Mixité dans le numérique : un mouvement en marche, mais à améliorer

D'ici 5 ans, le Forum économique mondial envisage une perte nette de 5 millions d'emplois. Les femmes seront les plus impactées, car elles sont peu représentées dans les métiers qui créeront des emplois, en premier lieu le numérique. Il est donc crucial de s'engager pour la mixité dans le numérique .

Selon le Forum économique mondial (janvier 2016), la "quatrième révolution industrielle" entraînerait d’ici 5 ans la création de 2,1 millions d’emplois (notamment en informatique et ingénierie), mais aussi la destruction de 7,1 millions de postes (en particulier dans les fonctions administratives), soit une perte nette de plus de 5 millions d'emplois. 


Où sont les femmes ?

Les femmes devraient être davantage impactées, les hommes étant davantage présents dans les secteurs et professions où seront créés les nouveaux emplois (sciences, technologies, ingénierie, mathématiques, robotique). Si des actions proactives ne sont pas menées pour orienter les femmes vers ces secteurs porteurs de demain, nous nous dirigeons vers une société encore plus inégalitaire.

En parallèle, certains profils manquent cruellement à l’économie numérique : selon Eurostat (janvier 2016) 42% des entreprises françaises ont eu des difficultés de recrutement d’experts des Technologies de l’information et de la communication, population à 81% masculine en Europe. Développer des ambitions dans ces domaines pour les femmes permettrait donc de créer un vivier de professionnelles indispensable à nos besoins économiques. 

Aujourd’hui, il y a seulement 27% de femmes dans le numérique, contre 48% pour le reste de l'économie (selon le Syntec Numérique).

Selon l’OPIIEC (février 2016), les éléments qui empêchent les femmes de se projeter dans des métiers liés au numérique sont une image stéréotypée des métiers véhiculée par les médias, la méconnaissance des métiers du numérique et de l’ingénierie, l’absence de rôle modèle et des préjugés sur les conditions de travail dans le numérique (des horaires de travail anticipés comme contraignants, peur d’avoir à faire leurs preuves plus que les hommes…)

Si le chemin à parcourir pour la mixité femmes-hommes reste important, un mouvement est en marche. Des acteurs se mobilisent à tous les niveaux pour agir sur ces différents identifiés.


Que faire ?

Certains impliquent les médias et mettent en avant des rôles-modèles notamment dans les conférences : le mouvement #JamaisSansElles, porté par Guy Mamou-Mani, ex-Président du Syntec Numérique et Tatiana F-Salomon, Co-fondatrice de Girl Power 3.0 a réuni nombreux hommes qui se sont engagés à ne plus accepter les invitations à des panels uniquement masculins. L’application It counts, développée par Wax Science et E-mma permet d’évaluer le ratio hommes-femmes aux conférences. Voxfemina travaille à faire émerger des profils de femmes expertes dans les médias.

Plus en amont, plusieurs collectifs travaillent à susciter des vocations chez les jeunes femmes : Elles bougent, Femme ingénieure, Pascaline, Wi Filles ou encore la Commission Femmes du Numérique du Syntec Numérique avec le trophée Excellencia qui finance des études d’ingénieures à des jeunes femmes. L’enjeu est de taille : les femmes représentent 30% des effectifs des écoles d’ingénieurs en moyenne et ces chiffres tombent à moins de 10% dans des écoles spécialisées en informatique.

Des acteurs de la formation se mobilisent comme Web@cadémie qui a créé Web@cadémie au féminin, dédiée aux femmes, ou Simplon qui propose des promotions avec un objectif de 50% de femmes. Les écoles 42 et Epitech mènent des programmes proactifs en faveur de la mixité. L’association 4ideas propose des sessions variées pour découvrir différentes façons de coder.

Dans le domaine de l’entrepreneuriat, secteur également clé pour l’économie de demain, les femmes sont encore sous-représentées aujourd’hui, selon StartHer : moins d’une startup sur 5 est dirigée par une femme, et ces dernières représentent 15% des levées de fonds et 10% des montants levés. La tendance est cependant positive, puisque les fondatrices ont levé 90 millions d'euros en 2015, soit 3,5 fois plus qu’en 2014. 

La région parisienne concentre encore beaucoup les actrices du numérique : 82% des entrepreneuses tech se lancent en Île-de-France (contre 63% pour les hommes). Des acteurs sont proactifs, comme le réseau d’incubateurs les Pionnières (dont Paris Pionnières) ont accompagné près de 700 entrepreneuses pour développer leur projet. Les incubateurs tels que Paris&Co, The Familly portent une attention spécifique pour identifier des projets de femmes.

Enfin, des réseaux de professionnelles spécialisées comme Girlz in Web, les Duchess et les initiatives d’entreprises comme le Cercle InterElles ou Passer’Elles chez Sopra Steria s’investissent pour donner plus de visibilité aux professionnelles.


Osons créer des synergies entre les acteurs

Toutes ces actions vont dans le bon sens, mais devant les échéances qui se profilent d’ici 5 ans, il y a urgence à créer des synergies entre ces acteurs en mobilisant hommes et femmes autour de ces sujets et à le faire sur tout le territoire français. 

C’est le projet de Jeunes Femmes & Numérique, porté par Social Builder, qui propose d’accélérer les projets de carrières et des startups des femmes dans le numérique à travers 3 actions. 

Le Programme Etincelles accompagne les jeunes femmes vers l’emploi et la création d’entreprise par le mentorat et le co-développement. Les Forums Jeunes Femmes & Numérique, que nous organisons à Paris, à Rennes et prochainement à Lyon permettent de mieux connaître le numérique en assistant à des ateliers et en échangeant avec des experts et des expertes. La Startup Lab permet de rencontrer les principaux acteurs de entrepreneuriat pour aider les femmes à développer leurs projets plus rapidement. Notre conviction : associer tout l’écosystème pour avoir un impact fort sur l’orientation des jeunes actives et agir sur le marché de demain, pour des opportunités équitables pour toutes et tous.