Un ouragan tropical pourrait ravager la Corse : la période à risque approche

Charles Desthieux

Un ouragan tropical pourrait ravager la Corse : la période à risque approche Au cours des dernières années, climatologues et météorologues ont intensifié leurs recherches sur une catégorie de cyclones rares.

C’est un événement météorologique redouté qui touche régulièrement le pourtour méditerranéen : le médicane. Cette tempête, dont le nom est la contraction des termes anglais Mediterranean hurricanes (littéralement : ouragan méditerranéen), apparaît une à deux fois par an, particulièrement à l'automne et en hiver.

C’est que ce phénomène complexe prend de l'ampleur grâce à la chaleur qui s’est accumulée tout l'été dans les eaux de surface de la Méditerranée. Résultat : un déluge qui tombe du ciel. Précisément, un médicane résulte de la transformation d'un cyclone méditerranéen “ordinaire” en un système tropical, grâce à une combinaison de facteurs environnementaux intenses, résume la revue Méditerranée, journal scientifique.

“Ces medicanes présentent des caractéristiques visuelles similaires à celles des tempêtes tropicales et ont été associés à des conditions météorologiques extrêmes, notamment des tempêtes de vent et des pluies torrentielles entraînant des inondations dévastatrices”, détaille une étude de l’université de Genève parue dans Science, revue scientifique de renom.

Vu du ciel, un médicane se caractérise par l'œil qui se forme en son centre et où les vents se calment et le bleu du ciel réapparaît. Autour de l'œil, la pluie et les rafales de vent se déchaînent à nouveau. En France, une région est particulièrement exposée : la Corse. Entre 1979 et 2020, sur les 103 inondations destructrices recensées en Corse, 28 (soit 27,2 %) peuvent être attribuées à des cyclones méditerranéens (dont 6 classés comme medicanes). C’est que l'île de Beauté se trouve dans l’une des régions du bassin méditerranéen les plus exposées aux cyclones, la mer Méditerranée occidentale étant particulièrement propice à l'apparition de médicanes.

Ces phénomènes sont moins connus et donc moins étudiés que les ouragans survolant l'Atlantique et la côte américaine, estime l’étude de la revue Science. Il faut aussi dire que ces cyclones sont “plus faibles, plus petits et de plus courte durée que leurs homologues tropicaux” précise l’étude. S’ils sont bien moins puissants que leur cousin américain, les médicanes n’en restent pas moins dévastateurs. En 2023, la tempête Daniel avait ravagé la Libye : au moins 5 000 morts, 22% de la population libyenne directement affectée et des pertes estimées à 1,8 milliard de dollars.

Avec le changement climatique, les médicanes deviendront de plus en plus puissants, à cause notamment de l'augmentation projetée de la température à la surface de la mer. Mais les médicanes pourraient dans le même temps diminuer en nombre, même si cette estimation est toujours sujette à débat.