Discours de Macron : vaccin obligatoire, pass sanitaire étendu

Discours de Macron : vaccin obligatoire, pass sanitaire étendu

[DISCOURS DE MACRON] Le chef de l'Etat s'est exprimé ce lundi soir pour évoquer la situation sanitaire et un durcissement des mesures, ainsi que les réformes de la fin de son quinquennat. La vaccination devient obligatoire pour les soignants, le passe sanitaire est étendu à la vie quotidienne.

[Mise à jour du lundi 12 juillet 2021 à 21h22] La vaccination obligatoire pour tous les soignants, mais aussi tous les professionnels médico-sociaux en contact avec les publics fragiles, et une étendue très importante du pass sanitaire, ce sont les deux annonces les plus importantes du président de la République Emmanuel Macron. Retrouvez toutes les annonces ci-dessous.

Le président de la République Emmanuel Macron a tenu lundi 12 juillet une allocution retransmise à la radio et la télévision pour aborder la situation sanitaire. Il s'est félicité dans un premier temps que les écoles n'aient pas été fermées, que certains cours aient pu reprendre à l'université, que le taux d'hospitalisation et de décès soit au plus bas.  Selon lui, le "Quoi qu'il en coûte" a permis de préserver les entreprises, les emplois et le pouvoir d'achat. Il avance une prévision de croissance de 6% en 2021, et indique que si 300 000 emplois ont été détruits en 2020, 187 000 ont été créés depuis début 2021. "Nous restons pleinement mobilisés pour soutenir" ceux qui ont le plus souffert, affirme-t-il, affirmant que son gouvernement a eu "raison de chercher l'équilibre entre la santé et la liberté". Il a souligné une "reprise forte de l'épidémie" en Métropole et en Outre-Mer, affirmant que si on ne fait rien, les hospitalisations repartiront à la hausse dès août, ce qui justifie selon lui des contraintes sanitaires supplémentaires.

Obligation de la vaccination pour les professionnels médico-sociaux

"Notre atout maître c'est le vaccin", selon le chef de l'Etat qui espère "un été de mobilisation pour la vaccination". "Nous devons aller vers la vaccination de tous les Français", a-t-il affirmé.

Dans un premier temps, pour toutes les personnes, soignantes ou non, en contact avec des publics fragiles (hôpitaux, établissements de soin, Ehpad, mais aussi bénévoles au contact de personnes fragiles ou aides à domicile), la vaccination devient obligatoire. Ils ont jusqu'au 15 septembre pour le faire, il y aura ensuite des contrôles et des sanctions.

Pour le reste de la population, le chef de l'Etat avisera selon l'évolution de la situation mais affirme que "nous devrons nous poser la question de l'obligation. [...] J'appelle solennellement nos concitoyens non vaccinés à aller le faire dès aujourd'hui. [...] C'est la seule façon de vous protéger et de protéger les autres."

Il a affirmé que la vaccination serait déployée tout l'été "au plus près du terrain", en allant à la rencontre de publics parfois éloignés de la vaccination. Par ailleurs, des campagnes de vaccination spécifique auront lieu dans les collèges, lycées et universités à la rentrée. Pour les publics fragiles vaccinés en janvier et février, une troisième dose de rappel sera possible à partir de septembre.

Selon Emmanuel Macron, il faut "agir pour limiter la propagation de nouveaux variants. Pour en finir avec la pandémie, nous devrons vacciner partout". Il prévient d'ailleurs qu'il faudra de toute façon encore vivre avec le virus jusqu'à la fin de l'année 2021 et sur une partie de 2022.

Mesures spécifiques à la Martinique et la Réunion

Dans ces deux départements ultra-marins, Emmanuel Macron a annoncé " de nouvelles mesures pour freiner le virus parce que le niveau de vaccination y est encore insuffisant". La Martinique et la Réunion vont donc entrer en urgence sanitaire le 13 juillet, ainsi que l'instauration d'un couvre-feu.

En Métropole, des restrictions locales pourront être prises si le taux d'incidence dépasse les 200 cas pour 100 000 habitants.

Extension très large du pass sanitaire

Le chef de l'Etat annonce "partout la même démarche : faire porter la restriction sur les non vaccinés". Les contrôles aux frontières seront renforcés, avec une obligation d'isolement pour les personnes non vaccinées arrivant de l'étranger.

Surtout, l'utilisation du pass sanitaire va être drastiquement étendue. Dès le 21 juillet, il deviendra obligatoire pour tous les rassemblements de plus de 50 personnes dans les lieux de culture et de loisir, comme les parcs d'attraction, les théâtres, les cinémas, mais aussi les salles de concert et les festivals qui étaient déjà soumis à cette obligation au-delà de 1 000 personnes.

Début août, après le vote d'une loi, cela s'appliquera aussi à un nombre encore plus important de lieux : cafés, restaurants, centres commerciaux, avions, trains cars, hôpitaux, Ehpad.... Cela concernera les clients mais aussi les usagers et salariés. Le président a averti que se poserait ensuite la question d'une nouvelle extension. Par ailleurs, à l'automne, les tests PCR et antigéniques, nécessaires pour obtenir un pass sanitaire quand on n'est pas vacciné et qu'on n'a pas été malade (ou alors il y a plus de six mois), deviendront payants sauf sur prescription médicale. Pour rendre possible toutes ces dispositions, une session extraordinaire du Parlement se tiendra à compter du 21 juillet.

Relance économique

Pour Emmanuel Macron, "cet été sera aussi l'été de la relance. [...] Notre plan de relance se déploie à un rythme soutenu". Il a indiqué que 40 milliards d'euros avaient déjà été versés sur les cent milliards d'euros prévus pour le plan de relance.

Il a aussi indiqué vouloir faire le maximum pour lever les difficultés sur les secteurs les plus en tension, qu'il s'agisse des pénuries de matières premières ou de main d’œuvre. "La priorité de l'été et de l'automne sera de se réinscrire dans une trajectoire de plein emploi". Il a aussi mis en avant la nécessité de moins dépendre de l'étranger pour certains produits, services, technologies, pour ne pas revivre les conséquences de la dépendance connue au printemps 2020.

Il a aussi affiché son ambition de fédérer l'Union européenne, dont la France prendra la présidence tournante au 1er janvier 2022, pour bâtir un agenda centré sur l'indépendance, l'excellence numérique et technologique, et une réconciliation de de la croissance et l'écologie de production, pour "faire émerger les champions de demain". Il s'est aussi réjoui de l'accord international sur une imposition mondiale de 15% des multinationales, même si en contrepartie l'Union européenne a reporté son projet de taxe des multinationales du numérique.

Une réforme de l'assurance chômage au 1er octobre

Emmanuel Macron a vanté la "force du modèle social, [...], un joyau qu'il nous faut préserver". Pour lui, ce modèle "repose sur un fondement, le travail. [...] La priorité de la sortie de crise sera donc la même que depuis le début du quinquennat, le travail et le mérite". Le chef de l'Etat annoncé un plan de requalification des chômeurs de longue durée. Il a surtout affiché sa volonté que la réforme de l'assurance chômage soit pleinement mise en œuvre au 1er octobre.

Engager la réforme des retraites

Selon le président, "le système est injuste", avec "42 régimes différents, des inégalités majeures", il a plaidé pour "plus de simplicité pour plus de justice". Il maintient aussi qu'il "faudra travailler plus longtemps et partir à la retraite plus tard". Il n'a cependant pas donné l'âge auquel il souhaitait que les futurs salariés partent à la retraite. D'un autre côté, il a estimé qu'une "vie de travail doit offrir une pension digne", et a donc affirmé son souhait qu'une carrière complète donne droit à une pension d'au moins 1 000 euros. Pour lui, "il est juste et efficace de changer notre système de retraite", mais il ne s'est pas avancé sur la date de la réforme. En effet, il a indiqué avoir demandé au gouvernement de travailler sur le sujet dès la rentrée avec les partenaires sociaux, mais a assuré que la réforme des retraites ne serait pas lancée tant que l'épidémie ne serait pas contrôlée.

Aides pour les jeunes et les personnes en situation de handicap

Le président de la République a confirmé la poursuite du programme Un jeune Une solution, qui aide les jeunes à trouver un travail, vantant 526 000 contrats d'apprentissage signés grâce à ce dispositif. Il a aussi évoqué un revenu d'engagement  pour les jeunes sans emploi ni formation, assorti d'une série de devoirs et droits.

Il a aussi plaidé pour un nouveau pacte de solidarité pour les plus âgés et les personnes en situation de handicap. Il a assuré qu'il ne serait pas financé par une hausse d'impôt ni de la dette, mais par une augmentation du travail et de l'investissement