Comment vaincre la peur de parler en public

Si la crainte de s'exprimer face aux autres est courante, elle peut être contrôlée par l'entraînement et une série d'exercices.

La parole est liée au verbe, c'est-à-dire au sacré. Le son, comme la parole s’élèvent de  notre intimité ; de notre « moi profond ». Parler en public  est une  épreuve car notre intimité est dévoilée. C’est un acte impudique, et les acteurs, dont c’est le métier, ont un caractère impudique, voir exhibitionniste.  Mais, si l’acteur ne recouvrait pas sa voix, de mots d’auteur, il serait souvent maladroit. Nous en découvrons la preuve lors de quelques interviews, où leurs lacunes apparaissent, dans  cette épreuve. La voix témoigne ou trahit nos émotions les plus secrètes. Celle de la peur qui l’étouffe, de la colère qui la transcende, de l’amour qui l’adoucit. Par cette observation, on peut admettre qu’il n’est pas aisé de s’exprimer en public. Même  en évoquant des sujets froids et professionnels, c’est toujours notre voix, notre énergie vitale qui doit s’exprimer devant les autres.
Pour couronner le tout, notre corps en public, se sent observé, épié. Il est la cible de dizaine ou centaine de regards convergents vers nous, et pas toujours bienveillants (du moins se l'imagine -t-on). L'effet miroir de ces regards nous renvoie un corps lourd, maladroit et emprunté qui augmente notre gêne et trahit notre comportement. La nudité de notre corps, mains et visages veulent s'effacer (encore la pudeur). Les mains cherchent les poches, avec fébrilité (les hommes surtout) et le visage fixe ostensiblement le sol, comme l'autruche qui s'imagine, ainsi, qu'elle n'est point  vue.  La peur de parler en public fait écho à un comportement impudique. C'est toute notre relation au corps qui est mise en question. Il n'y a que lors des moments festifs, l'alcool aidant, que l'on se lance dans la mêlée. Qui plus est, les habitudes quotidiennes  ne permettent pas  à nos voix de s'évader (les bureaux  sont feutrés et le parler fort est vulgaire). Et, nos douches sont prises trop rapidement pour s'exercer à chanter. Quant à notre corps, il s'entend bien à passer de l'ascenseur au parking, de la voiture au métro ; à s'asseoir dans le fauteuil de son bureau, puis tapoter pendant des heures sur les touches de son ordinateur. Et, inversement, en retrouvant le canapé douillet de notre appartement. Mais, point, ici, de quoi transformer nos gestes en mouvements libres, ouverts et harmonieux. Face à un public toute cette prison du comportement, tous nos « petits gestes » apparaissent dans le halo des projecteurs. Le regard de l'autre peut enfin devenir inquisiteur. Cet autre, qui, par identification, ressentira le malaise ou le naturel de la personne regardée, écoutée.
Le mental stressé de notre « acteur » improvisé achèvera le programme de la peur de « parler en public ». Car le mental reste la carte mère de cet ordinateur qui n'a pas intégré le logiciel du comportement.  Nous sommes une civilisation du « pourquoi » davantage que du « comment ». Lorsque nous préparons un discours, c'est une information et non une communication qui verra le jour. La notion du corps, du mouvement est absente. Nous voulons dire mais ne voulons pas faire, et pourtant c'est bien un corps, une voix, des inflexions, un regard que nous allons découvrir en public. Dans le royaume du mental, l'exercice de communiquer n'implique pas le corps. Hors, c'est lui, voix comprise, qui est totalement à l'oeuvre dans cet exercice. Lors de la présentation d'un projet, de l'organisation de réunion, d'une  négociation serrée, d'une rencontre conflictuelle, nous sommes constamment dans l'exercice de la parole et de la communication face à un public. Le contrôle de nos émotions et de notre comportement sera la clef d'une réussite qui entraînera l'adhésion, ou suscitera des réticences. Par l'entraînement aux techniques de respiration, de concentration,  et de techniques empruntées au travail de l'acteur notre  facilité à « être » ouvrira la porte de notre facilité à « transmettre ». Cette transmission n'est rien d'autre que la communication pleine, sereine, efficace et enthousiaste qui laisse loin derrière « la peur de parler en public.»
Lorsque nous nous posons dans l'espace de la communication, d'une manière pragmatique et non théorique, nous ouvrons la porte du « mieux être ». En effet, tous les professionnels du « mieux dire » entendent cette réalité du « mieux être » qui devient  indispensable. Les techniques nécessaires pour être à l'aise dans sa communication impliquent un entraînement rigoureux, une conscience aigüe, une observation de soi et des autres, froide et implacable.

Le recul : Pour savoir parler, il faut savoir se taire, en comprenant le sens riche du silence. Pour exercer des silences dans sa communication (et non des blancs, les fameux silences trop longs), il faut rencontrer le grand silence du recul, de la distance, de la concentration. Dans ce silence on s'observe, on prend conscience de sa respiration. Si la respiration n'est pas bonne, si le rythme n'est pas souple, le verbe ne peut être que son reflet. On parle vite et saccadé comme l'on respire. Les exercices sur le calme mental permettent  au communicant enthousiaste de faire passer son discours dans un équilibre parfait.  Le mariage du calme et du dynamisme produit  un effet étonnant sur les interlocuteurs.

Le corps et son comportement :
 Le « mieux être » doit intégrer le comportement du corps comme  l'accompagnement de l'esprit calme. Le corps parle autant que la parole et le verbe. L'observation du corps par tous les publics correspond à 57 % de son attention. Si l'on s'ennuie devant des corps figés derrière des pupitres ou des bureaux, on ne peut adhérer spontanément aux paroles prononcées. Dynamiser ses gestes par des mouvements harmonieux et larges, ouvre le potentiel de l'énergie et de la vitalité du corps. En retrouvant des gestes, des mouvements, des déplacements ouverts le communicant se sent mieux. Par identification, ceux et celles qui les écoutent ressentent cette harmonie, cette facilité à se mouvoir.

La voix, l'énergie vitale : Le « mieux être » doit rencontrer l'espace du son qui libère, qui entraîne ou produit un malaise. Les personnes prises de panique ne peuvent laisser échapper un son. D'autres vont hurler. Mais, quels que soient les réactions, le son sera la manifestation de notre propre énergie. Dans notre société (bien éduquée),  il ne faut pas élever la voix et l'énergie du son est pratiquement absente. Elle est feutrée, tournée vers l'intérieur, on garde tout pour soi. S'entraîner à diffuser le son, à ressentir ces vibrations dans tout son corps, à jouer avec  les modulations permets à notre énergie de circuler. Si la voix est libre, les mots l'habilleront d'une façon élégante ou puissante. Ils influenceront alors un auditoire séduit.

Parole, corps et esprit : L'esprit clair et calme se libère du stress, et libère à leur tour les gestes et les mots. Par cette harmonie de l'ensemble, la présence et le charisme se manifestent.

Le constat se vérifie. Le travail sur la communication s'inscrit dans un registre de bonne santé des communicants, de tout responsable qui doit se faire entendre et voir. L'acte de communiquer n'est plus anodin. Il ne ressemble pas à ces informations soutenues par des appareils de communication modernes et performants, qui provoquent, surtout une torpeur générale. L'énergie étant communicative, ceux et celles qui observeront un programme de « mieux être » pour « mieux dire » séduiront et entraîneront leurs semblables, leurs collaborateurs et tous les êtres qui n'aspirent qu'à suivre des leaders authentiques, efficaces et sereins.