Avec Warner Records, la start-up Web3 Probably Nothing vise les Grammy Awards

Avec Warner Records, la start-up Web3 Probably Nothing vise les Grammy Awards Après des collaborations avec CNN, Bose ou Stranger Thing's, la start-up Web3 Probably Nothing prépare son entrée dans le secteur musical avec un label fondé en partenariat avec Warner, Probably a Label. La première sortie réunirait des artistes à la renommée internationale.

Les initiatives musicales liées au Web3 se sont multipliées au cours des dernières années : Snoop Dogg, Eminem, Muse, Grimes, Kings of Leon, ou encore en France le producteur Agoria, ont tous édité leurs propres NFT ou installé leur scène dans un métaverse, qu'il s'agisse de celui de The Sandbox, The Otherside ou Decentraland.

Un partenariat né à l'initiative de Warner Records

En Californie, la start-up Probably Nothing ambitionne, elle, de révolutionner la notion de droit d'auteur. Fondée en 2021 par le communicant Aaron Ahmadi et le célèbre chef-restaurateur Jeremy Fall, la compagnie a annoncé le 3 septembre 2022 son association avec Warner Records pour lancer un label Web3, Probably a Label. "Warner nous avait déjà sollicité pour un projet NFT avec Bose intitulé Stickmen Toys et nous avons réalisé 5 000 NFT inspirés par les membres du groupe de musique, The Stickmen Project. Ils voulaient faire un free mint (une sortie gratuite, ndlr) et donner aux collectionneurs l'ensemble des droits de propriété intellectuels, de la musique au visuel. Pour nous, c'était très intéressant qu'une major s'intéresse et tienne ce discours auprès d'une marque Web3 comme la nôtre. Ils avaient vraiment travaillé, cela leur tenait à coeur. Ils suivaient les bonnes personnes, la preuve ils nous ont trouvé", raconte Jeremy Fall au JDN.

Capture du site. © Probably a Label

Par la suite, la structure Probably Nothing, dénommée ainsi en référence à "une expression utilisée de manière sarcastique par la communauté Web3 en référence à ses détracteurs", a travaillé en partenariat avec CNN pour une série de NFT hommage à Nelson Mandela, avec la société Candy Digital pour des NFT Stranger Things ou encore avec la marketplace Nifty's pour la sortie des NFT Looney Tunes. Des partenariats relativement éloquents à l'heure où les compagnies Web3 souffrent encore d'une image sulfureuse. "Lorsque je suis rentré dans cet univers courant 2021, la notion de décentralisation était très présente et quand j'ai évoqué l'idée d'intégrer des structures comme Warner, CNN et Netflix, j'ai reçu un tas de critiques car pour beaucoup, c'était anti-décentralisation. Le temps passe, et au fil des gens qui perdent leur argent dans des hacks ou des arnaques, nombreux sont ceux qui estiment que ce concept de décentralisation intégrale est presque impossible. Le Web3 va finir Web2.5", poursuit celui qui est le premier chef à être représenté par Roc Nation, l'agence de Jay-Z.

"Le Web3 va finir Web2.5"

Les entrepreneurs estiment ainsi qu'il est nécessaire de trouver un juste équilibre entre les structures traditionnelles et les velléités de gouvernance décentralisée. "Lorsqu'on regarde Yuga Labs avec les Bored Apes, ils ont commencé de manière décentralisée et dès qu'ils ont grandi, ils ont besoin de centralisation et je suis heureux qu'ils l'aient fait car c'est désormais une compagnie évaluée à 4 milliards de dollars. Vous ne pouvez pas avoir une entreprise avec cette valuation sans un certain niveau de contrôle et de centralisation avec des gens d'expérience en affaires. Probably Nothing est une entreprise avant d'être un projet NFT : nous avons une masse salariale, nous payons des impôts, nous sommes structurés, c'est nécessaire."

Avec Warner, Jeremy Fall voit les choses en grand, au point de manquer de peu de révéler la première sortie de Probably a Label. L'Américain, né de parents tunisien et français, est en effet extatique au sujet de ce premier acte, attendu pour le mois d'octobre 2022. "Ce sera un morceau sur lequel figurent trois artistes incroyables, dont deux ont gagné un Grammy Award. Je ne peux pas en dire davantage mais si vous réfléchissez aux cinq plus grands artistes actuels, vous devriez pouvoir le deviner", glisse-t-il. D'après lui, l'important réside pourtant ailleurs. Si cette aventure musicale se revendique différente, c'est avant tout par sa volonté de changer la notion de droits d'auteur et de propriété intellectuelle. "Nous voulons donner le pouvoir aux artistes et intégrer la communauté dans le processus de décision et donc, dans les droits. Par exemple, la plupart des artistes virtuels ont un aspect un peu guimauve mais nous voulons en créer un avec notre communauté, de manière à ce que si nous remportons un Grammy, chaque membre de la communauté soit crédité pour cela. Cela n'a jamais été fait. Nous pourrions parvenir à faire gagner un Grammy à des milliers de nos détenteurs de NFT."

À terme, Jeremy Fall imagine sans mal Probably Nothing marier le Web3 avec d'autres industries, qu'il s'agisse du vêtement ou encore de son premier amour, la gastronomie. Même s'il estime que le NFT doit avant tout être utilisé comme un outil pour améliorer une expérience. "C'est une technologie avant toute chose. Je ne vais pas dessiner un hamburger NFT. Mais pourquoi pas un système de réservation pour les restaurants onéreux où, au lieu de payer des frais d'annulation, les clients pourraient revendre leur réservation NFT sur le marché secondaire, et les établissements toucher des royalties ?", interroge Jeremy Fall. Décidément, les idées ne manquent pas.