Emploi : Non, l’industrie n’est pas morte !

Pour beaucoup le mot industrie rime avec plan social ou fermeture d'usine. Mais quand on jette un œil attentif à la situation on constate rapidement que la réalité n'est pas forcément celle à laquelle on s'attend. Tour d'horizon de l'état de santé de l'industrie et des options des carrières qu'on soit ingénieur ou non.

Pas un jour sans l’annonce d’une levée de fond gargantuesque pour une start-up ou d’un plan social sur un site de production. Très clairement cette actualité couplée aux manifestations des gilets jaunes et autres grèves en tout genre pose la question de l’emploi dans l’industrie française. Il est évident que tout n’est pas tout rose mais la réalité n’est peut-être pas aussi triste que cela. Car une chose est sûre, tant qu’il y aura des supermarchés, des voitures, des smartphones ou des ordinateurs, il y aura besoin d’industriels pour produire tous ces biens de consommation et donc, de professionnels pour développer des produits et faire tourner les usines. Pas besoin d’être diplômé d’une école d’ingénieur ou d’une grande école de commerce pour trouver du travail. Difficile de s’y retrouver dans cette jungle des métiers de l’industrie. Tour d’horizon de la situation.

L’industrie, un secteur qui recrute

L’INSEE nous a notamment annoncé il y a quelques mois que l’industrie française avait produit une création nette d’environ 10 000 emplois sur l’année 2018 rééditant le score positif de 2017. Principaux pourvoyeurs : l’agroalimentaire et le secteur de l’énergie, l’eau et des déchets. Alors oui, quand on pense industrie on pense agroalimentaire ou automobile, c’est une évidence. Mais la France regorge d’experts en tout genre, de leaders mondiaux sur des marchés de niche mais que le monde entier nous envie. Certaines se faisant même happer par des sociétés étrangères qui voient tout le potentiel technique que peuvent avoir les Français notamment grâce à cette formation inédite dans le monde qu’est le diplôme d’ingénieur qui produit chaque année de brillants collaborateurs pour l’industrie. Des sociétés spécialisées, par exemple, dans la conception de machines pour les laboratoires du secteur pétrolier, de machines de production pour le secteur agroalimentaire, de machines d’ultravide pour l’industrie des semi-conducteurs, etc.

Il est certain que ce n’est pas aussi rutilant et que c’est moins télégénique qu’une application couleur bonbon pour smartphone mais il est certain que nous n’aurions pas de carburant dans nos véhicules, de smartphone ou de pots de yaourt sans ces industriels. L’année 2019 c’est l’année de la guerre des talents. La plupart des entreprises recrutent des forces vives pour accompagner leur développement. On recense 80 000 postes non pourvus en France qui mène les entreprises à la surenchère d’avantages et les candidats à se montrer toujours plus exigeants. Télétravail, jours de vacances supplémentaires, primes en tout genre, etc. tout y passe pour séduire les prétendants. Mais ces entreprises de petite taille ou de taille intermédiaire (PME et ETI) ne sont pas toutes armées pour faire face au défi que représente le recrutement. L’onboarding est donc un enjeu majeur pour cette nouvelle année qui s’annonce.  

Le diplôme d’ingénieur, une spécificité française mondialement reconnue

Si la France est aussi forte dans ce domaine c’est principalement dû aux ingénieurs français. Reconnue mondialement cette formation unique au monde à la spécificité de former des experts dans bien des domaines. Il en existe plus de 200 sur le territoire formant de jeunes Bac+5 à des expertises aussi variées que l’intelligence artificielle, la robotique, les télécoms ou la mécanique. Chaque année ce sont au moins 35 000 jeunes ingénieurs qui sortent de ce cursus recherché pour des postes de cadre (97% des ingénieurs) dans des industries très variées. L’aura du diplôme d’ingénieur français est telle que des entreprises comme Goldman Sachs, Google ou Facebook font des ponts d’or pour s’offrir les qualités analytiques et mathématiques (notamment) de ces brillants étudiants. Leur employabilité est si élevée que 95% de chaque promotion trouve un travail en quelques mois.

La capacité d’adaptation dont ils font preuve est courtisée dans nombre d’industrie mais aussi dans les start’up. Il est parfois plus tentant de se tourner vers une entreprise constituée de profils similaire au sien en bénéficiant d’avantages conséquent, de parts dans l’entreprise et de responsabilités accrues. On note néanmoins, depuis quelques mois, un retour de certains candidats qui déchantent un peu ou qui ont mal vécu un environnement où tout va très vite, les hauts comme les bas.

Mais travailler dans l’industrie, c’est quoi au juste ?

Quand on pense industrie on pense spontanément à Charlie Chaplin dans Les temps modernes avec cette vision répétitive d’un poste de monteur mécanique dans l’automobile. Mais même si cette image est encore bien réelle la diversité des métiers est phénoménale et recoupe des compétences particulièrement variées. Que l’on soit autodidacte ou très diplômé, l’industrie offre des opportunités de carrière à tous.

R&D et Bureau d’études

Quand un jeune diplômé veut faire tourner ses méninges de façon intensive c’est clairement vers la recherche et développement et le bureau d’études qu’il doit se tourner. Innovation de rupture, design, développement de produits éco-responsable, développement de molécules novatrice les industriels sont à la manœuvre pour se tourner vers des activités beaucoup plus en adéquation avec les valeurs actuelles. Moins connue que l’informatique grand public, l’informatique industrielle et la gestion des automates apporte des opportunités de carrières importantes. On peut être "geek" et ne pas seulement devenir développeur. Nombre d’entreprises industrielles ont, également, des bureaux d’études composés d’ingénieurs mais aussi de techniciens dont la principale mission est de dessiner sur informatique des pièces ou des équipements que tout le monde utilise dans son quotidien.

Production et support à la production

Nous allons évidemment retrouver l’ensemble des fonctions opérationnelles (monteur, conducteur de ligne, etc.) mais également l’ensemble du personnel encadrant (chef d’équipe, responsable de production, directeur d’usine). Mais la production c’est aussi des fonctions auxquelles on ne pense pas spontanément. Nombre de collaborateurs servant à assurer un niveau de production optimal et qualitatif. Ainsi, nous retrouverons des techniciens et des ingénieurs en charge des méthodes de production et de l’amélioration continue. Ce sont des collaborateurs ayant un sens aigu de l’analyse qui étudient la production au quotidien afin de permettre de produire de façon efficace et d’améliorer les conditions de travail des collaborateurs sur les lignes de fabrication. Ceux n’ayant pas poussé leurs études jusqu’à un diplôme d’ingénieur pourront se tourner vers les fonctions du contrôle qualité. En effet, le personnel chargé de la qualité devra s’assurer que la production délivre une qualité de produits répondant parfaitement au cahier des charges initial. Enfin, les plus bricoleurs pourront se tourner vers les métiers de la maintenance. Particulièrement stratégiques, les métiers de la maintenance ont pour but de garantir que chaque équipement industriel nécessaire à la production ne tombe pas en panne et, le cas échéant, d’effectuer les réparations dans un délai minimum.

Avant-vente et après-vente

On imagine aisément les gens qui effectuent les recherches pour faire de nouveaux produits et ceux qui les fabriquent. On pense moins souvent à ceux qui accompagnent les commerciaux ou qui assurent la satisfaction client. Malgré tout ce sont des postes stratégiques et tout autant pénuriques. En ce qui concerne l’avant-vente, les entreprises ont toujours besoin d’experts techniques en capacité d’aider les commerciaux sur des aspects produits spécifiques. Nombre d’ingénieurs sont courtisés sur ces fonctions où le savoir-être, les fameux softskills, ont une importance cruciale pour chaque négociation. Enfin, les métiers du SAV ont une importance grandissante dans l’industrie. En effet, l’air de la production à tout va sans se soucier du client est terminée et les entreprises gagnantes sont celles qui ont mis le client au cœur de leur activité. On note donc un volume de recrutement conséquent sur des postes de techniciens SAV particulièrement difficile à recruter dès lors qu’ils se déplacent dans le monde entier (certains salaires mensuels dépassent parfois 10 000€) malgré des diplômes pas toujours très élevés (CAP ou Bac pro mécanique par exemple). Enfin, les métiers du SAV téléphonique (aussi appelés hotline) permettent à des gens pas toujours expert technique d’intégrer des entreprises industrielles.

Et 2020 dans tout ça ?

Le site de l’usine nouvelle nous annonce une nouvelle année record avec 260 000 recrutements (versus 255 000 en 2019). Cette nouvelle décennie sera donc, logiquement, très positive pour l’emploi en France et devrait donc voir de grosses tensions sur un marché déjà compliqué. Une excellente occasion pour certains profils de trouver leur voie dans l’industrie.