Les Gafa ont leur head of remote. Et vous ?

Les Gafa ont leur head of remote. Et vous ? Pour accompagner la transition, notamment depuis la crise, certaines entreprises se dotent de responsables du télétravail. Le nombre d'adeptes restant confidentiel, le JDN s'est demandé si l'élan pourrait se poursuivre en France.

Director of remote work et head of remote learning chez Meta, VP of work transformation chez Twitter, vice president of flex work chez Linkedin… Outre-Atlantique, les grands noms de la tech ont déjà leur responsable télétravail. Chez Gitlab, l'heureux élu s'appelle Darren Murph. Et à la vue de ses comptes Linkedin et Twitter (16 300 abonnés), on pourrait lui décerner le titre d'influenceur du travail à distance. Head of remote depuis juillet 2019, lui se décrit plus modestement : son rôle est "très transversal" et le situe entre ressources humaines, communication et marketing (il est rattaché à ce dernier service), explique-t-il au JDN.

Dans le détail, Darren Murph travaille notamment à la "mise en place d'une formation de base sur le télétravail, destinée aux nouveaux membres de l'équipe, ainsi qu'à une formation sur les flux de travail asynchrones et la communication efficace". Le responsable explique aussi faire "la promotion du management à distance de GitLab, en interne comme en externe, en participant à des panels et à des projets de recherche avec des organisations extérieures et des universités".

Très active sur le sujet, l'équipe Gitlab tient même un manuel du head of remote, qui recense notamment toutes les entreprises ayant créé ce poste. Pourquoi l'avoir fait chez Gitlab ? "L'entreprise fonctionnait entièrement à distance depuis sa création. Elle a reconnu le besoin d'un leadership dédié pour soutenir ses fondements opérationnels alors qu'elle se développait", répond l'heureux élu.

Peu d'écho en France

La tendance ne semble pas avoir traversé l'Atlantique. "Je n'ai jamais entendu parler de poste de head of remote", tranche Olivier Parent du Chatelet, consultant spécialisé sur les projets de transformation de la fonction RH chez BearingPoint. Chez Luko, assurtech qui compte 40% de ses 170 collaborateurs en full remote et 50% en remote hybride, "toute l'équipe croit au future of work et porte cette culture", assure Stella Walter, VP of People. "J'aurais peur d'avoir une personne dédiée qui porte tellement de verticales différentes". Pour Joko, start-up d'une trentaine de collaborateurs quasiment tous en remote, le besoin n'existe pas, du moins pas encore nuance Xavier Starkloff. "C'est peut-être mettre un peu trop d'impact là-dessus. Le remote est une question de culture et de confiance, ça ne change donc pas du jour au lendemain", souligne le CEO.

Julien Lever, consultant management et RH chez Julhiet Sterwen, l'analyse de cette façon : "Pourquoi pas nommer un head of remote pour aider et montrer la voie. Cependant, un risque demeure : celui d'oublier que toutes les parties prenantes doivent avoir pris en compte le changement." On parle bien d'une culture d'entreprise à adapter. En effet, tout comme le digital il y a quelques années, le travail à distance s'invite désormais à tous les niveaux. "Aujourd'hui, est-ce qu'avoir quelqu'un en charge du digital ferait encore sens ? Non, il y aurait une redondance par rapport à la réalité", illustre Julien Lever. D'autant plus que, crise sanitaire oblige, la transition vers le travail hybride est déjà bien amorcée dans la majorité des entreprises, voire achevée pour certaines.

Accompagner la transition 

Pas de poste dédié au télétravail non plus chez Blablacar, qui compte 22% de ses collaborateurs en full remote. A défaut, un référent existe bien, dans le cadre de la politique de télétravail baptisée BlaBlaNomad. "J'accompagne les managers dont les collaborateurs aimeraient passer en full remote. Je réponds aussi aux questions des collaborateurs qui se demandent comment ça marche", explique Perrine Labesse, head of engagement & people operations. La start-up Luko prévoit quant à elle de recruter une culture manager, qui sera en lien avec les équipes RH. "Elle sera garante du bien-être, y compris du bien-être en remote", précise Stella Walter.

Pour Olivier Parent du Chatelet, "cela fait partie du rôle des DRH d'accompagner tout type de collaborateurs, qu'ils soient en télétravail ou en présentiel. Et ces problématiques existent depuis longtemps dans les entreprises implantées dans plusieurs pays." Pour les autres, la transition s'est imposée au moment des confinements. "C'est aussi une discipline managériale difficile à adopter, reconnaît le directeur général associé de BearingPoint. Il faut accompagner les managers." Avec un head of remote managers ?