Nicolas Julia (Sorare) "Sorare signe avec la NBA un contrat exclusif de plusieurs années"

Leader du jeu Web3 de fantasy de sport, la startup française frappe un grand coup en s'associant avec la ligue de basketball américaine. Son CEO dévoile au JDN les contours de cet accord et l'entrée au capital de joueurs NBA comme Rudy Gobert.

JDN. Sorare annonce conclure un contrat avec la NBA. Ce mariage était-il inévitable ?

Nicolas Julia, cofondateur et CEO de Sorare. © AFP

Nicolas Julia. Depuis le début de Sorare, il y a une ambition, c'est de construire le leader du sport de demain. On avait cette volonté. Avec le succès que l'on a eu dans le foot, forcément, c'est allé plus vite. Pour être transparent, nous n'avions pas prévu d'aller tout de suite sur la NBA mais les ligues ont ouvert les portes à notre secteur du NFT et de la fantasy. Puisque l'on a créé la catégorie, naturellement ils se sont tournés vers nous. Il y a une concurrence très, très forte des acteurs nord-américains, établis là-bas, du jeu vidéo notamment. Mais on a l'équipe, on a la technologie, on marche dans le foot, on a donc remporté la mise. C'est une audience mondiale, qui continue de se développer. C'est un sport majeur US. Par rapport à notre gameplay, on pense qu'il y a un énorme potentiel donc pour nous, tous les voyants étaient au vert.

Pouvez-vous nous en dire plus sur les conditions de ce contrat ?

On a contracté avec la NBA et la NBPA (le syndicat des joueurs NBA, ndlr), donc nous aurons l'ensemble des joueurs et des équipes présents dès le lancement, cette saison 2022/23. C'est un contrat de longue durée, de plusieurs années, exclusif, et qui accompagne notre ambition : créer des relations avec nos partenaires qui s'étalent sur des décennies, plutôt que des années. On est là pour le très, très long terme.  Et il y a des bonnes nouvelles, avec des joueurs français qui ont des ambitions mondiales dans ce secteur, nous allons être bien accompagnés.

"Notre ambition est de créer avec nos partenaires des relations sur des décennies"

Confirmez-vous  justement l'investissement de Rudy Gobert dans Sorare ? Pourquoi cette prise de participation est-elle pertinente pour vous ?

Oui, Rudy Gobert est investisseur dans Sorare, tout comme Blake Griffin (joueur des Brooklyn Nets, ndlr). C'est une fierté d'avoir ces deux athlètes à nos côtés. Leurs récompenses individuelles – Blake Griffin, six fois All-Star de la NBA et Rudy Gobert, trois fois joueur défensif de l'année en NBA – témoignent de leur importance au sein de la ligue et aux yeux des fans de la NBA. Mais ce sont aussi deux joueurs de la NBA qui, ces dernières années, ont été à l'avant-garde du sport et de la technologie. Leur passion pour l'enrichissement de l'expérience des fans et la relation de la ligue et des joueurs avec eux seront pour nous un atout précieux pour développer ce partenariat. Rudy, en tant que l'un des Français les plus connus de la NBA, aura un regard qui nous parait être essentiel pour engager les fans de la NBA au-delà des frontières des Etats-Unis. Bien que nos métiers soient différents, nous partageons la même passion et avons le même "rêve américain".

Ce partenariat avec Rudy Gobert se traduira-t-il par des activations spécifiques, notamment sur le sol français ?

Nous ne pouvons rien dévoiler pour le moment, ce sont des discussions en cours et le jeu sera lancé à l'automne. En revanche, il est évident que Rudy dispose d'une fan base importante en France, en Europe et aux Etats-Unis. Nous souhaitons nous appuyer sur sa connaissance de cette communauté basket pour renforcer ce partenariat.

"Nous souhaitons nous appuyer sur Rudy Gobert pour renforcer ce partenariat avec la NBA"

Vous avez mentionné la concurrence. La NBA est partenaire de Dapper Labs sur NBA Top Shot, dont la communauté était assez frustrée d'être privée de fantasy hors plateforme tierce. Avez-vous été surpris que cette opportunité reste ouverte ?

Nous, c'est dans notre ADN depuis le début. On veut aller au-delà de la collection, on veut offrir des expériences. Je pense que c'est difficile de penser un produit fantasy après coup. Nous, nous avons toujours été très focus sur cette identité : une société qui offre de la collection avec des tournois de fantasy. Là où d'autres acteurs ont décidé de faire leur blockchain, leur wallet, etc... Au bout du compte, nous, nous faisons peu de choses quand on regarde les différentes couches technologiques mais ce que nous faisons, nous essayons de bien le faire.

Quel type d'offre Sorare peut-il offrir en marge du jeu ?

Il y a le pilier propriété intellectuelle avec les joueurs, les équipes puis le pilier marketing, axé sur des expériences dans le monde physique. On peut s'attendre à pas mal de possibilités : des accès VIP aux matchs, dans les centres d'entraînement, des maillots signés, des rencontres avec les joueurs, etc...

Ce n'est pas la première ligue américaine à laquelle s'associe Sorare puisque vous êtes déjà partenaires de la MLB, la ligue de baseball. Pouvez-nous faire un premier bilan de cette expérience ?

Depuis l'annonce de la MLB le 18 juillet dernier, nous avons 90 000 inscrits au jeu pour 110 000 transactions ; c'est un super début. On n'a pas encore commencé à faire du marketing et les métriques d'engagement, de rétention sont presque au niveau du foot. Depuis cette date, nous avons 250 000 nouveaux inscrits à Sorare, dont 25 000 lors de la seule semaine du 22 août, pour un total qui dépasse les 2 millions.

"Depuis l'annonce de la MLB le 18 juillet dernier, nous avons 90 000 inscrits au jeu"

Où Sorare va-t-il s'arrêter ?

On commence par la NBA parce que c'est la ligue qui a le plus d'impact, mais nous avons une vocation mondiale donc les principaux sports US, les sports individuels nous intéressent, tout en continuant évidemment à développer le foot. Nous allons continuer d'accroître ces offres.

Vous avez d'ailleurs récemment officialisé votre entrée en Ligue 2 française de football ? Cela répondait-il vraiment à une demande de votre communauté ?

Ce qui rend notre produit génial, c'est de pouvoir jouer tous les rôles dans une équipe : propriétaire, directeur sportif, coach et e-sportif. Si l'on regarde parmi ces quatre piliers, le rôle du directeur sportif est de détecter le talent de demain. Or, le talent de demain n'est pas forcément dans les gros clubs, dans les grosses ligues et donc, on expose des footballs peu médiatisés, comme la Ligue 2. Dans le même temps, c'est une nouvelle source de revenus pour la ligue et un moyen de financer la formation.  Il n'y a pas une semaine où il n'y a pas un tournoi de Five Sorare organisé dans une ville française ; la communauté est ancrée partout en France. Il y a un vrai engouement. Cela fait partie de notre vision de couvrir tous les foots. On a 280 équipes à travers le monde, c'est un produit global, présent dans 85 pays. Face au phénomène d'individualisation, on embrasse très large : dans le jeu, nous avons parmi les footballeurs les plus adulés des joueurs de ligues japonaise, belge parfois complètement méconnus médiatiquement mais connus de la communauté Sorare. C'est important pour elle.

Ancien consultant d'Eurogroup, Nicolas Julia a par la suite contribué à l'innovation de l'intelligence artificielle et de la blockchain, respectivement avec La Javeness et Stratumn. En 2018, il cofonde Sorare, devenue depuis licorne française du Web3.