Les graphes, catalyseur de la nouvelle industrie des RH ?

A l'heure de la numérisation à marche forcée imposée par la pandémie, les RH ont besoin plus que jamais de technologies de pointe pour être en phase avec des changements de paradigmes majeurs. Les bases de données de graphes semblent être un élément clé de la prochaine révolution technologique que connaîtra la Gestion du Capital Humain au cours des 5 à 10 prochaines années. Mais comment ces bases de données vont-elles permettre de mener cette révolution ?

A l’heure de la numérisation à marche forcée, imposée par la pandémie, où travail ne rime plus forcément avec bureau, les Ressources Humaines ont besoin plus que jamais de technologies de pointe pour être en phase avec des changements de paradigmes majeurs. Les bases de données de graphes semblent être un élément clé de la prochaine révolution technologique que connaîtra la Gestion du Capital Humain au cours des 5 à 10 prochaines années. Mais comment ces bases de données vont-elles permettre de mener cette révolution ?

Le graphe au service d’une nouvelle ère RH centrée sur l’humain et ses connexions

La technologie des bases de données de graphes est utilisée partout, des moteurs de recherche à la navigation GPS, en passant par les plateformes de médias sociaux. Démocratisée avec l’affaire des Panama et plus récemment des Pandora Papers, cette technologie a été utilisée pour exposer des malversations, mettant en lumière des pistes que certains avaient essayé de dissimuler.

Concrètement, les données sous forme de graphes informatisent l'interconnectivité et constituent un modèle puissant pour centraliser de grands volumes de données. Ainsi, les bases de données de graphes modélisent efficacement des réseaux complexes d'entités ou de personnes ainsi que leurs relations ou leurs compétences. C'est pourquoi elles sont de plus en plus utilisées dans des contextes relatifs aux RH.

De leur côté, les RH doivent s'appuyer sur des structures claires pour gérer de façon fluide leurs processus afin de s’adapter à la nouvelle réalité du monde du travail induite par la crise, qu’il s’agisse de reporting, de l’attribution des autorisations, des tâches, ou des rôles au sein de l’entreprise. Avoir une vue d'ensemble sur des organigrammes complexes dans un cadre flexible pour pouvoir s’adapter au changement est donc devenu indispensable.

Conçue pour gérer et connecter de grands volumes de données, la technologie des graphes pourrait se révéler être le point de départ d'une nouvelle vague d'applications RH, tel que le prédit l'analyste RH Josh Bersin dans son dernier rapport annuel sur la HR tech.

Selon cette étude, 25 % des entreprises embauchent dans l’analytique des RH. Loin de n’être qu’un simple organigramme, ce domaine correspond à la création d’une base de données RH détaillant les relations, les rôles et les compétences de chacun, à mettre en lien avec les aptitudes requises pour une mission. La technologie des bases de données de graphes étant la plus appropriée pour créer de tels modèles.

« Aujourd’hui, emplois et descriptions de postes ne reflètent pas toujours le travail réellement effectué. C’est pourquoi, l'accent est mis de plus en plus sur le rôle et le projet avec un focus sur les différentes connexions de chaque collaborateur, bien au-delà de son titre, sa fonction, son niveau ou son expérience… Chaque collaborateur n’est plus représenté sous forme d’un nœud de la hiérarchie mais bien d’un nœud connecté à d’autres entités au sein du réseau de l’entreprise. » déclare Josh Bersin.  Un volume de nœuds que seules les bases de données de graphes peuvent stocker et faire évoluer dans le temps tout en optimisant leur usage, notamment pour la planification stratégique de la force de travail.

Cartographier les structures du personnel pour une meilleure vue d'ensemble

Un exemple parfait de ce cas d’usage est celui du constructeur automobile Daimler. Avec 250 000 employés répartis sur plusieurs sites et des équipes interdisciplinaires dans le monde entier, la gestion et la planification du temps de travail des effectifs peuvent être un défi : les responsables travaillent avec leurs équipes permanentes, des travailleurs temporaires ainsi que les ressources de partenaires et de fournisseurs de services. Pour gérer cette situation, Daimler a construit une plateforme RH basée sur les graphes afin de fournir une vision globale de ses structures du personnel.

La solution devait s'adapter aux changements réguliers de personnel de façon intuitive et transparente. Afin d’avoir pleinement la main sur la gestion des employés , il était indispensable de cartographier les structures du personnel pour fournir une vue d'ensemble ou de nouvelles perspectives sur les données. Enfin, le logiciel devait maintenir l'intégrité et la qualité des données en cas de modifications structurelles.

Ainsi, Daimler a choisi une base de données de graphes pour répondre à ces enjeux. Plus concrètement, les nœuds de la base de données de graphe tels que « Employé » ou « Expertise » et les liens entre ces nœuds (par exemple, « actif », « reporte à », « participe à ») peuvent se voir chacun attribuer un nombre quelconque de caractéristiques qualitatives ou quantitatives, telles que la durée ou le type d’emploi.

Ainsi, la base de données de graphes donne à l'équipe RH un aperçu plus approfondi des niveaux structurels. Souvent, les aspects intéressants ne sont visibles qu'à travers l'analyse des relations aux deuxième et troisième niveaux. A l’inverse des bases de données tabulaires ou ne gérant pas nativement les relations, dans la base de données de graphes, les utilisateurs peuvent faire des recherches approfondies sur la structure des données et obtenir de nouvelles informations sur les relations entre les données qui ne sont pas évidentes à première vue.

Identifier les compétences de demain et pallier la pénurie des talents

Si la pandémie a fait grimper les chiffres du chômage à travers le monde, le rebond économique continue grâce, notamment, à la levée des restrictions. Mais nombre d’entreprises se heurtent à une pénurie de candidats et de profils adéquats, en particulier scientifiques.

A titre d’exemple, la NASA avait besoin de créer un système d'analyse des compétences pour répondre à l’évolution rapide des professions et des rôles au sein de son organisation. Un besoin qui se traduit d’un côté par la revitalisation des compétences existantes et de l’autre par l’identification de nouvelles compétences, de nouveaux programmes, projets et surtout de nouvelles technologies. Un processus dont l’aboutissement dépend d’une compréhension globale de l’ensemble des effectifs.

C’est ainsi qu’une base de données de graphes regroupant les compétences essentielles, adjacentes et transversales, les certifications de formation ainsi que les diplômes et les informations relatives au parcours professionnel a été mise en place. Cette base indique également où les compétences sont situées géographiquement et dans quels programmes et projets.

Les équipes peuvent désormais se déplacer de nœud en nœud et parcourir les différentes compétences mais aussi avoir accès à des informations sur les tendances en matière de formation et développement.

La technologie des graphes va-t-elle changer l'ensemble du marché de la gestion des ressources humaines et du capital humain ? L’essence même des bases de données de graphes relève de la gestion des relations, cela semble donc être une exploitation toute naturelle que les responsables RH devraient considérer.