Benjamin Eymere (L'Officiel - AMTD) "L'Officiel inaugurera un Land Art dans Sandbox pendant Davos "

Sous l'égide du groupe hongkongais AMTD, le média français spécialisé du luxe L'Officiel s'implante dans le Web3. CEO de L'Officiel et chief metaverse officer d'AMTD, Benjamin Eymère détaille au JDN la vision du média, à l'occasion de la Binance Blockchain Week de Paris.

JDN. Annoncée en mai dernier, quand l'arrivée de L'Officiel dans le métaverse de The Sandbox va-t-elle se concrétiser ?

Benjamin Eymere, CEO de L'Officiel et chief metaverse officer d'AMTD. © AMTD

Benjamin Eymere. L'Officiel inaugurera son Land dans Sandbox le 15 janvier pendant le Forum Mondial Économique à Davos. Nous travaillons avec Sébastien Borget et Arthur Madrid (co-fondateurs de The Sandbox, ndlr) et mes équipes autour d'un concept assez innovant, avec une idée de Land Art dans le métaverse. Nous travaillons également sur un autre projet autour de la finance dans le métaverse. Ce sera également dévoilé le 15 janvier à Davos.

L'Officiel est un média historique. A première vue, cette immersion peut surprendre : comment l'avez-vous amorcée ?

En tant que CEO de L'Officiel, j'ai toujours eu cet intérêt profond pour tout ce qui était dématérialisation. Une des grosses forces de notre média, qui a 100 ans, est ses archives. On a plus de 800 000 images d'archives, plus de 190 000 articles multi-traduits et pour donner de la valeur à cet ensemble, l'utilisation de l'IA, de la data, le cloud sont nécessaires, comme la blockchain aujourd'hui pour le protéger. L'Officiel a été racheté par AMTD, un conglomérat hongkongais, listé au NYSE et une partie de la valeur que l'on a défendue auprès du groupe était la protection de l'ensemble des data acquises au cours de notre histoire. Pour un média, cette orientation est presque la seule voie aujourd'hui.

De plus en plus de groupes de luxe s'essayent aux concepts de Web3, NFT et métaverse. Pour autant, l'expérience du luxe liée aux matières, à l'artisanat, peut-elle se traduire dans le virtuel ?

D'un point de vue traditionnel, c'est intéressant de penser le NFT comme un outil CRM. Beaucoup de marques le pensent ainsi : des droits numériques qui donnent droit à des expériences digitale ou physique. Maintenant, Gucci, par exemple, pourrait très bien donner à ses possesseurs de NFT un accès privilégié à un métaverse qu'il aurait entièrement créé ; personnellement, je m'intéresse plus à ça. J'aide une compagnie qui s'appelle Transcend, un Net-à-porter du métaverse, et nous avons travaillé sur l'idée du textile digital. Comme un NFT, la matière textile digitale est un smart contract et peut contenir de la valeur ajoutée : des vidéos, des accès, des droits.

Comment comptez-vous attirer votre audience dans votre métaverse ?

Je ne crois pas au métaverse unique, je travaille plutôt sur l'idée du multiverse. Je pense qu'il va falloir accepter qu'il y aura des métaverses de fans de Lamborghini ou de fans de nains de jardin, ce sera orienté par des centres d'intérêt. On critique le Web3 parce qu'il ne concernerait qu'un nombre limité d'usagers mais l'audience du Web3, il faut aller la chercher dans le Web2 ou 1. Ce qui m'intéresse, c'est de créer des expériences, pour des gens qui ont des passions communes.  Je pense qu'il ne faut pas juger les métaverses au sujet de leur qualité actuelle :  tout ce qui existe est déjà très bien, la technologie va évoluer, d'autres métaverses vont arriver et il y en aura pour tout le monde.

Nommé CEO de L'Officiel depuis 2017, neuf ans après son arrivée aux éditions Jalou, Benjamin Eymere a aussi pris les rênes de la division métaverse de la maison-mère hongkongaise AMTD. Un brin "anarchiste et libertarien" selon ses propres mots, il est par ailleurs le créateur de son métaverse, Thémaverse.