Ecoles et universités : la tempête bravée, cap sur une rentrée décisive

Reposant jusqu'ici sur un faible investissement dans le digital, nombre d'établissements ont entamé une transformation à marche forcée pour assurer leur mission de formation.

Si l’horizon semble s’éclaircir, l’été ne sera pas de tout repos pour les écoles et universités. La crise sanitaire a mis l’enseignement supérieur face à des défis inédits et immédiats, les obligeant à agir sans délai pour éviter le délitement du lien fondamental avec les élèves. Reposant jusqu’ici sur un faible investissement dans le digital, nombre d’établissements ont entamé une transformation digitale à marche forcée pour assurer leur mission de formation et d’accompagnement à un moment charnière de la vie de leurs étudiants. Une réaction nécessaire, mais surtout stratégique, alors que l’enseignement supérieur voit son modèle de financement remanié et son attractivité, de plus en plus concurrencée.

Un bond en avant 

Le 16 mars dernier, la mise en place du confinement a brutalement coupé le lien qui reliait les écoles à leurs étudiants. Soudain isolés, les établissements ont dû répondre à de nombreux challenges À cet égard, la crise sanitaire a été un allié involontaire dans l'accélération de la transformation des écoles, donnant un blanc-seing au digital et permettant la mise en place d’expérimentations qui n’auraient peut-être pas vu le jour avant longtemps. A ce titre, la crise a rendu les écoles et les universités françaises extrêmement réactives et innovantes. Dans l’urgence, elle ont d’abord pris en charge le rapatriement des étudiants étrangers ou éloignés du domicile parental, et se sont assurées des modalités du maintien de la formation. Puis, elles ont en l’espace de deux mois mis en branle plusieurs années de projets pour métamorphoser leur activité en profondeur : évaluations à distance télésurveillées, forums dématérialisés pour l’accompagnement carrière des élèves à la recherche d’une alternance ou bientôt diplômés, ou encore dispositifs d’accueil à l’attention des futures recrues, des portes ouvertes aux concours d’entrées et entretiens individuels, là encore virtuels. 

Prévisions, planification, projection

Derrière les choix opérés pour rétablir cette expérience pédagogique bousculée, les écoles et universités se sont également attachées à dessiner dès le mois de mars les pistes pour préparer le retour en présentiel de leurs étudiants, encore incertain mais largement plébiscité par le CNU. Pour les écoles, les défis posés par des mesures sanitaires évolutives sont nombreux : assurer l’accueil des étudiants étrangers, imaginer des cours partiellement à distance à la rentrée, gérer la rotation des élèves sur les campus... Cela, tout en apportant une expérience élève qualitative afin de ne pas devoir brader leurs formations, et être en mesure de prendre en charge l’ensemble de leurs frais de structure. Elle ont pour cela envisagé tous les scénarii complexes possibles, afin de prendre une longueur d’avance sur la rentrée et les prochains semestres, qui portent eux aussi leurs défis spécifiques.

Les défis structurels de la rentrée 2020

Avec la dernière ligne droite de l’implémentation de la réforme sur la taxe d’apprentissage, la rentrée 2020 sera en effet capitale pour les écoles. Derrière la libéralisation de l’offre de formation en apprentissage et l’ouverture aux plus petites entreprises, les nouvelles modalités de perception de la taxe d’apprentissage suscitent l’inquiétude des établissements. Dans l’enseignement supérieur, notamment en écoles d’ingénieurs et de commerce, certains estiment ainsi une perte substantielle sur les budgets perçus les années précédentes. Alors que le nouveau système prévoit d'octroyer des subventions “par élève” aux CFA, l’attractivité des écoles devient primordiale pour espérer garder un niveau de subvention suffisant. Premier objectif pour la rentrée 2020 : accueillir davantage d’élèves, mais également perfectionner leur formation et leur accompagnement pour garantir leur employabilité dans un environnement socio-économique fortement dégradé.

Sortir gagnant sur le long terme 

Sur un marché de l’enseignement supérieur déjà hyperconcurrentiel, les écoles doivent aujourd’hui trouver un équilibre entre physique et digital sur deux aspects essentiels qui leur permettront de solidifier leur business model : la qualité de l’expérience pédagogique, qu’elle soit délivrée tout ou partiellement par le digital, mais également la capacité à valider la qualité de ces formations en s’assurant de la promesse d'une embauche sur un marché du travail en transformation et durablement meurtri. Pendant le confinement, beaucoup d’écoles ont pris à bras le corps leur mission de tuteur pour accompagner leurs élèves à la recherche d’alternance, en facilitant leur rencontre avec le monde de l’entreprise. Mais au-delà de l’organisation de la rentrée, ce seront bientôt - dès demain en réalité - sur les enjeux de l’insertion professionnelle en CDI, ou des stages de fin d’études sur lesquels il faudra se pencher.

La modification de l’environnement socio-économique accélérée par la crise a mis en lumière une agilité peu associée à l’enseignement supérieur jusqu’ici, prouvant que les écoles et les universités font partie des acteurs refuges en temps de crise. Avec un business model menacé par divers facteurs internes et externes, l’attractivité des écoles en France et à l’international devient plus que jamais capitale. Malgré le manque de visibilité sur la rentrée et le déroulé de la prochaine année universitaire, les établissements de l’enseignement supérieur doivent maintenant transformer l’essai.