux fabricants de réduire leur impact environnemental. Et la pression monte puisque 50 000 entreprises sont soumises aux exigences de la CSRD qui entre en vigueur cette année !
  • La pression des consommateurs, de plus en plus soucieux de l'environnement,
  • Les nouvelles technologies et la conception modulaire qui rendent la fabrication durable plus abordable et plus efficace.

Force est de constater que les entreprises multiplient les actions en faveur de la décarbonation. Ainsi, 66 % des entreprises du classement Fortune 500 se sont fixés des objectifs « zéro émission nette ». Cependant, ces engagements ne se traduisent pas encore par des actions concrètes. L'étude Net Zero Tracker a révélé que seuls 4%  de ces initiatives sont accompagnés d’une feuille de route précise compatible avec l’ambition de neutralité carbone.

En 2024, la CSRD devrait agir comme un catalyseur, les obligeant à revoir leur approche et redoubler d’efforts en matière de développement durable. Cette accélération est rendue possible par les progrès rapides des technologies numériques telles que l’intelligence artificielle (IA), l’IoT et le PLM. Les entreprises qui misent sur la transformation numérique et l'innovation seront bien armées pour s’arroger une part importante du marché, estimée à des milliards de dollars d’ici 2030.

La durabilité et la rentabilité vont de pair

Si la mise en œuvre de pratiques durables peut entraîner des coûts, les bénéfices à long terme sont généralement supérieurs. En effet, le développement durable peut contribuer à l’amélioration de la performance opérationnelle et financière, stimuler l'innovation, atténuer les risques et renforcer la compétitivité. En fait, selon McKinsey, "les entreprises qui réduisent simultanément leurs coûts et leurs émissions peuvent accroître leurs parts de marché et financer d'autres projets de décarbonation grâce aux liquidités supplémentaires générées ».

Grâce à l'accélération de la transformation numérique sur les trois dernières années, les fabricants de biens et d’équipements disposent désormais des outils nécessaires pour aligner leurs objectifs financiers sur leur stratégie de décarbonisation.

Par exemple, la conception générative réalise en quelques heures ou quelques jours ce que les concepteurs mettraient des semaines ou des mois à faire eux-mêmes, ouvrant ainsi la voie des possibles en matière de conception. En utilisant la conception générative combinée à la simulation 3D, Cummins, un fabricant de moteur diesel, a réussi à alléger des pièces de l’ordre de 10 à 15%, réduisant ainsi l’utilisation de matériaux, l’empreinte carbone et la charge financière.

La durabilité, clé de voûte de la conception des produits

Les décisions prises au cours du développement d’un produit ont un impact majeur sur l’environnement. En effet, plus de 80% de son empreinte environnementale est déterminée lors de cette phase.

Avec la CSRD, de nouveaux critères, tels que l'empreinte des matériaux, la capacité à réutiliser, à refabriquer et à recycler les composants, ainsi que l'efficacité énergétique, deviendront de plus en prégnants en phase de conception.

Les nouvelles technologies accompagnent les fabricants dans leurs objectifs de performance opérationnelle (en les aidant à accélérer le processus de conception et d’innovation par exemple), financière et environnementale. A l’aide d’outils de CAO et de PLM par exemple, ils sont en mesure de mieux évaluer l'impact environnemental des matériaux et des fournisseurs, de choisir les bons process de fabrication dès le départ, d’alléger les conceptions et d’effectuer des simulations en 3D. Ces dernières constituent d’ailleurs une solution pertinente pour vérifier et tester d’avantages d’options potentielles de conception, réduisant ainsi le besoin de prototypage physique. Au-delà de la réduction des coûts, ces technologies permettent d’améliorer la qualité des produits, de libérer et d’accélérer le potentiel d’innovation.

L'IoT, un levier de réduction des émissions industrielles

Bien qu’elles ne constituent généralement que 1 à 10% des émissions globales, les émissions industrielles n’en restent pas moins une priorité. L'IoT peut jouer un rôle essentiel dans l'optimisation de la consommation d’énergie, la réduction des déchets et l'amélioration de l'efficacité globale des équipements (OEE) des usines.

En 2024, la CSRD poussera les industriels à moderniser leurs usines en s’appuyant sur l’IoT. Ainsi grâce à des capteurs IoT, les industriels collectent des données en temps réel sur les processus de fabrication. Ils ont alors la capacité de calculer avec précision leur empreinte carbone et de se conformer aux réglementations. Bien d’autres bénéfices sont à leur portée dès lors qu’ils sont capables d’identifier les opérations les plus énergivores et de mettre en œuvre des stratégies d'optimisation pour réduire l'utilisation globale de l'énergie. CIMC, un des principaux fournisseurs de logistique et d'équipements énergétiques, a adopté cette stratégie avec succès. En s’appuyant sur un logiciel de gestion de l'énergie basé sur l'IoT, CIMC a réduit sa consommation d’énergie de 13%.  

Investissement dans l’éco-circularité et la conception modulaire

En 2024, les fabricants s’intéresseront ou intégreront des principes d’économie circulaire, notamment au travers de la conception modulaire. Stratégie à long terme, cette dernière se révèle très efficace pour décarboner les produits. Elle permet notamment de prolonger la durée de vie des produits, car les pièces et les composants peuvent être réutilisés et refabriqués et, de fait, de réduire les déchets et préserver les ressources naturelles. La modularité présente également des avantages pour l'efficacité, des équipements de l’usine par exemple, et de réduire les coûts liés à la diversité des produits de plus en plus personnalisés.

La technologie est la pierre angulaire de la conception modulaire. Les outils numériques seront plus que jamais nécessaires pour gérer la complexité en aval des processus de fabrication qui accompagne la modularité. Par exemple, les travailleurs de première ligne peuvent être équipés d'outils numériques qui fournissent des instructions de travail en 3D et filtrent automatiquement les instructions et les listes de pièces en fonction de leurs configurations sérialisées.

Un contexte propice à la servicisation

Une lame de fond est en train de modifier le business model de l’industrie manufacturière.  Son nom : la servicisation. Elle désigne la transition de la vente d’un produit à la vente d’une offre intégrée produit-services, voire à la vente de services uniquement.

Le passage à un tel modèle peut conduire à de multiples bénéfices, dont un flux de revenus récurrents et une meilleure relation client. Elle permet également de répondre au principe de la responsabilité élargie du producteur (REP) pour les biens de grande valeur inscrit dans la CSRD. En effet, la REP exige des fabricants qu'ils soient responsables de l'ensemble du cycle de vie de leurs produits, ce qui signifie qu'ils doivent trouver des moyens de réduire l'utilisation des matériaux, d'améliorer la réutilisation et la recyclabilité des produits et d’optimiser la gestion des déchets.

Le principe même de servicisation incite les fabricants à repenser leur stratégie de conception au profit de produits plus modulaires et réparables dans le but d’être en mesure de proposer ces services additionnels à forte valeur ajoutée, tels que la maintenance, le maintien en condition opérationnel ou la gestion du cycle de vie de ses produits.

Cette synergie entre les modèles de servicisation, l’éco-circularité et la prévisibilité des revenus constitue un véritable levier à disposition des industriels pour atteindre les objectifs de durabilité définis dans la CSRD. Certes beaucoup de progrès sont encore à faire pour une industrie manufacturière durable. Pour autant, l’avenir est plein d’espoirs.