Il faut réconcilier les RH et les Tech pour mieux recruter

La pénurie de talents annoncée dans la Tech cache en réalité une problématique bien plus complexe : celle de deux univers antinomiques qui tentent de s'apprivoiser avec les mauvais codes.

La communication est l’élément clé de toute bonne relation. Or, entre l'IT et les RH, elle s’avère peu concluante, voire même inexistante. Le seul rapprochement qu’on leur a trouvé jusqu’à présent est leur opacité qui justifie une méfiance et un secteur compliqué à aborder.

En IT, on fait face à un système en perpétuelle mutation et ultra concurrentiel, porté par de nombreuses innovations, qui, chaque année fait évoluer ses métiers, ses langages et ses méthodologies. Alors qu’en RH, la majorité des recruteurs viennent de formation généraliste, sans formation technique aucune, et tentent, tant bien que mal, de convaincre des profils au jargon technique anglophone complexe. La résultante à cela : des échanges bafoués qui entraînent déception et frustration.

Pour que le recrutement dans l’IT ne soit plus perçu comme un véritable « casse-tête », surtout si les services RH n’ont pas d’expérience en recrutement IT, ou si les opérationnels n’ont pas l’habitude de faire du recrutement, les entreprises doivent apporter un vernis technique qualifié aux recruteurs. Cela passe nécessairement par la formation et par l’amélioration des processus de recrutement. Sans cela, les projections qu’affirment France Stratégie et la Dares pour le secteur IT, s’avèreraient vraies. A savoir des déséquilibres entre les besoins de recrutement et les candidats disponibles qui pourraient perdurer en France jusqu’en 2030.

La formation, un véritable levier de rétention

Les enjeux vis-à-vis de l’acquisition de ces compétences sont à la fois sociétales, humaines et économiques. Pour le recruteur IT cela lui permet d’être crédible et rapidement opérationnel face au client mais aussi auprès du candidat. La dissonance cognitive et la charge mentale le mettent dans une situation de stress professionnel. Le fait de se former lui permettra notamment d’être en confiance dans son quotidien professionnel.

Quant à l’entreprise, la formation et l’expertise lui permettront de valoriser la marque employeur pour favoriser l’employabilité. En effet, le recruteur est le premier maillon de la chaîne et donc, son représentant. Sans ces compétences pour recruter efficacement, c’est l’entreprise qu’il représente ou sa structure qui sera impactée. Notons également que les recruteurs non-formés sont un risque pour l’entreprise de voir leurs recrutements échouer et ne pas atteindre leurs objectifs annuels. Un recrutement raté est une perte financière d’en moyenne 45 000 euros pour l’entreprise[1]. Toutes les compétences acquises une fois reconnues contribueront encore plus largement à l’atteinte des importants objectifs de recrutement, et pourront profiter aux profils techniques, qui seront plus enclins à confier leur carrière à des recruteurs IT formés.

Miser sur l’humain avant tout

La révolution provoquée par le numérique est en train de bousculer tous les secteurs, notamment les plus vieillissants. Pour s’adapter à la nouvelle donne, les professionnels devront faire preuve d’une grande agilité et se former tout au long de leur vie. Un fait d’autant plus important pour les recruteurs IT qui se verront confrontés à la multiplication des nouveaux métiers. Il est donc essentiel, pour se prémunir d’une pénurie non pas de talents mais bien de recruteurs IT, de changer dès à présent les organisations mises en place avec des accompagnements spécifiques et des formations continues. Pour gagner ses lettres de noblesse, le marché du recrutement IT doit replacer l’humain au cœur de ses préoccupations premières et éviter de se cacher derrière une multitude d’outils pour se rassurer.

[1] Cabinet de recrutement Hays