Orange dit non à Netflix

Si le géant américain de la VOD doit faire son entrée dans nos foyers en septembre, on ignore encore sur quelles plateformes ce service sera disponible.

Stéphane Richard, PDG d'Orange, a déclaré que Netflix ne serait pas distribué sur la Livebox à son arrivée en France. La position d’Orange à l’égard de Netflix ne représente qu’une partie du comité d’accueil que réservent les acteurs des télécoms français à leur nouveau concurrent. De Canal+ à Numericable, la riposte est en marche.


Un géant qui fait peur

Pour réussir sur le sol français, Netflix devra se passer d’Orange. Deux principales raisons sont évoquées lorsque Stéphane Richard explique son refus d’inclure dans son offre le service de vidéos en streaming par abonnement (SVOD) proposé par la société américaine, déjà utilisé par 50 millions de personnes dans 40 pays. « La première question c’est la façon dont Netflix va participer au financement des infrastructures qu’il utilise pour proposer ses contenus », déclarait Stéphane Richard sur BFM Business. Grosso modo, si Netflix veut bénéficier des clients Orange, il faut qu’il mette la main à la poche, comme le fait par exemple Canal+ auprès des opérateurs télécoms pour qu’ils diffusent la chaine. Et aux dernières nouvelles, aucun accord financier n’a été trouvé entre les deux entreprises.

Les réserves d’Orange vis-à-vis de Netflix s’expliquent également par le flou juridique qui entoure sa conquête du marché français. "L’autre question que cela pose, c’est comment Netflix va s’insérer dans l’écosystème français en matière de création audiovisuelle, de chronologie des médias et d’obligations de contenus en français", précise alors Stéphane Richard. En effet, si le PDG de Netflix Reed Hastings veut séduire les Français avec son catalogue de séries et de films en tout genre (plus de 100 000 titres référencés), il ne souhaite cependant pas installer son siège en France mais à Amsterdam. Hormis une fiscalité plus avantageuse que celle pratiquée dans l’Hexagone, cette localisation va également permettre à Netflix de se soustraire à l’obligation de contribuer au financement de la création, en vigueur dans notre pays où « l’exception culturelle » est toujours de mise.   


Orangecast, Séries-flix, Canal play… La concurrence française s’organise 

Orange ne veut peut-être pas de Netflix dans sa box, cela n’empêche pas le FAI de préparer une solution capable de rivaliser avec la SVOD vendue par Reed Hastings. Missionné par Arnaud Montebourg pour être le vaisseau amiral de la riposte nationale face à l’offensive Netflix, Orange devrait arriver sur le champ de bataille prêt à l’attaque. Dans son paquetage, une arme spéciale qui prendra la forme d’une clé HDMI/WiFi et un principe identique à celui du Chromecast de Google. Orangecast devrait s’allier à OCS (Orange Cinéma Séries) pour être à la hauteur du contenu diffusé par Netflix et proposer des séries américaines et des films populaires mais aussi des chaines supplémentaires et des services musicaux comme Deezer. Un package alléchant mais qui ne fera pas office d’exception, Orange n’étant pas la seule société à faire bouillonner son département R&D pour contrer la plateforme américaine.

Selon une information relayée par le JDD, Patrick Drahi, patron d’Altice, maison mère de Numericable, serait sur le point de prendre part à cette guerre de l’image en proposant une toute nouvelle plateforme entièrement dédiée aux séries, portant pour le moment un nom de code : Séries-flix. Basée sur le catalogue de sa box Numericable, cette offre vise à attaquer directement Netflix sur ce qui a fait sa renommée et son succès, les séries. Pari judicieux, le câblo-opérateur n’aura pas à respecter le délai légal de 36 mois qui doit séparer la sortie d’un film en salle et son apparition sur une plateforme de streaming. Numericable devrait alors pouvoir se concentrer sur de la nouveauté en proposant même des exclusivités, tout comme peut le faire Netflix. Cependant, si l’américain se vante de produire les séries « House of cards » et « Orange is the new black » dès qu’il en a l’occasion, c’est pour en fait cacher le manque réel de fraicheur de son catalogue. Une caractéristique qui lui vaut d’ailleurs de nombreuses critiques, critiques que la société de Patrick Drahi compte bien éviter avec son offre.

Le projet de Numericable est peut-être celui qui semble le plus solide pour contrer Netflix, il devra cependant composer avec la présence d’autres contre-propositions à la table du streaming business. Quand Canal + brandit haut et fort son offre Canal Pay (plus de 1 500 films et 6 000 épisodes de séries), Vidéo Futur s’associe à Filmo TV pour s’assurer des beaux jours sous le soleil de la SVOD.  

« Je ne souhaite pas qu’Orange soit à l’avant-garde. Une certaine prudence est de mise ». Cette déclaration du PDG d’Orange lorsqu’il se justifie de l’absence de Netflix dans le bouquet Livebox de la rentrée est significative du climat qui est en train de surplomber le secteur des médias et des télécoms français. L’avant-garde d’une révolution qui est sur le point de transformer la façon dont nous allons pouvoir accéder aux divertissements et les inquiétudes que soulève ce Spotify de la vidéo chez ces concurrents français. Alors bien évidemment, Netflix n’aura certainement pas besoin d’Orange pour réussir à capter des abonnés, la plateforme sera disponible via le site de la société ou téléchargeable sur son mobile, mais devra déjouer ce qu’on nomme déjà comme le plan anti-Netflix pour confirmer son succès international.