Les 5 atouts du LoRaWAN qui expliquent l'engouement des collectivités

Les 5 atouts du LoRaWAN qui expliquent l'engouement des collectivités Que ce soit des initiatives des villes sur de la mobilité ou des projets départementaux ou régionaux sur l'optimisation énergétique, le réseau IoT LoRaWAN privé est de plus en plus déployé sur les territoires.

Un point commun réunit la commune de Noisy-le-Grand, la métropole de Montpellier et la région du Val de Loire : toutes déploient un réseau LoRaWAN privé pour connecter leurs objets connectés en ville. "Il y a un engouement des collectivités depuis près de deux ans, et plusieurs projets d'ampleur arrivent à terme", explique Guillaume Soulères, directeur de projet chez le cabinet de conseil de l'aménagement numérique du territoire Tactis. Un exemple avec le projet smart city "Connecte Châlons", entre l'agglomération, la ville de Châlons-en-Champagne et les deux collectivités de Fagnières et de Saint-Martin-sur-le-Pré : initié en 2019, il a officiellement débuté au 1er juillet 2023 et s'appuie notamment sur un réseau LoRaWAN pour moderniser différents services publics (lire notre article A Châlons-en-Champagne, l'hyperviseur élargit la smart city). Les membres d'Actility, entreprise française experte des réseaux LPWAN, voient de leur côté passer au moins deux appels d'offres par mois de syndicats numériques concernant des réseaux LoRaWAN. Plusieurs raisons expliquent l'essor de ce réseau IoT dans les collectivités.

#1 L'étendue des usages possibles

Les collectivités ont des impératifs de plus en plus marqués de durabilité et d'économies à la fois budgétaire et énergétiques. Une caractéristique intrinsèque à l'IoT, dont le but est d'optimiser des processus. Les projets IoT peuvent s'appliquer aussi bien à la détection de fuites d'eau, qu'à l'éclairage intelligent ou à la gestion de l'énergie des bâtiments, les trois usages les plus répandus selon l'Observatoire des territoires connectés et durables, publié par InfraNum. Et tous ces usages peuvent être déployés avec un seul réseau LoRaWAN. La mutualisation des usages est notamment ce qui a décidé la métropole de Tours à déployer un réseau LoRaWAN. "Notre projet phare concerne la télérelève des compteurs d'eau mais nous avons aussi sur ce réseau un projet d'éclairage intelligent", indique Véronique Chatain, directrice de la transformation numérique du territoire de Tours Métropole, lors de l'événement REX, Territoires connectés et durables organisé par la Banque des territoires et la  Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR). De même, la ville d'Istres à installer huit antennes LoRa et 1 300 capteurs pour une douzaine d'usages différents.

#2 La souveraineté de la solution

La maîtrise de la solution est un argument de poids qui fait pencher les collectivités vers des réseaux privés. "Les collectivités rechignent à dépendre d'un prestataire. Garantir la souveraineté de leur solution, en conservant la donnée dans leurs datacenters, les assure de la sécurité et de la réversibilité au cas où un offreur fasse défaut", souligne Eric Bertrand, consultant en stratégie technologique et transformation industrielle. Un avis partagé par Guillaume Soulères : "Les collectivités évitent les solutions avec un abonnement récurrent. Avoir leur réseau privé leur permet, par un seul investissement, de mener les expérimentations qu'elles souhaitent." D'autant que la technologie LoRa est réputée pour être simple à déployer.

#3 La durée de vie des capteurs

LoRaWAN est un protocole peu énergivore qui garantit une durée de vie des capteurs de plus de dix ans. Dans la gestion de l'eau par exemple, les compteurs sont installés pour 15 ans minimum. "Ce n'est pas sûr qu'en NB-IoT la durée de vie des solutions soit aussi longue, LoRaWAN est donc le choix tout indiqué", explique Pierre Clément, directeur technico-commercial chez la société d'ingénierie Nogema Technology. "Les collectivités ont eu le temps d'analyser sur le marché les usages viables et peuvent désormais adapter les projets IoT en fonction des besoins de leur territoire", souligne Anaïs Verderi, directrice commerciale chez l'opérateur Alsatis.

#4 La maturité de l'écosystème LoRaWAN

Le réseau LoRaWAN, né en 2012, bénéficie depuis douze ans d'un riche écosystème et il est opéré par 180 opérateurs dans le monde. "Pour un simple capteur de température en LoRa, il existe des dizaines de modèles sur le marché. Cela offre de la flexibilité aux projets et cela rassure les collectivités", constate Guillaume Soulères. Le prix de ces solutions au sein de l'écosystème fait également pencher la balance du côté des réseaux LoRaWAN privés. "Un module LoRa est dix à douze fois moins cher qu'un module 5G", indique Etienne Robert, directeur IoT & Interactive Solutions chez Orange Business Services. Le département de l'Aude par exemple a déboursé environ deux millions d'euros pour son projet, un budget accessible et rapidement rentable. "Si la télérelève de l'eau est incluse dans le projet, le ROI est quasiment assuré", soutient Guillaume Soulères. Et Eric Bertrand de compléter : "Face aux possibilités d'utilisation aux tarifs proposés, il y a peu d'autres alternatives."

#5 La fin de déploiement de la fibre

Du côté des départements, les syndicats numériques, dont l'objectif était de déployer la fibre sur leur territoire, voient leur mission arriver à terme et s'engagent dans l'IoT pour poursuivre le développement numérique de leur espace géographique. Une démarche menée par exemple par Essonne Numérique, Val d'Oise Numérique ou la Manche Numérique. Ces initiatives des départements favorisent la mutualisation de projets qui embarquent de petites collectivités.

80,8 millions de chips LoRa ont été commercialisés en 2023. © Alliance LoRa

Ces arguments devraient encore encourager le développement de réseaux privés en LoRaWAN sur les territoires. Semtech a commercialisé dans le monde plus de 370 millions de puces et six millions de gateway depuis 2013, l'entreprise s'attend à une croissance de 19,5% entre 2022 et 2027 (voir graphique ci-contre). Un avis partagé par Anaïs Verderi d'Alsatis : "Les réseaux privés en LoRaWAN sont encore minoritaires dans notre chiffre d'affaires mais l'offre reste récente et nous nous attendons à ce que cette activité prenne une part croissance." "Par exemple dans la télérelève des compteurs d'eau, nous sommes dans une phase où l'on passe du suivi des consommations pour de la facture à l'analyse de la ressource par l'exploitation de la donnée. Les projets vont se développer pour apporter de nouveaux services", prévoit Antonio Rodrigues, directeur des ventes adjoint chez Diehl Metering.

Pour Eric Bertrand, le point d'attention majeur que doivent surveiller les collectivités concerne le devenir de LoRaWAN, mais le réseau a encore de beaux jours devant lui : en France, Orange confirme continuer à opérer son réseau au-delà de 2027 et l'écosystème continue de s'enrichir. A titre d'exemple, le fournisseur français Overkiz, dans la smart home et le smart building, prévoit d'ajouter des offres en LoRaWAN à son portefeuille. La technologie elle-même ne cesse de s'enrichir : LoRa est désormais compatible avec l'IoT satellitaire et le fournisseur ChipSelect développe les prochaines générations de puces LoRaWAN et Zigbee, et un chip utilisant à la fois le 868 MHz et le 2,4 GHz.