Covid-19 : l'après se prépare dès maintenant

L'année 2020 est et sera, sans conteste, éprouvante et ne ressemblera à aucune autre. La crise que l'ensemble de notre planète traverse est d'une ampleur, d'une force et d'un impact sans précédent.

Ce Covid-19, outre ses conséquences mortifères, a mis à l’arrêt des pans entiers de nos économies, privant de nombreux individus de leurs emplois et revenus. Alors que le déconfinement s’annonce pas à pas, la sortie totale de cette crise inouïe ne sera pas immédiate.

Les différents scénarios envisagés ne sont que pour l’instant des hypothèses. Le vrai travail de résilience débute dès aujourd’hui pour permettre à l’ensemble des acteurs économiques de retrouver un semblant de normalité et permettre d’aller de l’avant.

Remise en cause des chaines de valeur mondialisées

Nos économies sont depuis longtemps mondialisées, ce qui est le cas de l’épidémie que nous traversons. Cette globalisation, le plus souvent à marche forcée, a fait apparaitre de nombreux dysfonctionnements comme les ruptures d’approvisionnement et de chaine de valeurs résultant de notre interdépendance, créant ainsi une limitation de notre souveraineté et en particulier de notre autonomie productive. De même, le confinement mondial a ainsi privé les multinationales de leurs équipes présentes à travers le monde ou réduisant drastiquement les capacités d’action de ces dernières.

Face à ces difficultés, plusieurs leviers transparaissent. Parmi eux figurent la relocalisation (near-shoring) des outils de production mais également des équipes techniques et support. Ou bien encore la revue exhaustive des stratégies de continuité d’activité incluant les nouvelles façons de travailler. Ainsi, le télétravail à grande échelle, qui ne constituait jusqu’alors que 29% des effectifs d’entreprises de plus de dix salariés, peut nous permettre de maintenir un haut niveau d’activité dans des situations d’urgence.

Toutefois, il est indispensable de ne pas négliger le coût d'une démondialisation ou de changements brutaux. Mais nous pouvons tout de même nous interroger sur la nécessité de mode de production dispersé à travers notre planète, qui peut susciter le débat d’un point de vue social, sociétal et environnemental.

La justification purement économique de ces schémas doit nous interroger sur notre mode de consommation et nos aspirations à une croissance plus locale et respectueuse. Ces interrogations ne doivent pas se limiter à quelques marchés clés : elles nécessitent d’y intégrer notamment les nombreux processus globaux mis en place depuis plusieurs décennies par les acteurs financiers tels les établissements bancaires.

Au-delà du simple calcul financier, c’est la résilience de ces modèles qui est désormais ébranlée.

Vers de nouveaux paradigmes

En parallèle de ces questions économiques, une meilleure gestion de notre impact social et environnemental permettra d’accélérer les initiatives trop timides pour évoluer vers un redémarrage intégrant un modèle plus efficient. En effet, nous nous devons également de repenser cette mondialisation afin d’entrevoir de nouveaux paradigmes pour ainsi se rapprocher d’un développement plus ancré localement.

La France et plus largement l’Europe sont de formidables tremplins pour envisager une croissance plus respectueuse de notre environnement, de nos territoires et relancer ainsi l’emploi par la relocalisation. Depuis la mise sous cloche de nos économies, la spectaculaire baisse de la pollution, du bruit et le retour de certains animaux sauvages dans nos villes nous démontre une fois de plus que nos activités se doivent de s’adapter à une meilleure adéquation avec ce qui constitue notre lieu de vie.

Cette crise inédite est par ailleurs l’occasion de s’interroger sur la stratégie, le plus souvent court-termiste de nos objectifs. Il est souvent oublié que l’optimisation des coûts ainsi que l’excellence opérationnelle ont toujours été compatibles avec un engagement local et durable pour un croissance vertueuse.

Se redresser ensemble

Les processus de création de valeur ont donc fait apparaître une grande fébrilité face à un événement certes historique mais qui est désormais appelé à rejaillir sous la forme pandémique ou de cataclysmes environnementaux. La robustesse de nos chaines de valeur a été mise à mal et doit désormais constituer la priorité d’une reprise vigoureuse et pérenne.

Dans le même temps, les banques qui se retrouvent en première ligne pour faire leur métier originel, celui de financer notre économie. Cette démarche, sous l’impulsion forte de l’Etat, constitue un formidable élan pour l’intégration de critères favorisant les investissements socialement responsables (ISR). En effet, cette crise doit nous permettre de nous adapter en s’orientant vers des financements à impact pour accélérer la transition énergétique mais également basculer pleinement dans l’ère de la transformation digitale en intégrant les meilleures technologies et pratiques aux processus actuels et vieillissants

Les établissements financiers font désormais face à la nécessité de s’appuyer davantage sur l’agilité et l’optimisation de leurs stratégies afin d’améliorer leur efficacité opérationnelle et mieux accompagner leurs clients dans cet avenir aux multiples perspectives. Par ailleurs, l’intégration d’innovations technologiques permettra l’automatisation de nombreuses tâches ainsi qu’une meilleure gestion des collaborateurs et utilisation des ressources pour gagner an adaptabilité, en efficacité et en performance.

Se relever pour mieux se projeter

La nécessité de retrouver notre essor et notre dynamisme est désormais conditionnée à l’engagement de chacun à se relever. Nous devons remettre à plat nos croyances antérieures pour en sortir plus grands et plus forts mais surtout pour avancer vers une croissance durable.

Ces nombreux défis qui nous font face nous permettront de nous projeter vers l’avenir pour avancer avec une croissance plus respectueuse et centrée sur l’humain et notre environnement, tout en se donnant des objectifs ambitieux. Pour y arriver, nous devrons faire évoluer nos modèles de création de valeur pour les rendre plus solides et résilients. Obtenir l’adhésion de tous sera indispensable pour une économie vertueuse.