La crise du coronavirus va-t-elle réinventer la formation professionnelle ?

Loin d'être une parenthèse, cette période modifie profondément les habitudes des consommateurs en matière de formation.

Tout était déjà là. Les formations en ligne se sont déjà pleinement démocratisées depuis 2012 et la vague des MOOC, les Massive Open Online Courses. Sur ces plateformes d’apprentissage en ligne, les ressources sont librement accessibles pour l’apprenant qui choisit le rythme qui lui convient. Ce format est particulièrement adapté à des personnes autonomes dans l’acquisition des savoirs qui souhaitent développer leurs compétences.

Les outils étaient déjà là. Ces dernières années, les outils pour assurer une formation de qualité en ligne se sont rapidement développés pour atteindre un niveau de maturité et de stabilité très élevé. Sans être physiquement au même endroit, les outils de visio-conférence (Meet, Zoom, Skype, etc.), de chat (Slack, Teams, etc.) et outils de partage de documents (Google Suite, etc.) permettaient déjà d’introduire de l’interaction directe entre un formateur et une communauté d’élèves. 

Le réseau était déjà là. Jusqu’à récemment, la connexion à un réseau haut débit était encore perçue comme un obstacle majeur à l’accessibilité des formations en ligne, et tout particulièrement en téléprésentiel. L’accès à un réseau fibré depuis quasiment tous les territoires a changé la donne. Si quelques zones blanches persistent, il est aujourd’hui possible de se connecter et de suivre des visio-conférences engageantes et interactives avec plusieurs centaines de participants venus de toute la France. 

Tout était déjà là, mais on ne l’avait pas encore pleinement réalisé. La crise actuelle a accéléré radicalement notre transition numérique collective. Les formations en ligne ont un boulevard devant elles. 

L’habitude de travailler à distance

Si les formations à distance existent depuis plusieurs années, la plupart des français n’étaient pas encore habitués à recourir à ces modalités pour se former. D’autant plus qu’en France l’offre de formation en présentiel est de bonne qualité et bien développée. L’enseignement en ligne n’avait pas encore complètement trouvé sa place dans le coeur des apprenants. 

Le confinement pousse à changer les habitudes, à tester de nouvelles méthodes, de nouveaux outils, et à y prendre goût. Si encore très récemment il était courant d’associer la formation en ligne à un manque de sérieux ou à une qualité moindre, après la crise actuelle, le fait même d’avoir réalisé avec succès une formation en ligne peut s’avérer un véritable atout. La formation en ligne permet de développer l’autonomie, la rigueur, la capacité de s’organiser. Savoir télétravailler va certainement devenir une compétence recherchée par les employeurs. 

La baisse du pouvoir d’achat 

La crise économique suivra la crise sanitaire, ce qui diminuera sensiblement le pouvoir d’achat des consommateurs, y compris pour leur formation. Les entreprises sont également durement touchées, elles qui habituellement cotisent au système de financement de la formation professionnelle ou financent directement la formation de leurs collaborateurs. 

Les particuliers et les entreprises pourront alors vouloir se tourner vers des formats moins chers, et économiquement plus efficaces. La formation en ligne en fait partie, en permettant de s’affranchir du coût des locaux et de mutualiser certaines ressources.

L’offre de formation en présentiel ne disparaîtra pas, car elle répond à un besoin de très nombreux apprenants. Elle sera néanmoins complétée de plus en plus par une offre de formations en ligne qui attirera de nouveaux publics. Les habitants des campagnes vont pouvoir accéder à des offres de formation de qualité - souvent moins développées sur les territoires. Des personnes qui ne peuvent pas se déplacer au quotidien dans un centre de formation pourront les suivre depuis chez elles, ce qui contribuera à renforcer la mixité des publics dans les formations à distance.