Agir concrètement pour des mobilités responsables : 4 pistes de réflexion

Les plateformes digitales de services de mobilité, aussi appelées Mobility-as-a-Service ou encore Maas, sont apparues il y a quelques années en Europe du Nord et ont pour objectif d'agréger les différents modes de transport et services de mobilité disponibles sur un territoire donné.

Malgré leur promesse très alléchante de faciliter l’organisation des déplacements au quotidien et de permettre aux usagers de planifier, réserver, payer et valider leurs trajets porte à porte, via une interface unique et digitale, force est de constater que nous sommes encore loin d’une adoption massive de ces plateformes en France… Afin d’assurer leur mise en place opérationnelle et garantir une large acceptation de l’offre, il est essentiel de développer une stratégie MaaS responsable, articulée autour de quatre piliers fondamentaux.

Fiabilité, sûreté et sécurité

Premier pilier, la sécurité. Un MaaS responsable rassurera par sa fiabilité, en donnant des informations en temps réel et en garantissant une offre de services ponctuelle, ainsi que des alternatives en cas d’aléas. Le sentiment de sûreté est un paramètre déterminant dans les choix des usagers. Les modes intégrés dans l’offre garantiront la protection physique des personnes face aux potentielles agressions intentionnelles, tout au long du parcours. La solution MaaS assurera aussi la protection des données personnelles des usagers lors du recueil, du stockage et du traitement des données collectées, dans le respect du RGPD. Tout aussi important que le sentiment de sûreté, le sentiment de sécurité : les offres de mobilité suggérées dans l’offre MaaS doivent garantir les moyens de prévention et d’intervention contre les risques à caractère accidentel. Dans un contexte de crise sanitaire comme celui que nous traversons, les services MaaS devront par exemple veiller à éviter aux usagers les trajets en heure de pointe et à mieux répartir les flux.

Développer des services de mobilités attractifs

Deuxième pilier, l’attractivité. Pour garantir une adoption massive du Maas, il est indispensable de développer des services de mobilité attrayants tels qu’une infrastructure adaptée et des transports de qualité, confortables et propres. Une expérience "one stop shop" ou "sans couture", incluant dans une même application toutes les étapes du déplacement et le paiement des différents modes empruntés, pourrait également s’avérer utile. De même, la mise en place de mesures incitatives (prix bas, avantages…) pourrait contribuer à séduire davantage les utilisateurs et les inciter à l’abandon du véhicule individuel au profit de modes actifs, en partage ou des transports en commun. C’est un fait imparable : plus l’attractivité des transports proposés par l’offre MaaS sera forte, et plus ces modes de transports seront utilisés par les usagers.

Personnalisation et flexibilité

Troisième pilier, indispensable pour s’imposer et être à même d’opérer de réels changements de comportements, l’adaptabilité. Le MaaS responsable répondra tout d’abord aux problématiques spécifiques des territoires afin de pallier la disparité de l’offre de mobilité. En apportant l’information de disponibilité et de fréquence de l’offre, le MaaS permet une organisation flexible des déplacements des usagers, sur l’ensemble du territoire : des zones rurales aux centres-villes, en passant par les périphéries urbaines.  Par ailleurs, le MaaS sera d’autant plus efficient qu’il sera personnalisé, adapté aux besoins de l’usager ainsi qu’à ses préférences.

L’inclusion au cœur de la démarche

Quatrième et dernier pilier, le MaaS responsable doit absolument être inclusif.  Garantir l’accès à la mobilité à tous les profils d’usagers n’est plus une option. L’offre doit être abordable financièrement, la solution doit présenter une interface "user-friendly" accessible par tous, peu importe le niveau d’acculturation aux usages numériques. Des solutions alternatives au digital pourront enfin compléter l’offre MaaS pour combattre l’exclusion digitale.

Enfin, la mise en place d’un MaaS responsable doit passer par l’accélération de partenariats entre secteur public (autorités, opérateurs de transports publics) et  acteurs privés (acteurs du numérique, micro mobilités, mobilités partagées, constructeurs automobiles…). Seuls ces nouveaux modèles mixtes, avec les collectivités en chef d’orchestre, permettront de mieux cibler les profils d’usagers, d’améliorer l’offre et d’encourager l’adoption de comportements plus vertueux.