Vers de nouveaux dispositifs pour diminuer le téléchargement illégal ?

Le rapport Mireille Imbert-Quaretta, remis la semaine dernière à Aurélie Fillipeti, propose quatre nouveaux outils de lutte contre le téléchargement illégal dans une approche bien moins stigmatisante des internautes que le très répressif rapport Hadopi.

En responsabilisant les internautes vis à vis au piratage mais aussi en leur donnant accès à une offre de contenu culturel légal de qualité à prix raisonnable, les acteurs de l'économie numérique entendent convertir un maximum d'internautes vers leurs offres.

Responsabiliser les internautes

L'an dernier, le rapport Lescure proposait toute une série de recommandations qui devait permettre
de diminuer le téléchargement illégal et permettre une meilleure valorisation sur Internet du contenu. Reprenant en partie ces recommandations, le rapport de Mireille Imbert-Quaretta propose de prendre à la gorge les sites de téléchargements illégaux en restreignant leurs sources de revenus en faisant signer une charte aux acteurs de la publicité et du paiement.
Objectif : limiter au maximum leurs présences sur les sites pirates.
Autre nouveauté du rapport : mieux impliquer les internautes dans la lutte contre le piratage plutôt que de les stigmatiser en permanence. Une liste des plus gros sites de téléchargement illégal devrait ainsi publié visant à informer le public de son caractère illicite. Des outils de reconnaissances de contenu devrait aussi permettre d'éviter de publier du contenu illicite qui avait été déjà mis sur la toile.

Valoriser les offres et le contenu de qualité

Autre aspect à prendre en compte : le peu d'offre légal de contenu culturel sur Internet a pendant longtemps favorisé l'essor du téléchargement illégal. Ce n'est aujourd'hui plus le cas : le succès d'offres comme iTunes, Netflix ou Spotify a montré la voie à des offres de qualité attirant un large public. Les offres légales ont surtout dû s'adapter aux spécificités du marché numérique en proposant du contenu de qualité disponible rapidement. Les plateformes numériques ont compris que le contenu était redevenu roi : pour attirer un maximum de nouveaux abonnés la règle est désormais de proposer des films, séries ou de la musique à haute valeur ajoutée. Une série comme House of Cards en est un bon exemple : produite et diffusée sur Netflix, la série réalisée par David Fincher a proposé simultanément l'ensemble des épisodes de chaque saison.

Vers une chronologie des médias françaises plus adaptée ?

La chronologie des médias, qui correspond aux délais de diffusion d'un film après sa diffusion en salle selon les supports (sortie en salle, DVD, TV, SVOD …), a longtemps joué en faveur du piratage. Avec des délais pouvant atteindre trois ans pour la SVOD (vidéo à la demande par abonnement), la chronologie des médias reste bien plus contraignante qu'aux États-Unis qui n'exige qu'un délai d'environ neuf mois pour cette même SVOD. La mise à disposition immédiate de certaines séries sur les réseaux TV français, comme la diffusion simultanée de la dernière saison de la série 24 sur Orange Cinéma Série à sa diffusion américaine, permet clairement de réduire la tentation du piratage.
Pour aller dans ce sens, la chronologie des médias française se doit d'être mieux adaptée à l'économie numérique : le CSA émettait ainsi fin 2013 un rapport reprenant les préconisations de Pierre Lescure de réduire le « délai minimum, entre la sortie d'un film en salles et son exploitation en vidéo à la demande (VOD), de quatre mois à trois mois pour l'ensemble des films » et de 36 mois à 24 mois pour la SVOD. Le lancement prévue à la rentrée prochaine de Netflix devrait accélérer ces modifications : encore faudrait t-il donner les même règles au réseau américain en matière de production hexagonale. Canal + par exemple contribue à hauteur d'un tiers de l'ensemble de la production hexagonale.