Transformation digitale : le nouveau souffle de l’intérim

Alors que les agences d’emploi apparaissent comme l’un des premiers recruteurs en France, celle-ci sont confrontées à la difficulté de trouver des candidats sur des métiers en tension et doivent digitaliser leurs activités pour libérer un temps précieux et se concentrer sur le cœur de métier.

Si la digitalisation des RH n’est pas nouvelle, son accélération est devenue une lame de fond qui révolutionne toute l’organisation et les modes de travail des secteurs de l’intérim et du recrutement.

Aujourd’hui, les outils numériques mis en place ne remplacent pas le consultant, pour autant ils entraînent une profonde mutation de cette branche. 

Le consultant du futur sera hybride, à la fois actif et pro-actif, un technophile augmenté et engagé auprès de sa communauté d’intérimaires… Libéré de tâches chronophages et à faibles valeurs ajoutées, mais aussi mieux informé sur les profils de ses candidats, grâce aux données disponibles, il sera en mesure de tisser des liens pour construire et valoriser des parcours professionnels multi-facettes. Cela va devenir d’autant plus crucial que selon de récentes études, plus d’un million d'actifs en France, dont 35% de millenials, sont des travailleurs indépendants. Les nouvelles générations illustrent bien la tendance à venir :  demain, les intérimaires, ne seront plus seulement intérimaires, mais également freelances, flexiworkers, ou encore slashers. L’intérim a ouvert le champ des possibles à ces nouveaux actifs en quête de flexibilité, d’un travail “à la carte” mais dans un cadre, une réglementation ne faisant plus rimer intérim avec précarité.

Une tendance en hausse pour des flexiworkers, qui trouvent dans le statut d’intérimaire certains atouts conciliant art de vivre et art de travailler. Souvent jeunes, connectés et mobiles, ils sont acteurs de cette intermédiation digitale apparue avec les usages numériques. La simplicité d’utilisation a facilité les échanges qui n’ont jamais été aussi nombreux. Un paradoxe quand on parle du digital comme vecteur de désintermédiation ! Les agences d’emploi ont donc toutes les chances de devenir le relais de ces travailleurs en quête de nouvelles formes d’emploi et de conditions de travail en rupture. Le "future of work" passera donc par les "plateformes d’intermédiation" dont les agences d’emplois enrichies de digital sont les pionnières.

D’une relation unipersonnelle déjà très forte, la digitalisation des services a rapproché consultants, intérimaires et clients. L’agence d’emploi a évolué : plus à l’écoute des besoins des clients, de leurs difficultés à recruter, le consultant est devenu un expert disposant d’une connaissance parfaite des bassins d’emplois. La digitalisation y apparaît comme une opportunité créatrice de valeur pour l'ensemble des parties prenantes (consultant, client, candidat). Et rendre cette relation tripartite plus forte et pérenne que jamais.

Vers toujours plus de digitalisation

Les outils digitaux libèrent l’agence de tâches complexes et chronophages dans l’objectif d’accroître sa productivité. En outre, la simplification de la relation agence-intérimaire est un axe stratégique majeur pour fidéliser les talents clés de l’agence, et satisfaire au mieux les entreprises clientes en peine de ressources.

La numérisation des usages et la traçabilité des échanges permettent d’évaluer régulièrement les bénéfices utilisateurs avec les entreprises et les intérimaires. En effet, avant l’arrivée des outils digitaux, la communication était monocanal : l’agence s’entretenait d’une part avec ses clients et d’autre part avec ses candidats. Puis, pour se différencier et faire face à l’entrée de nouveaux acteurs, les agences ont mis en place une stratégie omnicanal (avec des sites web, des applications, des coffres-forts numériques…). Les clients ont eu aussi accès à ces services numériques mis à leur disposition. Aujourd’hui le bilan est largement favorable, démontrant une augmentation de la satisfaction clients inhérents à de meilleurs échanges avec l’agence.

Aussi, les services dématérialisés offrent une grande souplesse d’accès et fonctionnent 7J/7 : 42% des commandes passées par les TPE-PME ont lieu à des heures ou les réseaux d’agences physiques sont fermées. D’où la nécessité de proposer une digitalisation et une automatisation des échanges. En outre, en mettant à disposition les usages digitaux au plus grand nombre, la numérisation a permis de réduire les coûts (infrastructure, personnel…) tout en améliorant l’expérience utilisateur. Par exemple, l’application "candidat" permet de retrouver via smartphone l’ensemble de ses documents RH évitant des déplacements en agence.  

En effet, pour mieux échanger avec ces nouveaux intérimaires digital natives et se développer sur le long terme, les agences d’emploi doivent poursuivre leur digitalisation et automatisation de leurs services. Ceci en proposant par exemple à l’intérimaire de disposer en temps réel d’offres de missions détaillées qu’il accepte ou décline d’un simple clic, il évolue dans un environnement de flexisécurité respectueux de la législation et des règles.

Si l’hypothèse du tout numérique supplantant la relation humaine est encore lointaine, le consultant de demain va interagir avec les processus numériques. Il devra aussi intégrer des outils d'IA et d’IoT pour analyser les données et gagner en efficacité. À sa panoplie de logiciels classiques, il ajoute désormais des outils de digitalisation de documents RH.

La transformation numérique est bel et bien en marche, mais le futur de l’intérim reste encore à inventer. L’utilisation d’outils d’Intelligence Artificielle, de data analytics pour conseiller les actifs sur le salaire moyen, apporter des métriques sur l’évolution de la courbe de leurs salaires, et établir un meilleur profiling et matching des compétences, etc… font leur apparition. L’agence d’emploi vise alors à devenir un intermédiaire plus dans l’anticipation et dans la transformation. Sans perdre de vue l’humain qui doit rester au cœur de son dispositif.