Mieux segmenter sa vie professionnelle et privée : un enjeu allant au-delà de la sphère des entreprises

Dans un monde où les employés sont constamment sollicités, il est de rigueur que la question sur la distinction entre vie privée et vie professionnelle soit prise à bras le corps.

Même si l’évolution de la loi El Khomri, qui constitue un des piliers de notre droit du travail français, a poussé de plus en plus d’entreprises à mettre en place un accord collectif ou à définir une charte d’entreprise pour limiter l’utilisation des appareils numériques à la seule période de travail, nous observons que bien d’entre elles restent de très mauvais élèves en la matière. Selon une étude de l’UGICT-CGT de 2021, moins de la moitié (46%) des entreprises respectent leurs engagements en matière de droit à la déconnexion au travail. Certains de nos voisins européens n’ont pas peur de prendre des mesures considérables, comme au Portugal où les managers ont l’interdiction de contacter leurs employés après leur journée de travail. Ce point est encadré dans une loi en lien avec le boom du télétravail et de ses pratiques parfois abusives. Dès lors, la question se pose en France, quelles mesures devons-nous prendre pour respecter ce droit à la déconnexion et de surcroît améliorer le bien-être de nos salariés ?

Apprendre à se déconnecter !

Ce n’est pas nouveau, un e-mail professionnel reçu à 21h00, un coup de fil de son manager en dehors des heures de travail, une présentation Powerpoint à boucler le soir tard… Et voilà que notre vie personnelle en pâtit au profit de notre vie professionnelle.

Même si les bases d’un droit à la déconnexion sont bien inscrites dans la loi du travail depuis le 1er janvier 2017, le gouvernement doit se mobiliser pour que ce sujet figure au centre des débats et que cette fameuse déconnexion soit respectée de manière bi-latérale, car pour 70% des cadres, ce droit reste encore hors de portée. Si l’employeur doit assurer le respect de la santé et la sécurité de ses salariés, notamment en garantissant les temps de repos, les collaborateurs doivent aussi apprendre à se déconnecter. Le droit à la déconnexion est donc bien une co-responsabilité du salarié et de l’employeur qui implique également un devoir de déconnexion.

Selon une étude Ifop-Securex de 2017, 59 % des cadres indiquent travailler pendant leurs jours de repos. 78 % consultent aussi leurs e-mails et messagerie téléphonique professionnelle quand ils sont en week-end et en vacances. Or notre hyperconnexion a des effets négatifs et anxiogènes sur notre santé. Elle peut finir par engendrer un manque de sommeil, une tendance à s’isoler, ou une incapacité à travailler efficacement, d’après Thierry Le Fur, expert en comportements numériques et addictifs.

À l’ère du numérique et du télétravail n’existe-t-il pas un moyen d’accélérer cette déconnexion et ce lâcher prise ?

Confinement et télétravail obligent, les problématiques et fonctions des entreprises doivent être repensées avec un socle “numérique” avec des outils allant dans le sens du salarié. Qu’il s’agisse par exemple de digitaliser l’activité d’un commerce physique pour maintenir une partie du chiffre d'affaires ou tout simplement d’équiper ses collaborateurs d’outils de communications professionnels afin de bien segmenter sa vie professionnelle de sa vie privée. L’entreprise ne doit pas hésiter car plus la prise en main de ces outils sera simple plus les employés auront tendance à utiliser ses outils pour se mettre à l’abri d’une potentielle énième sollicitation.
Équiper ses collaborateurs d’un numéro professionnel, permet par exemple de ne pas utiliser son numéro personnel au travail, tout en permettant de segmenter ses appels. Ainsi, un salarié voyant son téléphone professionnel sonner à 23h00 sera plus à même de ne pas répondre, plutôt que si cet appel était un appel reçu sur un téléphone personnel. Pour bien séparer sa vie professionnelle de sa vie personnelle, il s’avère donc utile d’avoir des outils qui distinguent les deux.

Cette déconnexion doit aussi passer par une sobriété numérique plus importante !

Nous vivons dans un monde où nous sommes de plus en plus nombreux, où nous produisons de plus en plus et malheureusement nos ressources ne sont pas éternelles.  Dans un monde si imprégné de technologies et devant des interactions parfois difficiles, la dématérialisation joue donc un rôle essentiel.

Dans la mesure où la production d’objets numériques pèse le plus dans le bilan écologique, dématérialiser certains dispositifs ou services, plutôt que d’avoir recours à des objets matériels améliorerait notre impact.

Il existe des solutions de téléphonies dématérialisées permettant de fournir instantanément une ligne professionnelle à ses employés qu’ils soient en télétravail ou au bureau tout en préservant l’environnement et en n'ayant recours à aucun appareil supplémentaire.

D’un point de vue politique pourquoi ne pas donc faire d’une pierre de coup en augmentant l’adoption de solutions dématérialisées tout en procurant des outils permettant de faciliter la déconnexion des salariés. Il est grand temps d’agir quand on sait que 74 % des salariés Français aimeraient que leur entreprise agisse plus pour l’environnement, selon le cabinet d’experts Green IT.

Quand on voit que nos gouvernements prônent des jeux olympiques à Pékin qui se déroulent sur 100% de neige artificielle. Que la Coupe du Monde se jouera dans le désert du Qatar, dans 8 stades climatisés ou encore qu’un paquebot consomme l'équivalent de 87.000 voitures diesel. Il est grand temps de reconsidérer la sobriété numérique et la question environnementale au complet !

En espérant que cette tribune permettra à nos politiques d'élever les débats sur l’importance de cet équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, il est grand temps de prendre ce sujet en considération !