Transmission d'entreprise : le risque silencieux qui menace notre souveraineté productive
Chaque année, des milliers de PME françaises disparaissent faute de repreneur. Derrière ces fermetures se joue un enjeu clé : la préservation du capital productif national.
La France parle beaucoup de réindustrialisation, de souveraineté économique et d’autonomie stratégique. Pourtant, un phénomène beaucoup plus discret fragilise profondément notre tissu productif : la disparition de milliers de PME viables faute de repreneurs.
Contrairement à l’idée répandue, les fermetures d’entreprises ne concernent pas seulement des structures fragiles. Une part significative touche des entreprises rentables, insérées dans leur territoire, porteuses de savoir-faire et souvent indispensables aux chaînes de valeur locales. Leur disparition n’est pas seulement une statistique : c’est un recul de capacité productive, parfois irréversible.
Aujourd’hui, la transmission d’entreprise est encore perçue comme un sujet technique, presque administratif. Ce n’est pourtant rien de moins qu’un enjeu de souveraineté. On ne réindustrialise pas un pays en laissant s’évaporer son capital productif existant.
Trois obstacles structurent le problème :
- Une faible lisibilité des parcours de transmission, éclatés entre de multiples acteurs.
- Une pénurie de repreneurs : profils homogènes, peu de jeunes, faible diversification sociale.
- Une absence d’indicateurs nationaux permettant de suivre l’état du patrimoine productif vulnérable.
Pourtant, des solutions existent. Un “parcours repreneur” national — lisible, coordonné et accessible — permettrait à davantage d’entrepreneurs de se projeter dans la reprise. La création d’un baromètre national de continuité productive donnerait une vision objective des risques de disparition, territoire par territoire. Enfin, une mobilisation plus large des acteurs financiers pourrait fluidifier les opérations, notamment dans les secteurs industriels.
Préserver nos entreprises existantes est l’un des moyens les plus efficaces de renforcer notre souveraineté économique. La réindustrialisation ne commence pas avec des usines neuves : elle commence par la transmission.