Du pouvoir à l'autorité

Être détenteur d’un pouvoir (politique, dans l’entreprise, dans une association…) ne garantit pas que l’on ait pour autant de l’autorité, c’est-à-dire qu’on soit volontairement suivi par ceux que l’on doit ou veut entraîner dans son sillage.

Pouvoir et autorité deux choses différentes

Détenir un pouvoir c’est occuper une position permettant à son/ses détenteurs de décider, diriger, autoriser, refuser, arbitrer, engager des moyens…, cela pour réaliser certains buts et objectifs, en espérant obtenir des choses (adhésion, comportements, actions…) de certains autres (citoyens, collaborateurs, adhérents, élèves…). Cette position peut-être :

  • Attribuée (élection, nomination, succession, cooptation, tirage au sort…)
ou
  • Auto-produite (Chef d’entreprise…)
ou
  • Conquise (Coup d’état, révolution, conquête militaire…)
ou
  • Usurpée (fraude électorale, CV tronqué…)

 

Avoir de l’autorité, c’est obtenir une adhésion volontaire sans contraintes physiques, psychologiques, morales, économiques, cela via notamment une démarche de communication pour répondre aux besoins d’information, de sens, d’éthique, de participation/de pouvoir, de reconnaissance. L’adhésion ne se décrète pas, elle est une posture à la fois raisonnée et affective.

On peut donc avoir :

·         une position de pouvoir et de l’autorité

·         une position de pouvoir mais pas d’autorité

·         de l’autorité sans détenir une position de pouvoir

Les sources de légitimation contemporaine du pouvoir

Tout pouvoir cherche à avoir de l’autorité ou plus d’autorité. Pour cela, il est dans la nature du pouvoir de chercher à se légitimer pour avoir cette autorité.

Les cinq niveaux actuels de légitimité pour transformer le pouvoir en autorité

•      1) Une légitimité contributive/fonctionnelle

En quoi ce pouvoir est-il utile, voire nécessaire. En quoi donc son existence est en soi légitime ? Quelle valeur ajoutée va -il apporter ? En quoi son absence est-elle préjudiciable ?

•      2) Une légitimité attributive

Ce deuxième type de légitimité correspond à la dimension légale. La détention du pouvoir est-elle conforme à la Loi, à la coutume, à la règle, aux procédures…….

•      3) Une légitimité éthique

Le pouvoir est-il exercé dans le respect des valeurs, des principes, des coutumes, des croyances…, qui fondent la communauté concernée ?

•      4) Légitimité personnelle

Personnalité, compétences, réussites, échecs, réputation, charisme, éthique personnelle…, de celui ou de ceux qui exercent le pouvoir

•      5) Légitimité de praxis

Cette légitimité est donnée par ceux que l’on dirige et plus largement par ceux qui environnent le dirigeant/le groupe dirigeant. Elle est fonction des pratiques, des comportements mis en œuvre et des résultats obtenus. Cette légitimité porte notamment sur quatre registres :

•      Les fins/finalités/buts/objectifs/projet/vision/stratégie proposés par le dirigeant sont-ils connus, compris et partagés ?

•      Les façons dont le dirigeant/détenteur du pouvoir dirige/se comporte/ sont-elles exemplaires et sont-elles approuvées ?

•      Peut-on faire confiance au dirigeant et plus largement à la structure dirigeante ?

•      Les résultats sont-ils conformes aux promesses/objectifs ; du moins, sont-ils acceptables ?

 

Passer de l’obéissance à l’adhésion

Hier, ce qui était recherché par les dirigeants détenteurs de pouvoir, c’était l’obéissance, qu’elle soit obtenue par la contrainte ou qu’elle soit librement consentie. Aujourd’hui et demain, dans un monde marqué par le changement continu et accéléré, par l’incertitude et la complexité, les principaux défis à relever sont des défis adaptatifs et innovateurs. Dans ce contexte, l’obéissance, n’est plus une réponse pertinente. Ce qui est demandé aux personnes comme aux organisations, c’est :

•      De l’initiative

•      De l’engagement,

•      De l’adaptation aux changements

•      De l’innovation

•      De la compétence, donc un apprentissage et un désapprentissage permanents

 

Tout cela, ne saurait reposer sur l’obéissance mais sur l’adhésion. La contrainte, n’est donc plus la voie royale d’exercice du pourvoir.

 

Pour conclure : on constate que les formes traditionnelles d’exercice du pouvoir basées sur la domination et l’obéissance marchent de moins en moins, l’autorité n’est pas au rendez-vous. La posture du chef, n’est certainement pas une posture d’avenir. Des formes de leadership partagé commencent à émerger dans l’univers de l’entreprise, elles sont encore très discrètes dans le monde politique. Le leadership partagé est une force qui si l’on prend une image, encourage les participants (collaborateurs, citoyens, adhérents…) d’un voyage à passer de l’état de passager à celui d’auteur/co-auteur et d’acteur d’une aventure partagée. La crise de l’autorité ne se résoudra ni par des postures autoritaires largement rejetées, ni par des postures d’abandon ou de manipulation. En fait, ce n’est pas le pouvoir en tant que tel qui est rejeté, ce sont les façons dont il est exercé.