Acquisition et rétention des talents : même numérique, le présentéisme ne passe plus

Dans de nombreuses organisations, le recours massif au télétravail pour faire face à la crise sanitaire s'est accompagné d'une utilisation accrue de solutions de surveillance électronique des employés.

C’est l’une des conclusions principales d’une étude intitulée « L’espace de travail virtuel : les nouvelles règles d’une nouvelle ère du travail » (The Virtual Floorplan : New Rules for a New Era of Work) conduite par le cabinet de recherche Vanson Bourne dans plusieurs pays européens, dont la France, et commanditée par VMware. 70% des entreprises interrogées confirment avoir déjà mis en place ou planifier l’utilisation d’outils de surveillance des employés pour contrôler leur productivité à distance. Pourtant, 39% des entreprises qui ont déjà mis en place la surveillance et 41% des entreprises qui sont en train de le faire, constatent une augmentation, parfois drastique, des départs.

Après deux années de télétravail intensif, beaucoup sont séduits par la flexibilité qu’il offre et manifestent leur désir de la conserver à l’issue de la crise sanitaire. Parmi les plus jeunes générations particulièrement, le présentéisme, même numérique est tombé en disgrâce. Ce même rapport indique que le télétravail va sans doute s’inscrire durablement dans les mœurs. 92% des interrogées déclarent qu'au moins une partie de leurs effectifs travaillent désormais principalement hors des murs de l’organisation.

Les dirigeants sont désormais face au défi d’offrir aux employés la liberté d’accomplir leur mission avec la flexibilité qu’ils recherchent tout en assurant des niveaux de productivité satisfaisants. Du point de vue de l’employeur, la mesure du temps passé, que ce soit au bureau ou derrière l’écran n’est définitivement plus un indicateur fiable. Au-delà du débat sur la légitimité de la pratique, les décideurs doivent se poser la question de sa pertinence.

Des indicateurs tels que le nombre d’emails envoyés, l’activité sur le clavier ou l’historique de navigation Internet sont-ils véritablement fiables pour mesurer l’engagement et la productivité d’un employé ? Est-ce qu’ils dessinent une représentation fidèle de sa journée de travail ? Pourtant, ce sont des indicateurs de plus en plus fréquemment collectés et analysés par les organisations pour évaluer l’activité - et la productivité - effective des équipes.

Transparence et conduite du changement

Dans l’idéal, les organisations doivent s’appuyer sur des indicateurs de performances définis conjointement avec les équipes et chercher à mesurer la contribution concrète plutôt que la présence ou le volume d’heures passées. Aujourd’hui, les employés souhaitent accomplir leurs missions avec la souplesse qui leur permet la productivité la plus élevée sans nécessairement se conformer à des obligations horaires.

À ce jour, aucune machine ne peut remplacer des points réguliers entre les managers et les équipes afin de discuter des charges de travail ou de comparer ce qui a été produit avec des objectifs et des livrables prédéfinis. De cette manière, salariés et employeurs peuvent à la fois se réjouir des résultats, tout en identifiant les raisons pour lesquelles il n’a pas été possible de répondre à certaines attentes.

À la clé : gagner la compétition pour les talents

Les conclusions de Vanson Bourne indiquent également que 77% des personnes interrogées reconnaissent qu’il est légitime pour un employeur de contrôler la productivité des individus. La contestation porte plus sur les méthodes employées. Les dirigeants doivent être francs et transparents sur ces points et construire des projets pour le groupe.

Global Workplace Analytics prévoit, d’après une étude menée en 2021, que 70% des employés travaillera à distance au moins cinq jours par mois d'ici 2025. Associée au progrès des outils collaboratifs, cela signifie que la constitution d'une main-d'œuvre mondiale et fortement répartie est plus pertinente que jamais et doit entrainer des changements dans notre manière d’approcher l’organisation du travail.

Pour les entreprises, la transition vers le télétravail est l’opportunité idéale de réfléchir à la nature des activités des employés et aux notions de productivité et de performance. Il ne suffit pas d’être physiquement présents à son poste pour être productif. Il est par exemple impossible de d’évaluer les résultats de séances de brainstorming mais cette activité n’en est pas moins précieuse pour autant.

Les organisations qui feront confiance à leurs employés pour être et rester productifs à leur manière bénéficieront d'un avantage durable dans la compétition, de plus en plus intensive, pour l’acquisition et la conservation de talents.