Environnement: former aux solutions plutôt que "sensibiliser" aux problèmes
Si les Français sont très majoritairement conscients de l'urgence environnementale, pourquoi la mise en action peine-t-elle tant à se concrétiser?
Selon un sondage SocioVision/TF1 de 2022, 87% des Français déclarent être conscients de l'urgence climatique. Estiment-ils pour autant toute la dimension du défi à relever? Rien n’est moins sûr. Selon une autre enquête (européenne celle-ci, publiée par Kantar), le dérèglement climatique semblait encore un lointain problème, tant en termes d’échéances que sur le plan géographique. Pire, s’ils souhaitaient voir accélérer les actions de transition, une minorité seulement envisageait de participer activement et personnellement à cette transformation.
Des contre-vérités qui persistent
En cause? Une trop grande méconnaissance des solutions existantes, mais aussi de nombreuses idées reçues que les seules campagnes d’information ne suffisent pas à éliminer. Non, agir pour la transition ne coûte pas aussi cher que certains veulent le croire. Non, la voiture électrique n’est pas plus polluante qu’une voiture thermique (son bilan CO2 est en moyenne quatre fois inférieur). Et bien sûr que si, les panneaux photovoltaïques sont plus écologiques que toutes les solutions de production d’énergie en cours d’utilisation. Mobilité, énergies, gestion des déchets, recyclage… la liste est encore longue de ces contre-vérités qui persistent et freinent l’efficacité de la transition. Sans parler de l’agacement montant face à ce que beaucoup ressentent comme une culpabilisation aussi permanente que pesante.
On le voit, la sensibilisation de masse ne peut donc plus aujourd’hui influer durablement sur cette transition. Une prise de conscience individuelle et concrète s’avère alors plus que jamais indispensable, qui doit passer par la formation de chaque citoyen sur les enjeux actuels autant que sur l’impact de sa propre consommation, de ses actions du quotidien, et de son travail.
Le devoir de (se) former
De fait, longtemps sous-estimée, la formation des salariés est devenue l’un des premiers axes RSE des entreprises. Les gestionnaires de flottes l’ont bien compris: la pédagogie et la possibilité de leur faire tester préalablement un véhicule électrique suffisent généralement à voir s’éteindre les réticences les plus vives. À leur tour, les entreprises se doivent donc de transmettre les enjeux de la lutte pour la décarbonation au travers de formations concrètes passant notamment par des sessions La Fresque du climat (qui a franchi en 2023 le cap du million de personnes sensibilisées et les 45 000 formateurs-fresqueurs dans le monde). Mais pas seulement. D’autres solutions existent aussi, à l’image de Ma Petite Planète ou du Tribunal des Générations Futures notamment. Que l’on opte pour ces formats ou pour la mise en place d’ateliers organisés en interne, voire d’un séminaire dédié, l’objectif demeure quoiqu’il en soit le même: à court terme, tous doivent pouvoir s’impliquer pleinement, et surtout volontairement.
Mais, bien entendu, limiter cette éducation au seul cadre professionnel ne serait pas suffisant. Dans notre vie privée aussi. Elle doit même commencer dès le plus jeune âge, suivant l’exemple du programme Watty piloté par Eco CO2, et qui propose l’organisation d’ateliers pédagogiques dans les écoles françaises. En ramenant à la maison leur nouveau savoir, les écoliers permettraient à leurs familles une économie moyenne de 6% par an sur leurs consommations d’électricité!
Vers un répertoire de la formation durable
Bref, face au défi de la décarbonation, nombreuses et variées sont les solutions. Reste à les connaître et à les rendre accessibles au plus grand nombre. Et si, pour ce faire, l’on imaginait dès maintenant une plateforme numérique référençant les différents acteurs? Comme une sorte de répertoire des solutions durables, démocratisé et collaboratif, permettant à chaque citoyen d’agir à son échelle. Et parce qu’on nous l’a assez dit: les plus petits de nos gestes comptent, pour une prise de conscience collective.