WhatsApp, Signal, Messenger… Cette nouvelle loi veut scanner tous vos messages privés

WhatsApp, Signal, Messenger… Cette nouvelle loi veut scanner tous vos messages privés Si cette loi vient à entrer en vigueur, toutes vos communications privées pourraient être surveillées, impactant directement votre vie privée.

Vous ne serez peut-être bientôt plus la seule personne à pouvoir consulter vos messages privés. Souhaitant accélérer la lutte contre la pédopornographie, l'Union européenne veut se donner les moyens de détecter plus rapidement les contenus à caractère sexuel visant des enfants. Si la loi CSAR (Child Sexual Abuse Regulation), également baptisée Chat Control, entre en vigueur, tous les fournisseurs de messageries seront obligés par Bruxelles d'être en capacité de scanner tous les messages privés.

Concrètement, toutes les applications de messagerie les plus utilisées, de WhatsApp à Signal en passant par iMessage ou encore Facebook Messenger seraient concernées. Qu'il s'agisse de texte, de photo, de vidéo ou encore de fichier, aucun message n'échappera aux scans voulues par Bruxelles. Pour y parvenir, le texte européen contraint les services de messagerie à installer des modules dans leurs applications pour analyser les contenus et donc détecter des contenus illicites. Les forces de l'ordre pourraient ainsi surveiller les pédocriminels plus facilement.

La Commission européenne avait présenté une première version du texte en mai 2022. A l'époque, la possibilité d'obliger les services de messagerie à être en capacité de scanner les messageries n'était pas soumise à un contrôle judiciaire, ce qui a fortement déplu au Parlement européen. De nombreux amendements ont été ajoutés à la première version de la loi et aujourd'hui, l'ordre doit être émis par le Centre de l'Union Européenne pour la prévention et la lutte contre les abus sexuels sur les enfants, sous la supervision d'un juge.

Cette loi est particulièrement critiquée. Ses opposants affirment qu'elle est en contradiction avec les droits fondamentaux. "Si le but de lutter contre les abus sexuels des enfants en ligne est crucial, cette proposition ne remplit pas les objectifs annoncés, et elle aura au contraire des effets désastreux en termes de droits fondamentaux et de respect de la vie privée, notamment des enfants victimes", estime David Cormand, député européen membre du groupe Europe-Ecologie. La crainte est également que des gouvernements autoritaires puissent s'appuyer sur cette disposition pour créer des mesures encore plus répressives.

De plus, l'efficacité même du système est mise en doute. "Les scanners automatisés identifient régulièrement à tort du contenu innocent comme étant illégal, par exemple des photos de vacances ou des plaisanteries privées, mettant des gens ordinaires en situation de devenir la cible de fausses accusations", explique le collectif Fight Chat Control qui ajoute : " Les experts en protection de l'enfance et les agences, y compris l'ONU, alertent sur le fait que la surveillance de masse ne parvient pas à prévenir les abus et ne protège pas les enfants de façon efficace."

Les états membres de l'Union européenne sont divisés sur le texte. 14 pays y sont favorables et 9 pays y sont fermement opposés. Le gouvernement français soutient le texte mais de nombreux eurodéputés français, notamment au Rassemblement National et à La France Insoumise y sont farouchement opposés. La Grèce, l'Allemagne, la Roumanie et la Slovénie restent indécis pour le moment. La loi doit être votée au Conseil de l'Union Européenne le 14 octobre prochain. Faut-il renoncer à une partie de votre vie privée pour lutter contre la pédocriminalité ? Le débat fait rage.