On a l'impression de n'avoir plus qu'un seul droit : celui de travailler !

Cette phrase, entendue de la bouche d'un salarié il y a déjà quelques semaines, prend évidement un écho tout nouveau depuis les annonces du Président de la République et l'instauration d'un couvre-feu.

Ainsi à la dépression de l’automne, à l’angoisse face à la maladie, à la crainte du chômage, s’ajoute désormais ce sentiment d’être privé de toute réjouissance autre que Netflix. C’est évidemment exagéré, et sans doute un peu irrationnel, mais c’est un ressenti que l’on ne peut que constater.

Énorme coup de mou, donc, chez les salariés, auquel les entreprises vont devoir faire face… à distance ! Car les annonces du Gouvernement vont accélérer le retour du travail quasi-systématique à la maison – quand les salariés disent eux-mêmes vouloir évoluer dans un monde hybride mixant travail à distance et travail au bureau.

Et si justement ce retour en force était aussi une opportunité pour les entreprises pour accélérer cette révolution culturelle – une belle façon de ne pas subir la situation mais de la maitriser et de projeter le salarié vers le monde du travail de demain qu’est en train de construire la crise d’aujourd’hui ?

Quel peut-il être, ce monde du travail ?  Cela dépend réellement, profondément, de ce que vont vouloir en faire les entreprises. Et c’est là où elles ont une opportunité formidable de construire une relation nouvelle entre elles et leurs salariés, fondée sur la confiance mutuelle et la flexibilité.

Le travail à distance forcé donne certes le goût du télétravail aux collaborateurs. Mais il leur révèle aussi le prix de la liberté de choix. Ce qu’ils vont souhaiter pour demain, c’est de pouvoir choisir, dans les limites de l’intérêt de l’entreprise et de l’équipe, entre la maison et le bureau. C’est très certainement ça la direction à prendre, et celle sur laquelle il faut à tout prix communiquer auprès des salariés pour qu’ils puissent ne pas seulement subir aujourd’hui, mais espérer en demain !

En ce sens, toute restriction apportée aux nouveaux modes de travail – du type interdiction de travailler à distance certaines journées en télétravail, système informatique pour "poser" sa journée de télétravail (quelle absurdité : doit-on vraiment poser une journée de travail !?), etc. – doit être définitivement bannie. C’est au manager d’organiser les rythmes de son équipe, en fonction bien sûr des impératifs du client ou du service, mais aussi des contraintes et des intérêts du collaborateur.

Ne vous y trompez pas cependant. Accélérateur du changement, la crise de la Covid ne transformera pas la culture comme par magie. Il faut convaincre les leaders (41% semblaient encore réticents selon notre récente enquête du mois de septembre), accompagner et former les managers, préparer les collaborateurs. Et il faut le faire maintenant, car c’est maintenant que c’est en train de se passer !

En prenant soin de l’expérience que sont en train de vivre ses salariés et de celle qu’elles veulent lui offrir demain, par la transformation d’ores et déjà et sur le long terme de leurs modes de travail et leur culture managériale, les entreprises aideront aussi leurs collaborateurs à mieux accepter le sacrifice d’aujourd’hui – et donc à rester mobilisés et engagés !