Bertrand Fleurose (Cityscoot) "Nous venons de boucler une nouvelle levée de fonds"

Après la disparition de son concurrent Coup, la start-up de scooters en libre-service augmente ses prix, grossit sa flotte et boucle une levée de fonds proche des 40 millions d'euros levés il y a deux ans.

JDN. Quel bilan tirez-vous de votre année 2019 ?

Bertrand Fleurose est le fondateur et PDG de Cityscoot. © Cityscoot

Bertrand Fleurose. Notre chiffre d'affaires a augmenté de 70% par rapport à 2018. Notamment grâce aux grèves : le mois de décembre a été le meilleur mois de notre histoire, alors que l'hiver est normalement une période de moindre activité. Nous avons d'ailleurs battu à nouveau ce record en janvier 2020, avec deux fois plus de courses et une augmentation du chiffre d'affaires de 146% par rapport à janvier 2019, alors que la grève n'a pas duré tout le mois. Nous sommes devenus pour la première fois rentables cette année à Paris, qui représente environ 75% de notre  activité. Mais nous ne le sommes pas encore à l'échelle de l'entreprise. Pour 2020, nous prévoyons une croissance du chiffre d'affaires de 100%.

Il faudra donc repasser par une levée de fonds cette année ?

Oui, nous venons juste de boucler un tour de table. Nous communiquerons officiellement plus tard sur les investisseurs et le montant précis de cette opération. Mais je peux vous dire qu'elle est du même ordre de grandeur que la levée de fonds précédente, voire légèrement inférieure (Cityscoot a levé 40 millions d'euros en février 2018 Ndlr).

Votre seul concurrent à Paris, Coup, filiale de l'industriel allemand Bosch, a cessé ses activités dans la capitale et sur ses autres marchés fin novembre. Vous vous retrouvez à présent en situation de monopole. Avez-vous récupéré ses utilisateurs ?

Je suis certain que nous n'allons pas rester seuls et que des concurrents vont arriver d'ici l'été. Nous estimons que nous réalisions 80% des trajets à Paris, contre 20% pour Coup. A moins que tous les utilisateurs de Coup nous détestent, nous devrions mathématiquement récupérer une grosse partie d'entre eux. Il faudra le confirmer avec l'arrivée des beaux jours, car une partie des utilisateurs de scooters partagés arrêtent totalement l'hiver.

Prévoyez-vous d'augmenter vos prix ?

Nous avons décidé d'ajuster nos prix par rapport au marché…

"Tous ceux qui ont l'appli Uber pourront y voir nos scooters d'ici fin mars"

Quel marché ? Vous êtes en monopole, c'est vous le marché !

Oui, mais cela faisait pratiquement un an que nous songions à cette augmentation, bien avant d'être seuls. Et nous avons attendu la fin des grèves pour l'implémenter afin de ne pas donner l'impression d'en profiter. Nous allons passer de 29 à 34 centimes la minute (soit 17% d'augmentation, Ndlr) pour les utilisateurs. Le prix de 29 centimes continuera d'exister pour nos utilisateurs les plus fidèles qui achèteront des packs de 100 minutes, ou 29 euros d'un coup. Pour 250 minutes achetées, le prix descend à 24 centimes.

Votre partenariat d'intégration à l'appli Uber annoncé en octobre ne s'est pas encore matérialisé. C'est pour quand ?

L'intégration est enfin prête. Tous ceux qui ont l'appli Uber pourront y voir nos scooters d'ici fin mars. Nous sommes persuadés qu'être présents sur deux millions de téléphones va nous amener du trafic. Nous estimons cette augmentation à environ 15% de courses supplémentaires durant la première année. Pour s'y préparer, et aussi pour prendre en compte l'arrêt de Coup, nous avons décidé d'augmenter notre flotte d'entre 500 et 1 000 scooters cette année. Elle atteindra donc 4 300 à 4 800 appareils d'ici fin 2020.

"Notre flotte atteindra donc 4 300 à 4 800 appareils d'ici fin 2020"

Vous nous affirmiez l'année dernière ne pas "fermer la porte" à une candidature à l'appel d'offres de la mairie de Paris pour y opérer des trottinettes en libre-service. Vous êtes-vous décidé ?

C'est toujours un dossier brûlant sur nos bureaux. Ce dossier représente un très gros enjeu pour de nombreux acteurs. Tellement d'enjeux que je ne peux pas vous dévoiler ma stratégie pour le moment.

Vous êtes présent à Paris, Nice, Milan et Rome. De nouveaux lancements sont-ils prévus cette année?

Nous allons nous lancer dans deux autres villes européennes. Nous avons arrêté l'une d'elles : Barcelone. Nous avons été sélectionnés par la municipalité, qui a retenu 20 opérateurs pour opérer des flottes de 350 appareils dans le cadre d'un appel d'offres.

Est-ce une flotte suffisante pour être rentable ?

Pas du tout, mais je préfère monter dans un wagon bondé que rater le train. Il y a six ou sept opérateurs sérieux et une grosse dizaine de candidatures complètement fantaisistes. J'estime que nous ne serons plus que six ou sept dans un an. Nous aurons donc l'opportunité d'augmenter notre flotte par la suite si certains opérateurs abandonnent.