Bertrand Laurioz (Dékuple) "En 2025 l'IA générative sera beaucoup plus intégrée aux processus opérationnels des agences"
Pour Bertrand Laurioz, PDG de Dékuple (Converteo, Reech, Brainsonic, etc), la prudence des annonceurs reste de mise mais la perspective de croissance se maintient pour les agences qui se plateformisent et adoptent l'IA générative.
JDN. Dékuple accompagne des centaines de grandes entreprises et ETI dans leurs activités de communication et de data marketing. Avec quel état d'esprit démarrent-elles 2025 ?

Bertrand Laurioz. Elles démarrent 2025 en étant prudentes et concentrées sur le court terme, du moins dans un premier temps. Ce comportement est une suite logique de ce que nous avons observé en 2024: après un premier semestre tout à fait honorable, les investissements ont ralenti au deuxième sur les prestations de long terme, de consulting stratégique, de positionnement de marque et de branding.
Cette prudence est une conséquence directe de l'incertitude politique en France. Dans de tels contextes, les entreprises privilégient des initiatives de court et moyen terme cherchant à stimuler la visite en magasin et les ventes. Ces prestations restent en croissance, elles n'ont pas été impactées, tous secteurs confondus. C'est logique : les marques ont toujours besoin de vendre, même dans un contexte un peu plus incertain. Elles demandent également à être accompagnées dans la fidélisation client et dans la mesure des retours procurés par leurs activations marketing, deux tendances fortes nées avec la baisse du pouvoir d'achat qui se sont intensifiées en 2024 et qui vont sans doute continuer de marquer 2025.
L'économie ne donne pas de signes de reprise en France, bien au contraire, en Allemagne la récession est toujours de mise… Cette prudence n'est-elle pas accompagnée d'une dose d'inquiétude?
Le marché est tendu, prudent, mais pas au point d'être inquiet. Prenons l'exemple de l'Allemagne, qui est en récession. Nous avons acheté cette année une entreprise allemande (l'agence créative GUD.berlin, ndlr), qui elle est en croissance. Nous sommes positionnés sur un business de transformation et de digitalisation du marketing qui reste indispensable pour les entreprises, que l'économie aille bien ou non. Et les marques l'ont bien compris.
Dans notre secteur, il y a beaucoup d'entreprises qui souffrent, c'est indéniable, surtout celles qui restent positionnées sur des secteurs historiques, qui n'ont pas embrassé le social ou l'influence et qui restent à la traîne de la technologie, de la data et de l'IA.
Les agences au sens large (conseil, créative, digital) n'ont en revanche pas de raison de s'inquiéter tant qu'elles intègrent les transformations majeures en cours dans notre secteur, dont la dernière en date est l'intelligence artificielle générative.
2025 sera l'année où l'IA générative sera beaucoup plus intégrée aux processus opérationnels et dans tous les domaines : créativité, data, activation, etc. Nous le constatons en interne, chez nos agences, mais également chez nos clients, que nous formons. Une autre tendance à l'œuvre chez les agences est la plateformisation de leurs métiers.
Et du côté de Dékuple, dans quel état d'esprit démarrez-vous 2025 ?
Nous l'attaquons optimistes, après une année de croissance et de rentabilité (sur les neuf premiers mois le CA de l'entreprise était de 155,4 millions d'euros,+6,8% par rapport à 2023, ndlr). Nous allons donner suite à notre politique d'acquisitions pour continuer de conforter notre présence à l'international, notamment en Europe (dernière en date, l'acquisition de deux agences aux Pays-Bas, annoncée le 9 janvier, ndlr), et la transformation de notre activité, avec des projets en France également. Aujourd'hui le marketing digital compte déjà pour plus de 64% de notre chiffre d'affaires (contre 30% en 2020). Il sera en croissance en 2025.