Data gouvernance, le nouveau mantra des Comex

Présentée comme le carburant de la croissance économique, la data est désormais au coeur des stratégies d’entreprises.

Toutes les directions, au sein de grands groupes comme des ETI et PME, s'accordent pour dire qu’une donnée de qualité est essentielle au bon fonctionnement de leur activité. Reste que la majorité de ces organisations n'a pas encore défini de "code de la route" de sa data, pourtant indispensable. Le sujet de la data gouvernance s’invite donc au plus haut sommet de l’entreprise.
Data gouvernance : arbitrage des luttes d'influence ou sécurisation d'un actif clef ?

Après les problématiques de stratégie, de collecte, ou encore de qualité, la data gouvernance apparaît comme le nouveau défi à relever autour de la donnée. Une data gouvernance représente le cadre, défini par l’entreprise, qui permet de garantir la qualité, l’utilisation et la sécurité des données clés via la construction d’une stratégie de gestion des données. Elle définit les rôles et responsabilités des parties prenantes pour déployer cette stratégie, ainsi que la mise en oeuvre des processus et le déploiement des outils qui gèrent et mesurent les résultats dans le temps.

Actif industriel indéniable, les entreprises peuvent en retirer 3 avantages principaux : optimisation, grâce à une prise de décision facilitée du fait d’une clarification des responsabilités, d’une meilleure connaissance et qualité des données à disposition ; rationalisation des coûts opérationnels, via la construction de processus simples et standardisés ;conformité avec les exigences réglementaires sur le traitement des données personnelles.

L'expérience montre que le sujet de la data gouvernance peut émerger à différents niveaux de l’entreprise, en particulier lorsque plusieurs directions doivent travailler ensemble sur des projets stratégiques (Data Lake, connaissance client, conformité RGPD). D’où qu’il vienne, il est primordial de traiter le sujet d'un point de vue business et technique, de l'adresser à l'échelle de l'entreprise et de le faire sponsoriser directement par un membre du Comité de direction, afin d’asseoir sa légitimité.

Les 3 facteurs clés de la réussite : la méthode, la méthode, la méthode

La complexité de la mise en place d'une data gouvernance au sein des entreprises vient bien souvent de l'ampleur des sujets qui gravitent autour d’elle. L’important est donc de savoir par où commencer. 

Par la constitution d’une cartographie globale des données et des solutions, qui  doit constituer un chantier prioritaire. Il s’agit d’identifier les assets clés de l’entreprise qui doit et devra se saisir des sujets data pour adapter son business model et le piloter plus efficacement. Par ailleurs, il s’agit également d’une obligation légale depuis 2018 pour les données à caractère personnel.

Ensuite, il est crucial de formaliser des règles de bonne conduite relatives à la donnée sur l’ensemble de la chaîne de valeur : collecte, traitement, analyse, reporting, stockage... Il s’agit de clarifier les droits et devoirs de chacun, d’éduquer à l’utilisation des bons outils en fonction de ses objectifs et de permettre à tous de traiter la donnée en conformité avec les réglementations existantes. 

On pourra enfin s’engager dans une stratégie dite « des petits pas », afin de rendre le changement visible pour les collaborateurs par l'implémentation d'actions concrètes. Accompagner systématiquement les projets data dès les phases de cadrage via une équipe transverse (métier, IT, juridique) peut se révéler une solution rapide et efficace pour éviter les projets en doublons, non conformes aux principes de gouvernance, tout en impulsant la direction à suivre dès le départ.

Embarquer les équipes pour passer d'un projet ComEx à une culture assumée 

De nombreux nouveaux rôles émergent aujourd’hui autour de l'usage de la data et impliquent que les standards de recrutements soient définis et mis à jour par les équipes RH. L’intégration de profils qualifiés est clé dans la réussite d’un tel projet, tout comme l’accompagnement des prises de postes pour comprendre les écosystèmes existants, identifier les priorités et définir les feuilles de route.

Enfin, la mise en place d’une politique de data gouvernance doit être suivie dans le temps et à plusieurs niveaux pour véritablement libérer la culture de la donnée à l’échelle de l’organisation. La complexité et la durée de ce type de programme rendent capital l’évangélisation des sujets data pour une compréhension et une adhésion par les collaborateurs. Communication visuelle, tableaux de bord, meet-ups, partage des tests et expérimentations, remontée d’informations dans les comités opérationnels et stratégiques... De nombreuses manières d'embarquer les collaborateurs existent. A l’entreprise de choisir celle qui correspond le mieux à sa culture.

On l’aura compris, un projet de data gouvernance, s’il doit être porté par la direction, concerne l’ensemble des collaborateurs et tous doivent se sentir impliqués pour permettre à l’entreprise d’en retirer le meilleur.