Rémunérations : les entreprises françaises ne coupent pas le robinet

Deux-tiers des PME accorderaient des augmentations au moins égales à l'inflation. Côté grands groupes, les hausses seraient de 2,5 %.

Comment les entreprises ajustent-elles les rémunérations face aux impératifs économiques ? Ont-elles vite réagi ? Sont-elles seulement sur la défensive ? Ou favorisent-elles la préservation du pourvoir d'achat ? C'est ce que se sont demandé deux cabinets de conseils, Towers Perrin et Grant Thornton.

Au moins l'inflation

Le premier s'est attardé sur les pratiques des grandes entreprises (Cac 40 et SBF 80). Il ressort de son étude que les augmentations salariales prévues pour 2009 ont été revues à la baisse de 0,5 % entre novembre 2008 et aujourd'hui. Leur niveau général ne s'établirait plus qu'à 2,5 %, pour une inflation de 1 % sur l'ensemble de l'année. En effet, un certain nombre d'entre elles n'ont pas pu revenir sur les conclusions de leurs négociations annuelles obligatoires, indexées sur les taux d'inflation trois fois supérieur du milieu d'année.

 

Une situation qui serait comparable chez nos principaux partenaires, selon Eric Wuithier, directeur associé de Towers Perrin : "à ce jour, Towers Perrin ne disposant que des résultats pour quelques pays, une comparaison des augmentations 2009 en France avec les augmentations à l'international ne peuvent être que très partielles. Le premier constat porte sur un repli général des taux d'environ 1 % par rapport à 2008 en France comme ailleurs. Le second montre qu'en dehors des Etats-Unis et de la Chine, les taux en France restent néanmoins bien positionnés en particulier vis-à-vis de l'Angleterre ou le 'tour de vis' est important."

Parallèlement, Grant Thornton évalue à 77 % le nombre de PME françaises qui prévoient d'augmenter les salaires de leurs employés d'au moins le niveau d'inflation. Pour 85 % d'entre eux cependant, ce sera l'inflation et pas plus. 7 % se disent toujours indécis pour 2009, ayant insuffisamment de visibilité.

Souci d'attractivité ou d'équité ?

La modération salariale semble donc être de mise au sein des entreprises françaises sans qu'elles coupent pour autant les robinets du jour au lendemain. A titre de comparaison, selon Grant Thornton, 7 % des employeurs danois et irlandais envisagent de réduire les rémunérations versées à leurs salariés, contre 5 % des Britanniques et des Américains. Aucune entreprise française ne semble s'y résoudre pour le moment. Une situation que Jean-Jacques Pichon, associé au sein du cabinet, explique par la nécessité de préserver leur attractivité comme employeur : "le recrutement des profils adéquats en 2008 a paru tellement ardu aux dirigeants de PME qu'ils ne veulent pas risquer de perdre leurs meilleurs éléments et d'être dans l'incapacité de les remplacer en cas de besoin."

Au sein des grandes entreprises, les priorités sont autres. Plus que la fidélisation, c'est l'équité qui fait office de maître mot. Pour la première fois depuis dix ans, les mêmes taux d'augmentation totale s'appliqueraient à tous les salariés, qu'ils soient cadres dirigeants ou non cadres. C'est en tout cas ce qu'affirment les trois quart des entreprises interrogées par Towers Perrin.

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