Manager : comment gérer un collaborateur qui va vers un burn out

Manager : comment gérer un collaborateur qui va vers un burn out Le syndrome d'épuisement professionnel guette 3,2 millions d'actifs en France. Les responsables ont un rôle à jouer lorsque cette pathologie surgit dans leur équipe.

Le burn out est une pathologie de l'engagement au travail. "Les victimes sont les salariés trop investis", rappelle Jean-Claude Delgènes, directeur du cabinet d'étude des risques Technologia. Aussi concerne-t-il au premier chef des salariés performants et motivés, "ceux qui font des horaires à rallonge", abonde Thérèse Bouche, psychologue et formatrice chez Comundi.

Des bobos anodins à prendre au sérieux

"Il faut être extrêmement attentif aux changements d'humeur"

Une perte d'enthousiasme accompagnée de bobos anodins comme de la fatigue, des insomnies ou des troubles gastro-intestinaux peuvent vous alerter. L'irritabilité ou l'agressivité envers des collègues ou des clients sont également de bons indicateurs. "Il faut être extrêmement attentif aux changements d'humeur", relève Stéphanie Delestre, la fondatrice du site de recrutement en ligne Qapa, qui reconnait avoir déjà affronté le problème dans son équipe.

Ces symptômes surviennent généralement après une mission où le salarié a mis toute son énergie. Ce peut être aussi la conséquence d'une accumulation de contraintes comme "un logiciel qui manque, un espace de travail mal aménagé ou une culture de l'urgence exacerbée", liste Jean-Claude Delgènes. Un burn out peut aussi provenir d'une baisse d'intérêt professionnel. Le directeur de Technologia se souvient "d'un salarié qui occupait brillamment le même poste depuis sept ans et qui n'avait jamais cessé de solliciter des évolutions sans qu'on y donne suite."

L'interroger sur des faits précis

Seulement, "un collaborateur en route vers un burn out a généralement peur. Peur de perdre son job, peur de mal faire. Et du coup il s'investit encore plus" complète Jean-Claude Delgènes. Aussi faut-il ne pas trop tergiverser à intervenir.

"Décrivez-lui son isolement manifeste, son agressivité prononcée"

"Formalisez un entretien, recommande Thérèse Bouche, interrogez-le sur des faits précis. Pourquoi reste-t-il jusqu'à des heures tardives ? Décrivez-lui son isolement manifeste, ses déjeuners entre collègues déclinés, son agressivité prononcée, ses propos désabusés sur son travail ou encore sa négligence vestimentaire. Tout ce qu'il ne faisait pas auparavant. Il faut lui faire comprendre que l'on s'inquiète pour lui". "Conduisez cet entretien avec doigté, suggère Jean-Claude Delgènes, sans remettre en cause la qualité de son travail, sa compétence et son rôle. Dialoguez, écoutez-le, rassurez-le, dites-lui qu'il garde votre confiance."

Etre ferme au besoin

Le manager doit ensuite imaginer des solutions. "Proposez lui par exemple une vraie coupure en prenant des congés ou des RTT  sans aucun contact professionnel ou imposez lui des heures de pause fixes pour le déjeuner, suggère Jean-Claude Delgènes. Dites-lui que ses échéances peuvent attendre". "Pourquoi ne pas lui enlever des tâches afin d'alléger sa charge de travail, invite Stéphanie Deleste, ou bien lui proposer de nouveaux projets."

"Il ne doit surtout pas perdre ses repères professionnels"

Et si un collaborateur ne veut rien entendre, "soyez ferme, intime Jean-Claude Delgènes. Encouragez-le à prendre des vacances pour qu'il prenne du recul, par mail ou par courrier. Exigez qu'il prenne un rendez-vous avec la médecine du travail. Envisagez même la mise à pied". "Vous pouvez aussi alerter la DRH ou l'adresser à la médecine du travail en précisant bien les raisons qui vous poussent à agir de la sorte, conseille Thérèse Bouche.

"Quelles que soient les mesures envisagées, un collaborateur en burn out ne doit surtout pas perdre ses repères professionnels, témoigne Stéphanie Delestre, entretenez-vous avec lui par téléphone, montrez-lui que toute l'entreprise s'inquiète pour lui."

 

S'interroger sur son mode de management

Enfin, il est important de vous demander aussi pourquoi votre collaborateur en est arrivé là. Revoyez éventuellement la charge de travail de vos collaborateurs. Leurs objectifs sont-ils réalistes ? Faites un point sur les missions et les ambitions des uns et des autres.

 "Il faut inciter les gens à lever le pied. Pour travailler bien, il faut parfois travailler moins" conseille Jean-Claude Delgènes qui recommande de "toujours prendre soin de voir si un poste est en adéquation avec l'individu et de bien planifier sa charge de travail". 

Soignez également votre communication : "Je partage toutes les informations, bonnes ou mauvaises" se félicite Stéphanie Delestre qui veille par ailleurs à saluer les efforts fournis par ses collaborateurs et à connaître "leurs points faibles et leurs points forts afin de les accompagner au mieux". Autant de bonnes pratiques qui peuvent éviter que de nouveaux cas surviennent.