L’économie bleue : entre écologie industrielle et biomimétisme

Le 8 mai 2014, la Commission européenne présentait un plan d’action pour l’innovation dans l’économie bleue. L’objectif : stimuler la croissance bleue tout en préservant les milieux marins.

Biotechnologie, pêche, transport, énergies renouvelables et tourisme sont les secteurs en mer qui représenteraient 5 millions d’emplois et pourraient attendre 7 millions d’ici 2020. Construire un nouveau modèle économique grâce à l’environnement, voilà tout l’enjeu de l’économie bleue.

Réussir la transition vers la société du XXIème siècle

L’économie bleue est un concept que l’on doit à l’entrepreneur belge Gunter Pauli. Militant dès la première heure pour des solutions industrielles moins polluantes, le président d’Ecover explique : « Le bleu s’oppose à la couleur rouge, symbole de l’industrie et au vert du développement durable. C’est aussi la couleur qui représente le mieux notre environnement : en effet, le ciel est bleu, les océans sont bleus et notre Planète, vue du ciel, est elle aussi bleue ».
S’inspirer du système climatique des termitières, purifier l'eau en reproduisant le mouvement perpétuel des rivières, cultiver des champignons dans les rebuts du café. Pour Gunter Pauli, l’avenir de l’humanité se dissimulerait dans les rayures de zèbres et la soie des araignées. Depuis 2012, le secteur a vu naître 2 000 entreprises, pour un total de 50 000 à 60 000 emplois. Un début prometteur pour ce spécialiste de l’économie bio, très critique à l'égard du développement durable : « Dans l'économie verte, il faut beaucoup d'argent pour faire, non pas le bien, mais le moindre mal. Ce n'est pas sérieux ».
Rejetant le pessimisme ambiant, M. Pauli cherche à dessiner une autre vision, plus enthousiaste, du progrès et de la croissance : « économie circulaire », « transition énergétique » ou « co-révolutions ». Une identité écologiste qui vante les mérites des « ateliers d’innovation communautaires », de la « voiture open source » et des « baleines électriques » - l’organisme de la baleine générant sa propre électricité.

L’UE se tourne vers les énergies renouvelables marines

La Commission européenne présente un plan d’action pour l’innovation dans l’économie bleue, afin de permettre une utilisation durable des ressources marines et de stimuler la croissance et l’emploi en Europe. La priorité de ce nouveau plan est d'accroître les connaissances de ce milieu méconnu.
Une carte numérique de l'ensemble des fonds marins européens sera réalisée d'ici 2020. Selon la Commission, « environ 30 % des fonds marins entourant l'Europe n'ont pas encore été étudiés.
Ce pourcentage varie de 5 % pour le golfe de Gascogne et les côtes ibériques à plus de 40 % pour la mer du Nord ainsi que la Méditerranée centrale et la mer Ionienne ».
Une plate-forme d'information en ligne sera lancée avant fin 2015, afin de coordonner les projets de recherche marine. Celle-ci devrait recenser et présenter les résultats des projets menés dans le cadre du programme européen de recherche Horizon 2020 et des projets financés par les Etats membres.
La Commission souhaite aussi développer le dialogue entre les parties prenantes, afin d'identifier les atouts et les freins au développement de l'économie bleue. Ainsi, un forum des entreprises et des sciences sera créé, « au sein duquel le secteur privé, les scientifiques et les ONG contribueront à façonner l'économie bleue de l'avenir et partageront leurs idées et les résultats obtenus ».
Une première réunion de ce forum est prévue à l'occasion de la Journée maritime européenne 2015, en Grèce. La Commission souhaite « encourager les acteurs du monde de la recherche, de l'entreprise et de l'éducation à définir, d'ici 2016, les besoins et les compétences pour la main-d'œuvre de demain dans le secteur maritime ». Pour le seul secteur de l'éolien en mer, l'UE estime le potentiel d'emplois supplémentaires à 131 000 travailleurs d'ici 2020 et craint une « pénurie de compétences ». En janvier dernier, la Commission lançait d'ailleurs un plan d'action spécifique au développement des énergies renouvelables marines.