Les PME : nerf de la guerre pour le gouvernement d’ici 2017

Parmi les innombrables chantiers du gouvernement, figure celui de l’entreprise. Malmenées, pour ne pas dire méprisées, depuis le début du quinquennat, François Hollande opère lentement un tournant social-libéral.

L’objectif, prioritaire et crucial pour la croissance et l’emploi, doit être de redonner des conditions convenables pour entreprendre et exercer son activité. L’avenir des PME, colonne vertébrale incontournable et fragilisée de l’économie française, en dépend.
Aux grands maux, les grands remèdes. A priori, il ne s’agit pas du proverbe préféré de François Hollande. Car depuis le début de son quinquennat, le mal s’est aggravé, à mesure qu’une politique économique contreproductive était appliquée, d’abord par Pierre Moscovici puis, dans des proportions encore plus importantes, par Arnaud Montebourg. Le résultat est consternant : chômage de masse, activité atone, risque de déflation, dette et asphyxie fiscale des entreprises et des ménages.

Le pire dans tout cela, c’est que depuis 2012, François Hollande a probablement en tête une politique économique plutôt équilibrée, avec en filigrane la volonté de contrebalancer les politiques d’austérité qui, dans leur ampleur actuelle, plombent toute reprise. Problème, le chef de l’Etat a la main qui tremble au moment de mettre en place des politiques difficiles à accepter pour sa famille politique.
Avec cette rentrée apocalyptique, l’heure n’est enfin plus aux tergiversations. Arnaud Montebourg a été limogé à la suite d’une nouvelle sortie irrévérencieuse. Emmanuel Macron le remplace et sera chargé, entre autres, de mettre un terme définitif à l’idée anachronique du patriotisme économique et de réconcilier le gouvernement avec les entreprises. Pour l’aider dans sa tâche tout sauf aisée, quelques outils existent d’ores et déjà et doivent être encore développés. Ceux relatifs au financement des PME notamment.
Le gouvernement lui-même, a consacré un colloque à cette thématique en juin dernier. « Les PME rencontrent aujourd’hui plus de difficultés pour financer leurs projets d’investissements, mais surtout leurs besoins à court terme en trésorerie », peut-on lire sur le site du ministère de l’Economie. « Selon la Banque de France, la crise a entrainé jusqu’en 2012 un ralentissement de la distribution de crédits aux entreprises. (…). Face à cette situation, de nombreuses initiatives ont vu le jour tant en Europe qu’en France (création de Bpifrance et d’Enternext, développement de fonds obligataires, création du PEA-PME, nouveau cadre juridique pour le financement participatif…) ».
Pour n’aborder que les deux principaux outils de financement, Bpifrance est le principal apporteur en capital des PME. Le groupe représenterait quelque 70 % des levées de fonds. Quant à Enternext, il s’agit d’une véritable bourse dédiée aux petites et moyennes entreprises, créée sur le modèle d’Euronext, à l’initiative de son PDG Dominique Cerutti. Lancée en 2013, cette bourse vise clairement à compenser le manque d’accompagnement des banques et le manque de liquidités des entreprises.
De fait, en 2013, les PME ne se sont financées qu’à 1 % via les marchés, contre 92 % par le crédit bancaire.
« Depuis sa création en mai 2013, nous avons enregistré 47 introductions en Bourse sur nos quatre places européennes, pour un total levé de plus de 1,8 milliard d’euros », explique ainsi Eric Forest, patron d’Enternext à l’Agefi. « Cette vague d’IPO est aussi remarquable par sa diversité sectorielle : sociétés industrielles, cleantechs et technos sont présentes », poursuit-il.
De quoi séduire les start-up en quête de financements, notamment dans le domaine du numérique, et qui se trouvaient bridées dans leur développement avec la réduction drastique des crédits bancaires.
Et de quoi confirmer un autre proverbe, que François Hollande et Emmanuel Macron connaissent peut-être, selon lequel « les arbres aux racines profondes sont ceux qui montent haut ».