Maitrise des données en entreprise : c'est aux dirigeants de donner l'exemple et mettre en application leurs propres recommandations

A l'ère du numérique, l'un des plus grands défis pour les organisations n'est pas de recueillir des données, mais de les transformer en enseignements exploitables. Dans cette perspective, les dirigeants doivent montrer l'exemple.

Quiconque ayant passé plus de cinq minutes sur LinkedIn est forcément tombé sur un post "inspirant" sur le leadership. En général, ce dernier part d’un événement quelconque pour en tirer un enseignement sur la façon de diriger. Cependant, il y a toujours une part de vérité enfouie dans cet exercice d’auto-promotion. L'une de celle qui ressort le plus régulièrement c’est la distinction entre le manager et le leader. Les mots associés au premier sont, la plupart du temps des mots tels que "diriger", "édicter" ou encore "exiger" ; quant au second, il s’agit plutôt de "coacher", "démontrer" et "conseiller". L’impression générale serait qu'un manager obtient des résultats en contrôlant, tandis que pour le leader ce serait davantage en guidant.

C’est une façon de contourner le sujet ! En effet, les dirigeants devraient, avant tout, donner l'exemple par leurs actions et leur mode de fonctionnement, plutôt qu’en se contentant de dire aux collaborateurs ce qu'ils doivent faire. C'est un élément essentiel pour stimuler la culture d’entreprise et les bons comportements. Si les cadres supérieurs n'agissent pas en modèle, que peuvent-ils attendre de leurs collaborateurs ?

Pourtant, il existe de nombreux exemples où les attentes des dirigeants à l'égard des employés divergent de la réalité à laquelle ces derniers sont confrontés. Ainsi dans le cas de l'utilisation des données dans l’entreprise, si la plupart des organisations ont compris l'incroyable opportunité offerte par la possibilité d'exploiter les données, il existe souvent un réel décalage entre la vision des dirigeants et celle des équipes concernant les capacités de ces dernières.

Selon un nouveau rapport d’Accenture, The Human Impact of Data Literacy, trois quarts (75%) des dirigeants interrogés pensent que tous ou la plupart de leurs employés ont la capacité de travailler avec des données de manière compétente, et ils sont encore plus nombreux (79%) à penser que leurs employés ont accès aux outils dont ils ont besoin pour être productifs. Cependant, les cadres moyens et les employés sont moins optimistes, puisque seulement la moitié d'entre eux estiment avoir les bonnes capacités et 50% sont dans la même disposition d’esprit s’agissant de l'accès.

A l'ère du numérique, l'un des plus grands défis pour les organisations n'est pas de recueillir des données, mais de les transformer en enseignements exploitables et en informations de valeur pour permettre aux employés de prendre des décisions plus éclairées, d'améliorer la productivité et de générer un avantage concurrentiel. C'est pourquoi, pour réussir leur « révolution des données », les dirigeants doivent pouvoir faire confiance à ces mêmes données et pour ce faire permettre à leurs employés de devenir plus confiants et plus à l'aise dans l'utilisation des informations sur les données pour prendre des décisions.

Cependant, il y a un tel écart entre ce que les dirigeants croient et ce que leurs employés perçoivent que les entreprises risquent d’avoir du mal à saisir cette opportunité. Le problème est sans doute dû au fait que les dirigeants ne veulent pas forcément admettre que leurs propres exemples peuvent susciter de fausses attentes. Environ deux tiers des cadres supérieurs, des managers seniors et des directeurs se laisseraient guider par leur instinct en ce qui concerne les données, contre seulement 41% des cadres subalternes et des cadres inférieurs. Bien que l'expérience et l'instinct puissent avoir une réelle valeur dans les affaires, les résultats de l’étude suggèrent également que la confiance des cadres en leur capacité à agir à partir de données empêche certaines entreprises de prendre des décisions à partir desdites données.

Alors, d’où vient ce manque de confiance ? Pour une part importante, il pourrait bien s'agir d’une surcharge de données. Un peu moins d'un tiers (30%) des personnes interrogées dans le cadre de l'enquête ont déclaré être submergées de données au moins une fois par jour, contre 14% de l'ensemble des employés.

Comment les dirigeants peuvent-ils répondre à cette situation ? Améliorer leur propre compréhension des données constituerait une bonne première étape. Ainsi, 30% ont déclaré qu'une formation à la maîtrise des données les aiderait à être plus productifs. Il s’agit d’améliorer leurs connaissances et leur capacité à lire, comprendre, questionner et travailler avec des données. Des compétences que leurs propres collaborateurs aimeraient également améliorer, puisque seulement 19% des collaborateurs français ont déclaré avoir pleinement confiance dans ses propres compétences en matière de maîtrise des données.

Si les dirigeants veulent véritablement faire évoluer leurs organisations en entreprises axées sur les données et ainsi améliorer leur valeur d'entreprise jusqu'à 5%, ils doivent instaurer la bonne culture. Cela ne peut se faire qu'en montrant l'exemple, c’est-à-dire en interrogeant leurs propres compétences, en investissant dans la formation si nécessaire et en mettant de côté leur instinct pour montrer à leurs employés que les connaissances fondées sur les données peuvent et doivent être utilisées.

En définitive, l'atout le plus puissant dont disposent les entreprises pour créer de la valeur à partir de données et réussir dans un monde où ces dernières sont maîtrisées reste leurs collaborateurs, d’où la nécessité d’une éducation et d’une autonomisation qui doivent être menées à tous les niveaux de l’entreprise.