G. Hafner et P. Garonnaire (cofondateurs de MYM) "MYM vise 250 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023 et 500 millions en 2024"

MYM, le réseau social français aux contenus payants cherche à s'éloigner de la comparaison avec Only.fans. Première levée de fonds, développement mobile et lancement à l'international : les deux cofondateurs détaillent leur stratégie 2023 au JDN.

JDN. Comment est né le concept de MYM (Me. You. More) ?

Gaspard Hafner et Pierre Garonnaire sont les cofondateurs de MYM) © S. de P. Mym

Gaspard Hafner. MYM est né en 2019 en partant du constat que le modèle de rémunération des créateurs était injuste. Les contenus disponibles sur des plateformes comme Facebook ou Instagram sont créés par les utilisateurs mais ce sont elles qui captent la majorité des revenus. Notre mission est de permettre à tous les créateurs de pouvoir vivre de leur passion ou de leur expertise en percevant des revenus récurrents. Nous reversons 80% des revenus aux créateurs. L'entreprise est basée à Paris et compte une trentaine de collaborateurs. Nous devrions doubler nos effectifs d'ici le début de l'année prochaine. MYM compte 10 millions d'utilisateurs, dont 350 000 créateurs de contenus.

Pierre Garonnaire. Sur MYM, les utilisateurs peuvent choisir ce qu'ils rendent public ou privé. Il faut ensuite payer un abonnement pour débloquer les contenus. Chaque créateur fait l'objet d'une certification de compte garantissant son authenticité. Nos équipes vérifient notamment la pièce d'identité mais aussi le fait de disposer d'un compte bancaire au même nom.

Combien gagne en moyenne un créateur sur MYM ?

P. G. Cela va dépendre de plusieurs paramètres, comme la taille de sa communauté, l'activité sur la plateforme, le type de contenu, le prix de l'abonnement, etc. Nous avons plusieurs dizaines de coachs sportifs qui génèrent plus de 2 000 euros par mois. Certaines personnalités de la télé-réalité peuvent gagner plus de 50 000 euros mensuels. Des experts en paris sportifs peuvent aussi générer beaucoup de revenus. Selon les profils, cela peut aller de 1 000 à 200 000 euros par mois.

MYM est souvent comparé au britannique OnlyFans. Comment vous différenciez-vous ?

G.H. Nous comprenons cette comparaison avec OnlyFans car nos produits sont assez similaires. Pour autant, notre stratégie et notre positionnement sont très différents. Notre modèle se rapproche en réalité davantage de celui de Patreon. Cependant, plutôt que de se concentrer sur le soutien aux créateurs comme l'a fait Patreon, MYM est une plateforme davantage orientée sur le contenu. Nous observons aujourd'hui beaucoup de créateurs faire des partenariats avec des marques pour promouvoir des produits qu'ils n'utilisent souvent pas eux-mêmes. Notre objectif est de redonner de l'authenticité au contenu.

MYM est connu pour héberger du contenu pour adulte. Quel pourcentage représente ce contenu sur la plateforme et comment le modérez-vous ?

P. G. Ce contenu représente environ 25% de l'activité sur MYM. Cependant, il faut bien distinguer le contenu "sexy & lifestyle" du contenu pornographique. Les règles d'accès ne sont pas les mêmes et c'est pour cela que chaque créateur fait l'objet d'une classification par nos équipes. Concrètement, quelqu'un qui n'est pas intéressé par du contenu pornographique n'y aura jamais accès.

"La notoriété de notre nouvel actionnaire DJ Snake devrait nous aider pour notre lancement aux US"

D'une manière générale, tout contenu légal est toléré sur MYM. Nous ne voulons pas être des donneurs de leçons ou devenir une plateforme élitiste. D'ailleurs, cela ne pose pas de problème que ce contenu pour adultes soit hébergé sur Twitter ou diffusé sur Canal+. La différence est que nous l'encadrons comme aucune autre plateforme. Pour y avoir accès, il faut d'abord payer mais aussi prouver sa majorité. Nous utilisons pour cela une technologie externe qui permet de déterminer si un utilisateur est majeur ou non à partir d'un scan de son visage

Quel est le modèle de revenus de MYM ? L'entreprise est-elle rentable ?

P. G. Nous touchons une commission de 25% sur les abonnements donnant accès au contenu et les stories d'un créateur. L'abonnement permet également de lui envoyer des messages, dont notamment des demandes personnalisées. Nous percevons alors une commission de 20% sur ces contenus personnalisés dont les prix sont fixés librement. Il peut s'agir par exemple de demander une vidéo ou une musique personnalisée à un artiste pour votre anniversaire. MYM garantit que les contenus reçus correspondent bien aux demandes des clients et qu'ils sont envoyés dans les délais.

G.H. MYM est entièrement autofinancé depuis le premier jour. Nous prévoyons 100 millions d'euros de chiffre d'affaires cette année contre 60 millions l'an passé. En 2023, nous visons 250 millions d'euros de revenus et anticipons 500 millions en 2024.

Vous avez récemment accueilli l'artiste français DJ Snake parmi vos actionnaires. Comment s'est faite cette association et pour quels objectifs ?

P. G. Nous nous sommes rencontrés par le biais d'une relation commune. Nous partageons des intérêts communs avec DJ Snake. Comme lui, nous souhaitons que MYM puisse aider de jeunes artistes à se financer à leurs débuts tout en permettant à des artistes plus connus de prolonger l'expérience avec leurs fans.

"Nous lancerons en 2023 notre application mobile ainsi que la fonctionnalité Discover pour faciliter la découverte de contenus"

G.H. DJ Snake est à la fois actionnaire, ambassadeur et créateur de contenus sur MYM. Nous pensons que le secteur musical pourrait devenir une verticale importante de notre activité. L'une des missions de DJ Snake, en sa qualité d'ambassadeur, sera de faire venir de jeunes artistes sur la plateforme.

Quels sont les marchés qui vous intéressent à l'international ?

P. G. Les marchés allemands, espagnols et italiens sont des marchés importants. Le lancement aux Etats-Unis devra être préparé. Il nous faudra recruter, ouvrir un bureau sur place et disposer d'un budget important pour faire de l'acquisition Je pense que nous serons prêts d'ici l'été 2023 ou à la rentrée prochaine. Là-bas, MYM est encore inconnu. Nous estimons aujourd'hui à 50 millions le nombre de créateurs en herbe dans le monde et MYM n'en compte que 350 000, qui ne sont pas tous actifs. Il nous reste donc encore du chemin à parcourir et un marché potentiel conséquent.

Comment voyez-vous MYM évoluer dans les années à venir à l'heure où les plateformes sociales développent des leviers de monétisation pour les créateurs ?

P. G. Jusqu'à aujourd'hui, nous proposions des fonctionnalités de monétisation que les plateformes sociales gratuites n'offraient pas. Notre ambition est que les utilisateurs ne viennent pas sur MYM uniquement car ils y ont été invités par un créateur mais qu'ils s'y connectent pour découvrir d'autres contenus. C'est pourquoi nous prévoyons le lancement dans les prochains moi d'une fonctionnalité "Discover", similaire à ce que propose Netflix ou Mycanal. Celle-ci permettra de découvrir du contenu gratuit sur MYM, comme sur n'importe quel réseau social.

Quelles sont les prochaines grandes échéances pour MYM ?

G.H. L'autre enjeu pour l'an prochain sera le lancement de notre application mobile mi-2023, car MYM est encore une Web App à l'heure actuelle. Pour mettre en œuvre ces projets, nous réaliserons probablement une première levée de fonds mi-2023. Il s'agira de notre premier tour de table.

Originaires de la Loire, Pierre Garonnaire et Gaspard Hafner ont tous les deux eu des expériences en agences digitales avant de fonder en 2019 MYM, un réseau social exclusif payant. La start-up parisienne bénéficie du label FT120.