1,62 : ce chiffre est le plus grand danger qui menace la France et l'Europe, les démographes le suivent de près

1,62 : ce chiffre est le plus grand danger qui menace la France et l'Europe, les démographes le suivent de près Une tendance silencieuse menace les fondements économiques de l'Europe et oblige les pays à s'adapter.

Depuis des années, l'Europe fait face à un défi structurel qui pourrait la transformer durablement. Sans adaptation, une évolution silencieuse entraînera une réduction de la population active, une diminution de la croissance économique, voire une remise en cause du modèle social.

Malgré les implications profondes de ce phénomène, la prise de conscience collective reste limitée : un sondage Elabe, commandé par Les Echos, révèle que seulement 20 % des Français perçoivent cette évolution comme un problème majeur. La menace ? La baisse de la natalité.

Depuis plus de dix ans, le nombre de naissances en France chute. L'indice de fécondité est tombé à 1,62 enfant par femme, très loin des 2,03 enfants par femme en 2010.

"À court terme, les effets économiques d'une baisse de la natalité sont relativement faibles. Ils se manifestent principalement par une légère diminution de la consommation des ménages", affirme Kevin Genna, docteur en économie d'Aix-Marseille School of Economics. "En revanche, sur le long terme, la baisse de la natalité induit une réduction de la population active, ce qui pose un sérieux problème pour le financement de notre modèle social", poursuit l'économiste.

Pourquoi ? Parce qu'en France, "le financement des retraites repose aujourd'hui très largement sur les cotisations sociales issues du travail. Une baisse de la population active signifie donc automatiquement une baisse du nombre de cotisants."

Le seuil de renouvellement des générations se situe à environ 2,05 enfants par femme dans les pays développés. "Ce chiffre permet de maintenir une population stable en l'absence de migrations. Depuis quelques années, la France s'éloigne de ce seuil critique". La situation est encore plus préoccupante chez nos voisins européens : l'Italie affiche un taux de 1,2 enfant par femme ; l'Espagne 1,12 ; l'Allemagne 1,39.

Face à cette situation, différentes stratégies émergent. "L'Allemagne a massivement eu recours à l'immigration pour maintenir sa population active, en accueillant environ un million de nouveaux arrivants. Elle a également réformé son système de retraite". Le Japon a fait un choix différent : le pays a choisi de miser massivement sur la robotisation. "Nous n'avons pas assez de recul pour mesurer l'impact de cette stratégie", confie Kevin Genna.

Démographes et spécialistes ce sont penchés sur le sujet. En France, les difficultés économiques constituent le facteur principal qui explique la baisse de la natalité mais plusieurs pistes pourraient faire rebondir la natalité. L'accès au logement, l'amélioration du pouvoir d'achat, la réduction des inégalités hommes-femmes et l'adaptation des politiques familiales constituent des leviers d'action prioritaires.

D'après le cercle des économistes, une hausse des dépenses en faveur des familles de 30% en France induirait sur le long terme une hausse de la fécondité de 0,15 enfant par femme.

Il faut toutefois nuancer le pessimisme ambiant. "La baisse de fécondité n'est pas irréversible", rappelle Kevin Genna. "Historiquement, la France a déjà connu une baisse de la fécondité dans les années 1980, après les chocs pétroliers. À cette époque, l'indicateur était tombé à environ 1,6 enfant par femme, mais il est remonté progressivement pour atteindre 2 en 2010."