Face au risque climatique, deux maîtres mots pour les entreprises : investissement et résilience !

Alors que la COP26 bat son plein, il est essentiel de rappeler que face au risque climatique, les entreprises ne peuvent compter pas que sur leur seule police d'assurance. Elles doivent au contraire opter pour une stratégie résiliente en vue de protéger leurs biens.

« Le rapport du GIEC est sans appel. A nouveau. Le temps de l’indignation est derrière nous », indiquait le Président Macron sur Twitter le 9 août dernier. Quelques heures avant cette déclaration présidentielle, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) avait fait part des conclusions alarmantes de son dernier rapport : le réchauffement climatique de notre planète devrait atteindre le seuil de + 1,5 °C autour de 2030, soit dix ans plus tôt qu’estimé. Autant d’inquiétudes qui seront discutées lors de la COP26 de Glasgow du 1er au 12 novembre prochain. Son objectif est de consolider les engagements pris à l’issue de la COP21 à Paris afin de contenir le réchauffement climatique à 2 °C d’ici 2100.

Alors que ces accords internationaux, qu’ils soient contraignants ou non, constituent une avancée au regard du processus de dérèglement climatique déjà en marche, certaines entreprises n’ont peut-être pas encore pris pleinement la mesure des risques auxquels elles peuvent devoir faire face. Toutefois, pour celles qui considèrent que la résilience climatique fait partie des enjeux dont elles doivent tenir compte, il est essentiel d’anticiper au mieux l’impact du changement climatique et de réaliser les investissements adéquats en vue de réduire les effets induits sur leurs activités.

Le risque climatique : une réalité très mal comprise par les entreprises.

Toute gestion du risque passe d’abord par une compréhension profonde de ce dernier. Or, il s’avère que les entreprises, notamment européennes, peuvent mésestimer la chose. Alors que 22 catastrophes naturelles majeures ont eu lieu sur le « Vieux Continent »  au cours des 10 dernières années, 66,5% des dirigeants d’entreprise déclaraient ne pas juger le risque climatique comme une priorité. Pourtant, au cours de cette décennie, 55 secteurs d’activités ont été touchés et 400 millions de dollars de pertes induites par des épisodes de crues ont été recensés, sans parler d’autres intempéries dévastatrices ayant touché l’Europe (telle que la tempête Xavier par exemple). En réponse, les entreprises semblent démunies : 76% jugent leur organisation exposée aux risques climatiques mais 8 dirigeants sur 10 indiquent n’avoir aucun contrôle sur l’impact financier consécutif à d’éventuelles catastrophes naturelles.

Le climat change et ce faisant, il modifie la nature des risques et leurs impacts potentiels pour les entreprises, renforçant ainsi l’attention que portent les investisseurs et les actionnaires à cette problématique. Les risques climatiques doivent désormais faire partie des priorités des risk managers et, déjà, bon nombre de conseils d’administration, d’actionnaires comme de sociétés non cotées en bourse les considèrent comme une priorité. Ainsi, les entreprises concernées par la résilience climatique et celles qui souhaitent renforcer leurs actions dans ce domaine bénéficieront d’un avantage à moyen et long terme. Mais quelles mesures et quelle politique faut-il plus précisément mettre en place ?

Ne comptez pas sur la police d’assurance, mais sur la résilience !

Puisque les conséquences du changement climatique sont de plus en plus extrêmes et ne cessent de gagner du terrain à l’échelle mondiale, les entreprises et propriétaires de biens immobiliers doivent garder à l’esprit une chose : l'assurance ne leur permettra pas d'être financièrement à l'abri d'un sinistre. Les assureurs sont en effet de moins en moins enclins à offrir une couverture étendue des biens aux entreprises qui n'ont pas su démontrer que leurs installations étaient suffisamment protégées. Les primes augmentant, il devient alors de plus en plus difficile pour une entreprise de couvrir la plupart de ses risques par le biais d’une simple police d’assurance - nonobstant le fait qu'une assurance ne puisse pas couvrir la totalité des risques. Et cette tendance de fond n’est pas près de s’inverser : avec le changement climatique, certains assureurs estiment même que les primes d’assurance pour les couvrir seront bientôt inabordables pour la majorité de la population. Un rapport de McKinsey publié fin 2020 suggère que le secteur de l’assurance dommages aux biens devra évoluer de façon significative pour faire face aux conséquences du changement climatique.

A défaut, donc, de pouvoir se protéger intégralement par le biais de l’assurance, les entreprises devront probablement adopter de nouvelles mesures de protection de leurs biens. En d’autres termes, développer une stratégie à long terme de résilience aux risques climatiques. Assurer l’étanchéité, déplacer les équipements essentiels à la production, installer des toitures résistantes au vent, ou encore intégrer de nouveaux critères pour sélectionner les sites d’implantation : de telles mesures requièrent inévitablement des investissements que certaines entreprises rechignent encore à financer, par méconnaissance de la manière dont le changement climatique pourrait affecter leurs opérations ou par crainte de réaliser des dépenses qui pourraient se révéler inutiles. Pourtant, ces mesures pourraient désormais démontrer leur importance.

Rénover des bâtiments existants pour renforcer leur résilience et prévenir certains dommages est donc tout à fait possible. Mais ces modifications sont parfois si complexes à mettre en œuvre dans des bâtiments anciens, ou si onéreuses, qu’il peut s’avérer plus pertinent de faire construire de nouvelles installations dans un lieu moins exposé. Pour être certain d’adopter la bonne stratégie, il est alors nécessaire d’identifier les risques climatiques d’entrée de jeu, afin d’en tenir compte dès la phase de conception du bâtiment. En ce sens, les cabinets d’architectes et les entreprises devraient travailler en étroite collaboration pour concevoir des bâtiments qui répondent aux besoins actuels tout en intégrant l’aggravation potentielle de certains risques dans les années et décennies à venir.

Construire ou rénover ? Le choix peut s’avérer difficile pour les entreprises, mais dans un cas comme dans l’autre, l’investissement est une constante :  il pousse à adopter une vision à plus long terme et à parier sur des bâtiments de haute qualité.

« La résilience, c'est l'art de naviguer dans les torrents », écrivait l’écrivain et psychologue Boris Cyrulnik. Le moins que l’on puisse affirmer, c’est que bon nombre d’entreprises subissent ledit torrent plus qu’autre chose, et ce malgré les rapports du GIEC successifs qui dépeignent chaque année un avenir climatique de plus en plus incertain. Dans cette perspective, la conférence des parties (COP), en négociant de nouveaux engagements climatiques à l’échelle internationale, joue un rôle préventif. Il incombe désormais aux entreprises qui souhaitent devenir plus résilientes d’apporter leur contribution en privilégiant une stratégie qui résiste à l’attrait du court terme. En investissant d’emblée dans la durabilité, la résilience et des mesures d’adaptation au changement climatique, elles devraient alors s’avérer bien mieux armées pour gérer les risques non couverts par une police d’assurance standard.