COVID-19 : la crise a-t-elle provoqué le mal du pays chez les expats ?

Se sentir chez soi dans un pays étranger et y poser ses valises. Voilà le sentiment plaisant que partagent ces personnes pleines de rêves et d'espoirs, parties travailler pour des start-up de la tech.

Mais tout ça, c’était avant. Avant la crise de la COVID-19, lorsque le télétravail était encore synonyme d’une journée tranquille à la maison et lorsque la table de votre cuisine n’était pas encore devenue votre poste de travail. Et cette crise a soulevé une véritable question. En effet, pour tous ces travailleurs qui apprennent à vivre avec une nouvelle normalité et pour qui la maison est devenue LE BUREAU, que ce soit à plein temps ou pour une bonne partie de la semaine, pourquoi ne pas rentrer au pays ? Ou du moins, dans une entreprise française basée à Londres, où ils connaissent la langue et la culture, et avec la possibilité d’effectuer des déplacements professionnels fréquents sur le territoire français ?

Il est vrai que les perspectives professionnelles à l’étranger sont exceptionnelles, mais si on vous disait que vous pouviez avoir tous les avantages qu’offre votre entreprise et en plus, pouvoir sortir de chez vous pour acheter votre baguette, un bon chèvre et une bouteille de Sancerre et vous caler sur les quais de Seine pour un pique-nique ? Et bien, c’est le genre de choses qui fait réfléchir les expatriés français et qui leur donne envie de retrouver leur douce France. 

Un article récent publié par Bloomberg News affirme que les entreprises sont de plus en plus réticentes à verser à leurs expatriés des primes de mobilité généreuses pour couvrir les frais de logement et les frais de scolarité des enfants, et ce même avant la crise de la COVID-19. Et maintenant que les déplacements internationaux sont de plus en plus compliqués et difficiles, des pays comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande enregistrent des taux record de ressortissants qui rentrent au bercail. D’après l’article, sur les 42 800 Néo-Zélandais qui sont revenus de l’étranger dans les 12 derniers mois depuis le 31 mars, près de la moitié sont rentrés au cours de ces trois derniers mois.

La France serait-elle sur le point de connaître la même vague de retours ? Si c’est le cas, et tout porte à penser que ce le sera, il existe plusieurs aspects que les entreprises françaises pourraient et devraient changer afin, non seulement d’attirer et de retenir les talents hexagonaux, mais aussi d’encourager les expatriés à revenir travailler en France. En tant que Responsable Talent et Culture d’une start-up française, j’ai pu constater, depuis cette crise, une augmentation du nombre d’employés français dans nos bureaux de Londres, où ils représentent à présent 50 % des effectifs. Quels sont donc les avantages appréciés par ces derniers ? J’ai dressé une liste.

Autonomie

Ces derniers mois, les employeurs ont été forcés de faire face à la réalité suivante : certains de leurs travailleurs ont besoin de plus de liberté. Ces derniers ont dû faire la classe à leurs enfants, cuisiner quotidiennement pour toute la famille et devenir leur propre patron. Et maintenant que les restrictions se lèvent peu à peu, nombre de ceux qui ont dû prendre de plus grandes responsabilités professionnelles se rendent compte qu’ils ne veulent pas renoncer à cette autonomie et cette flexibilité. 

Le travail flexible

9 To 5, la célèbre chanson au succès planétaire de Dolly Parton, ne date peut-être que de quatre petites décennies, mais depuis quelques temps, son titre évocateur semble appartenir à une autre ère. Les travailleurs ont appris que pouvoir aller et venir à leur guise, en organisant leur propre emploi du temps, avec des supérieurs qui s’en remettaient à eux pour faire ce qu’il y avait à faire, sans avoir à subir les transports en commun aux heures de pointe ou être coincés dans les embouteillages, était bien plus attrayant que "l’ancienne normalité". En bref, s’infliger ce stress quotidien, et ce uniquement pour que tout le monde soit derrière son bureau à 9 heures est une perte de temps pour tous. Oui, moi aussi j’aime bien écouter des podcasts dans le train, mais dans ce monde post-pandémie, les entreprises intelligentes ont compris qu’il existait une alternative plus sensée et que cela impliquait de faire confiance à leurs employés. Car si vous n’êtes pas prêt à leur faire confiance, pourquoi les avoir embauchés ?

La conciliation entre travail et vie personnelle

Même avant la pandémie de COVID-19, trouver le temps d’avoir une vie sociale et familiale, et des activités tout en se donnant à fond dans son travail n’était pas chose aisée, notamment pour les femmes qui se retrouvent avec une charge mentale supplémentaire en plus d’un travail à plein temps. Mais dans ce monde d’après, des entreprises comme Twitter ont déjà annoncé que tous leurs employés pourraient à présent travailler tout le temps de chez eux, causant ainsi la surprise générale.

La transparence

Communiquer sur nos résultats financiers et nos actualités RH était déjà pour nous une priorité avant la crise, mais depuis le confinement, nous sommes allés encore plus loin en faisant passer nos communications internes à une fréquence hebdomadaire. Toutes les informations sur notre Wiki sont également accessibles à tous les employés, aucune page n’est verrouillée et aucune donnée n’est tenue secrète, les agendas des fondateurs et du top management sont publics et chacun peut prendre rendez-vous avec eux s’ils le souhaitent. La transparence est un élément essentiel pour montrer à nos employés que nous leur faisons confiance.

Il ne s’agit là que de quelques exemples illustrant comment une entreprise peut se rendre attrayante aux yeux des expatriés français, avant et après la crise, que ce soit pour ceux désireux de retourner vivre en France ou ceux recherchant le cadre rassurant d’une entreprise française tout en restant vivre à l’étranger. Bien évidemment, notre but n’est pas uniquement de plaire aux talents français, et ce sont en fait là les résultats tangibles d’une constante remise en question de notre fonctionnement afin de favoriser la performance et d’attirer les meilleurs éléments. Mais cela étant dit, nous sommes tout de même fiers de pouvoir revendiquer un "made in France" novateur jusque dans notre culture d’entreprise.