La RSE d'aujourd'hui ne suffira pas pour demain

Selon le dernier Baromètre RSE 2022, le constat est sans équivoque : si les entreprises prennent conscience des enjeux sociaux et environnementaux, il n'y a pas d'accélération assez forte de la RSE.

Alors comment permettre une transition durable et profonde des entreprises dès 2023 ? Un effort collectif s’impose de la part de toutes les parties prenantes pour mettre en place des solutions concrètes.

Une législation à la hauteur des enjeux actuels

Le cadre légal joue un rôle incitatif certain et pousse les entreprises à agir : 88% des entreprises soumises à l’obligation ont déjà calculé leur index égalité, contre 63% au global*. Aujourd’hui, le cadre légal de la RSE porte sur des sujets spécifiques, traités individuellement. Les lois sont pour la plupart punitives (la non-action est pénalisée) ; et lorsqu’elles sont incitatives (l’action est récompensée), elles sont peu connues des entreprises et difficilement compréhensibles.

Demain, la législation doit être plus ambitieuse et plus globale. Les obligations doivent être réellement contrôlées, et leur non-respect sanctionné ; les mesures incitatives doivent êtres connues, réalisables, et claires, comme par exemple l’instauration d’une obligation de réalisation, tous les 2 ans et pour toutes les entreprises de plus de 50 salarié·es, d’un Bilan Carbone complet (scopes 1, 2 et 3) et d’un plan de réduction aligné sur l’Accord de Paris ; une obligation de formation de ses équipes aux enjeux sociaux et/ou environnementaux, avec un minimum de 3h par an dédié au sujet ou encore la mise en place d’une prime de l’Etat pour toutes les entreprises qui inscrivent un budget RSE dans leur budget global, proportionnel à leur chiffre d’affaires.

Des dirigeant·es conscient·es, qui font de la transition une vraie priorité

Les équipes de direction doivent non seulement être pleinement conscient·es des enjeux, mais aussi être des moteurs clés du sujet en interne, ce qui n’est le cas que dans 47% des entreprises. Aujourd’hui, avoir une direction d’entreprise impliquée dans les sujets RSE est un vrai levier pour se voir attribuer une équipe et un budget (23% des entreprises dans lesquelles la RSE est rattachée au COMEX n’ont pas de budget dédié, contre 42% dans les entreprises où ce n’est pas le cas), mais plus d’un tier des entreprises n’intègrent pas encore la RSE à leurs instances de décisions*.

Pour une véritable accélération de la RSE, il est nécessaire que l’ensemble des dirigeant·es d’entreprises soient formé·es au B.A.-BA de la transition sociale et environnementale des entreprises et que dans toutes les entreprises, la RSE soit présente au sein des instances de direction, pour que le sujet devienne non seulement prioritaire mais aussi stratégique.

Des salarié·es sensibilisé·es qui se mobilisent activement pour la transition

L’implication et la sensibilisation des salarié·es sont essentielles pour pouvoir concrètement implémenter des actions durables. Aujourd’hui, 84% des entreprises disent sensibiliser leurs équipes aux enjeux sociaux et environnementaux. Pourtant, dans 59% des entreprises, les collaborateur·rice·s sont peu voire très peu impliqué·es dans la stratégie RSE* !

L’intégralité des entreprises doit faire de la sensibilisation et la mobilisation de leurs équipes une priorité. De la TPE au grand groupe, elles doivent valoriser et encourager le déploiement de collectifs de salarié·es, ou encore faire émerger et développer des réseaux d’ambassadeur·ices, relais des actions RSE de l’entreprise. Il est également nécessaire de créer des élans collectifs autour de temps forts RSE, comme par exemple la Journée Internationale de l'Éducation en janvier ou la Journée de la Terre en avril, afin de sensibiliser et de mobiliser l’ensemble des équipes sur des thématiques d’engagements prioritaires. D’autre part, les entreprises doivent permettre à leurs équipes de se mobiliser auprès d’associations, notamment sur leur temps de travail, grâce à des dispositifs de crédits de jours solidaires ou de mécénat de compétences.

Le partage, la transparence et l’entraide au coeur du réacteur

La RSE n’est pas une discipline comme les autres. Là où le monde de l’entreprise est concurrentiel par nature, la RSE ne peut être que collégiale. Aujourd’hui déjà, des communautés, réseaux et collectifs existent et permettent aux référent·es RSE de partager leurs expériences et leurs réussites. Mais pour que chaque entreprise puisse accélérer sa transition, ces espaces doivent s’élargir et rayonner.

Dans toutes les entreprises, les référent·es RSE doivent pouvoir intégrer des communautés de pair·es afin de partager leurs bonnes pratiques et d’apprendre des expériences des autres. Chacune doit communiquer, de façon honnête et auprès de toutes ses parties prenantes ainsi que du grand public, ses avancées concrètes tout comme ses échecs et points de blocage, afin de contribuer à cette philosophie du partage et de la transparence.

Les chiffres du Baromètre 2022 de la RSE sont clairs : la transition sociale et environnementale des entreprises avance, mais pas assez vite pour répondre à l’urgence. La bonne nouvelle, c’est que les maux sont identifiés. Et les remèdes aussi. Reste à augmenter la caisse de résonance de ces recommandations. Les pouvoirs publics, les entreprises, les réseaux, doivent s’en emparer et les diffuser, massivement, dès maintenant. Tous ont un rôle clé à jouer !

Tribune collective cosignée par les organisations à l'initiative du Baromètre 2022 de la RSE (Vendredi, 1% for the Planet, 2 Tonnes, B Lab France, C3D, Carenews, Data for Good, France Digitale, Haatch, Impact at work, moka.care, Sami)