Fidéliser en s'amusant

Guerre des talents...un sujet qui n'en finit plus de faire couler de l'encre, et pour cause : entre crise du covid et nouvelles aspirations des futures générations, les entreprises doivent redoubler d'efforts pour attirer les meilleurs talents.

Alors que l’on pourrait penser que le recrutement est la partie la plus délicate, c’est finalement lorsque les nouveaux talents arrivent dans l’entreprise qu’il faut redoubler d’efforts, car tout l’enjeu est là : réussir à leur offrir un espace d’expression où ils pourront s’épanouir, et les fidéliser le plus longtemps possible. 

Le monde de la technologie est un univers impitoyable, cela me rappelle quelque chose :

…, ton univers impitoyable,

…, glorifie la loi du plus fort,

…, et sous ton soleil implacable

Avez-vous trouvé la référence ?*

Si oui, félicitations ! Vous avez probablement plus de 40 ans aujourd’hui. Sinon rassurez-vous, seuls les plus de 40 ans auront reconnu ce générique.

Quoiqu’il en soit, si vous avez cherché l’information, j’ai su vous captiver. C’est le début de ma démonstration : oui, le monde de la technologie est un univers impitoyable, et chaque entreprise désire avoir les meilleurs talents. Recruter les meilleurs talents, c’est bien, savoir les fidéliser c’est mieux.

Si les leviers sont nombreux pour y parvenir (rémunération, projets captivants, bien-être et environnement de travail attrayant…), l’un d’entre eux me semble encore sous-estimé et peu exploité : l’animation des équipes par la gamification.

Le jeu est dans la nature humaine

Saviez-vous que l’on passe en moyenne, dans notre vie, 99 117 heures au travail, soit 11,5 années cumulées ? Alors si cette statistique de Skinbliss vous interpelle comme moi, autant joindre l’utile à l’agréable. Après tout, près de la moitié de la population mondiale passe une partie de son temps libre à jouer à des jeux vidéos - et adopter les codes du grand public au sein même du travail a toujours été source d’inspiration (prenons l’exemple de Slack ou Dropbox par exemple, qui ont pénétré le marché du B2B par le B2C).

Saviez-vous d’ailleurs qui a dit (KIKADI) : “That’s what games are, in the end. Teachers. Fun is just another word for learning.” que nous pourrions traduire par "C'est ce que sont les jeux, en fin de compte. Des enseignants. L'amusement est juste un autre mot pour l'apprentissage." ? Il s’agit de Raph Koster, Une théorie de l'amusement pour le Game Design.

L’idée est là ! Le jeu est dans la nature humaine. Tout le monde joue : de l’enfant (même les grands) qui marche sur les bords des trottoirs aux adultes qui partagent des soirées entre amis en passant par les ados (jeunes et vieux) qui arpentent les serveurs de jeux en ligne.

Si les industries de jeux l’ont bien compris, les entreprises l’utilisent également comme Mondelēz qui lance régulièrement des jeux pour animer sa communauté et fidéliser ses clients, ou comme Engie qui, avec une application mobile interne de quizz, permet d’accompagner leurs équipes dans l’apprentissage et le changement sur les sujets liés à la data.

Profitons que la gamification soit déjà présente en entreprise pour l’appliquer également dans nos méthodes de management afin que l’expérience soit tout aussi ludique et captivante dans sa vie personnelle que sur son lieu de travail !

La gamification appliquée au management

Dans mon équipe, à une époque, nous faisions chaque semaine notre point hebdomadaire. Force est de constater que nous étions nombreux à avoir à la place un point client, un impondérable projet, aqua-poney ou nos lacets défaits pour échapper à ce rituel. Ce n’était ni plus, ni moins que la réunion de copropriété décrite par Florence Foresti : “Personne n’a envie d’y aller ! Je crois qu’il n’y a pas au monde un truc où j’ai le moins envie d’aller ! Je préfère aller chez le dentiste pour me faire arracher les dents”.  Et comme elle, nous pensons : “Venez me chercher la mort, je vous attends”.

Alors on se remet en question et, par petites touches, j’ai fait évoluer ce rituel pour qu’il devienne le point tant attendu des équipes mixant le jeu et les contenus plus sérieux. L’ordre du jour devient le menu du jour. “C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup.”

Nous avons lancé le KIKADI (exemple précédent), où chaque semaine nous devons retrouver 10 acteurs de l’actualité à travers leurs citations. L’équipe se divise en 2 groupes qui se renouvellent chaque mois. Au travers de ces moments ludiques, notre équipe apprend à se connaître, se découvre, renforce ses liens, se soude et se solidarise.

J’ai remarqué que depuis la mise en place de ces moments ludiques et divertissants, aucun membre de l’équipe n’a manqué un seul rendez-vous.  Plus récemment, nous avons lancé le Faites entrer l’accusé, chapeauté par un de mes talents  : deux membres de l’équipe s’affrontent sur un débat lié à une actualité technologique.

Le jeu est un formidable vecteur d’apprentissage, de fidélisation et d’adhésion. C’est également un outil de management redoutable pour réussir à capter l’attention des talents, de les rendre acteurs et même co-animateurs. Par le jeu, l’animation d’une équipe devient beaucoup plus engageante, il devient plus facile de créer de la cohésion. Le jeu permet à chacun.e de prendre confiance, d’oser, de prendre la responsabilité et de créer ses propres instances. En plus du cadre de travail, des projets inspirants et d'une rémunération à sa juste valeur, la fidélisation passe aussi par la gamification des expériences. 

Alors, prêts à jouer ?  

*Il s’agit de “Dallas”, série phare des années 80